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Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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double de belle apparence. Il s'agissait selon l'inscription à son fronton de l'hôtel de Russie. Une dame en tenue bourgeoise les accueillit.
    — Messeigneurs, soyez les bienvenus. Sans doute souhaitez-vous prendre pension dans notre établissement si réputé que L'Almanach parisien nous signale à l'attention des étrangers et des visiteurs de notre ville…
    Elle parlait si vite qu'il fut impossible à Nicolas de l'interrompre dans sa récitation.
    — Nous ne logeons que des personnes de premier rang, qui ont équipage. Nous disposons d'appartements richement meublés, de chambres à coucher, garde-robes, salles de compagnie tapissées en damas et autres ornements à l'avenant. Il y a des retraits fort propres à chaque étage 60 . Vous pouvez user de remises et d'écuries pour votre voiture ? Nous ne donnons pas à manger, mais notre service autorise à faire venir le nécessaire des meilleurs traiteurs du quartier ou nous vous informons quelles sont les meilleures auberges de la ville. Je suis à votre disposition.
    Elle plongea dans une révérence que lui aurait enviée n'importe quelle duchesse.
    — Madame, dit Nicolas, vous vous méprenez sur les raisons de notre présence. Nous souhaitons seulement quelques informations sur votre pratique tout juste sortie et qui s'est engouffrée dans une voiture, il y a cinq minutes à peine.
    Ces propos assombrirent aussitôt l'avenant visage de l'hôtesse, qui prit un air fermé et presque cafard.
    — De qui parlez-vous ? Personne n'est sorti, à ce que je sache.
    — Madame, dit Nicolas fermement, j'aurais préféré ne pas devoir vous rappeler à vos devoirs. Je suis commissaire de police au Châtelet. Je crois me souvenir que les tenanciers d'hôtels et de garnis se doivent de signaler en temps utile les étrangers qui descendent chez eux. Un étranger surgit-il que, dans les vingt-quatre heures, le lieutenant général de police doit connaître comment il se nomme, d'où il vient, le pourquoi de son séjour, où il demeure, avec qui il est en correspondance et qui il reçoit. Cela ne peut s'entendre que par la dévotion aux intérêts de Sa Majesté desdits tenanciers. Me suis-je bien fait comprendre ? Mesurez-vous votre faute ? Je crains que vous ne deviez nous suivre dans un lieu moins aimable pour un interrogatoire et diverses vérifications.
    Il y avait apparence que le discours eût porté, car la dame éclata en sanglots sans faire plus avant la renchérie. Nicolas confirma sa détermination par une sévère impavidité.
    — Hélas, hélas, monsieur le commissaire, voulez-vous ma ruine, à moi pauvre veuve, chargée de famille et qui s'échine à faire vivre cette maison ? Je suis, il est vrai, coupable d'avoir, en raison de mon bon cœur, négligé mes devoirs. Ce monsieur étranger, anglais je crois, m'avait défendu de signaler sa présence. Il se trouve en effet en France pour retrouver un enfant qu'il a eu jadis avec une dame française aujourd'hui mariée. Songez à la discrétion qui doit entourer une telle démarche !
    — Madame, je crains qu'il ne s'agisse là d'un conte oriental que votre candeur a bien aisément avalé. Sous quel nom ce personnage s'est-il présenté ?
    — Il m'a dit se nommer, en me priant d'un air menaçant de le taire, Francis Sefton, marchand de chevaux de course.
    — Bien trouvé, la mode de ces courses s'étend. À quelle époque est-il arrivé ?
    — Le 20 septembre.
    — Avait-il des bagages ?
    — Des portemanteaux. La servante m'a parlé de nombreux habits très différents les uns et les autres, des perruques et même des robes de femme. Sans doute pour en faire commerce à son retour dans son île.
    — A-t-il reçu quelconque ?
    — Personne.
    — Disposait-il d'un équipage ?
    — Un fiacre le venait prendre.
    — Vie régulière ?
    — Certes non ! Il rentrait souvent au petit matin et quelquefois découchait. Il payait sa semaine très régulièrement. Il est parti dans la hâte, ce matin, après deux jours d'absence et m'a obligeamment réglé une semaine supplémentaire alors que celle-ci n'était pas achevée. Il m'a priée encore de taire son passage, l'époux de son ancienne amie ayant été informé de sa présence à Paris.
    — Fort bien, madame. S'il devait réapparaître, informez aussitôt le commissaire du quartier qu'il prévienne le commissaire Le Floch, au Châtelet. Sachez pour votre gouverne que vous vous exposeriez à la fermeture de cet hôtel et à des

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