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Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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poursuites judiciaires si vous veniez à contrevenir à ces instructions. Maintenant, montrez-nous l'appartement de M. Sefton.
    Elle les conduisit au premier étage dans un appartement cossu comprenant une chambre, un cabinet de toilette et un petit salon. Le lit n'était pas défait. Nicolas nota une bouteille de porto et deux verres sur un guéridon. Il renifla et s'approcha de la cheminée : on avait brûlé des papiers en quantité. Dans le tas de cendres il découvrit un coin de feuille qui avait échappé à la destruction. Sur le papier subsistaient quelques caractères imprimés : « ELLES PRES ». Journal, papier d'État, ou prospectus de réclame, il faudrait voir. Désignant les deux verres, Nicolas s'adressa à l'hôtesse.
    — A-t-il reçu quelqu'un ?
    — Non.
    Il renifla les verres.
    — Je dirais… cette nuit… Non, il n'était pas là… Ce matin donc. M'assurez-vous que vous restez vingt-quatre heures derrière votre bureau.
    — Certes non, mais… À vrai dire, je ne sais plus, cela est sans doute possible.
    Elle éclata de nouveau en sanglots. Nicolas haussa les épaules, accablé de tant d'inconscience. Semacgus tendit un doigt vers le bord d'un des deux verres. Il y avait des traces de rouge.
    — Allez savoir ! dit le commissaire. De nos jours, les hommes se maquillent parfois davantage que les femmes. On se barbouille de rouge et de céruse. Pour le moment, notons le fait.

    Dès qu'ils eurent rejoint leur voiture, accompagnés d'une hôtesse qui se confondait en déplorations et gémissements, Nicolas tenta de tirer quelques conclusions de leur visite rue Christine.
    — Sous un faux prétexte, lord Aschbury débarque à Paris depuis quinze jours. La bêtise de cette femme et le peu de perspicacité de nos gens – je crains que depuis le départ de Sartine il n'y ait bien du flottement – expliquent le fait qu'il soit parvenu à échapper au contrôle des étrangers par la police. Il va et vient en toute licence avec un faux nom et une qualité usurpée, rencontre qui il veut, s'échappe à Versailles pour on ne sait quelle intrigue. Là, il me rencontre presque nez à nez, prend la fuite mais trouve le temps et les moyens de me faire suivre et, je le crois, ordonne qu'on m'assassine. Attentat chez le comte d'Arranet, qui échoue. Le pourquoi de tout cela ? Il pressent que je vais me porter à sa suite. Il court à Paris, signale ses affaires, reçoit un affidé et prend la poudre d'escampette dans Paris, la grand'ville ! Pour quelle retraite nouvelle ?
    — Pourquoi, dit Semacgus, ne prendrait-il simplement la route de Calais ?
    — Je ne le crois pas. Sa mission n'est pas achevée. D'une manière ou d'une autre, je me suis jeté dans ses voies. Quelles sont-elles ? Je vous le dis : il n'y a pas de coïncidence, il n'y a pas de coïncidence…
    Nicolas frappait de son poing serré la peluche de la banquette, soulevant des petits nuages de poussière.
    — Personne ne me fera accroire que lord Aschbury, alias Francis Sefton, descend par hasard dans un hôtel situé à quatre maisons de celles des Duchamplan. J'ignore pourquoi il l'a fait, mais je le saurai, je le saurai !
    — C'est en effet primordial d'éclaircir les raisons de sa venue en France, présentée comme clandestine, il faut le souligner, dit Semacgus. Reste ces Duchamplan, qui me paraissent bien connivents avec tous ces mystères.
    — Je n'ai pas souhaité pousser les choses outre en remontant voir l'épouse. Il faut leur laisser l'impression factice d'une sécurité. Ils ne perdent rien pour attendre. Pour le cadet, m'est avis qu'il ne sera pas de retour de sitôt. Je n'arrive point à me persuader que l'intérêt soit à l'origine du meurtre de l'hôtel Saint-Florentin. Ces gens-là sont à l'aise. Alors, quoi ?
    — Il faut vous calmer, la fièvre va finir par se manifester.
    — Je crains qu'il ne faille tout reprendre à zéro. Le Noir m'a engagé dans tant d'affaires dispersées qu'elles m'ont fait perdre le fil de la principale. Il faut reprendre l'interrogatoire de Missery. Où a-t-il trouvé la Marguerite Pindron, celui-là ? Il convient aussi d'avoir une conversation avec la duchesse de la Vrillière. La rumeur de ses bonnes relations avec Mme de Maurepas m'y aidera peut-être… Enfin, trouver le galant de la Pindron. Bien mystérieux celui-là, cet Aide dont m'a parlé la petite servante normande de la duchesse.
    — Avait-elle l'accent de sa province ? demanda soudain Semacgus

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