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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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   Emily ne peut pas la sentir, mais elle lui manquerait si elle n’était plus là. Enfin, je ne devrais pas parler en ces termes de quelqu’un qui aurait pu être tué.
    Il riait d’elle intérieurement, et elle s’en rendit compte.
    —    Et pourquoi donc? demanda-t-il.
    Elle ne le savait pas très bien, sinon que sa mère aurait dit la même chose. Elle préféra ne pas s’expliquer là-dessus. La meilleure défense, c’était encore l’attaque.
    —    Alors qui est-ce? Pourquoi ne pas me le dire carrément ?
    —    C’est la belle-sœur de Jessamyn Nash, une jeune fille prénommée Fanny.
    Tout à coup, le bon ton ne semblait plus de mise.
    —    Pauvre petite, dit-elle doucement. J’espère que ça a été rapide et qu’elle ne l’a pas vraiment senti.
    —    Ça m’étonnerait. Elle a été violée d’abord, puis poignardée. Elle a réussi à retourner chez elle pour mourir dans les bras de Jessamyn.
    Prise d’une subite vague de nausée, Charlotte se figea, sa fourchette suspendue en l’air.
    II s’en aperçut.
    — Pourquoi diable me demandez-vous ça en plein dîner? lança-t-il, exaspéré. Il y a des morts tous les jours, et vous n’y pouvez rien. Mangez.
    Elle faillit rétorquer que ce n’était pas une consolation, quand elle comprit qu’il devait être bouleversé aussi. Il avait certainement vu le corps — cela faisait partie de son travail — et parlé à ses proches. Charlotte, elle, pouvait seulement l’imaginer, or il était possible de faire taire son imagination, mais pas sa mémoire.
    Obéissante, elle porta la nourriture à sa bouche sans le quitter des yeux. Son visage était calme, et sa colère était retombée, mais ses épaules trahissaient sa tension, et il avait oublié de se servir la sauce qu’elle avait si soigneusement préparée. Etait-ce la mort de cette jeune fille qui l’affectait à ce point-là... ou bien quelque chose d’infiniment plus grave, la crainte de découvrir une vérité sordide, le touchant de plus près, quelque chose qui concernerait George ?
    Le lendemain matin, Pitt se rendit tout d’abord au poste de police, où Forbes l’accueillit, la mine lugubre.
    —    Bonjour, Forbes, lança-t-il gaiement. Que se passe-t-il ?
    —    Y a le médecin légiste qui vous cherche, répondit Forbes en reniflant. Il a un message à propos du cadavre d’hier.
    Pitt s’arrêta.
    —    Fanny Nash? Quel message?
    —    J’en sais rien. Y veut pas le dire.
    —    Eh bien, où est-il?
    Que diable pouvait-il avoir à lui signaler, hormis l’évidence? Etait-elle enceinte? Il ne voyait pas autre chose.
    —    Il est allé boire une tasse de thé, dit Forbes en secouant la tête. On va retourner à Paragon Walk, hein?
    —    Bien sûr!
    Pitt lui sourit, et Forbes lui rendit son regard d’un air maussade.
    —    Vous en saurez un peu plus sur la vie des aris-
    tocrates. Il faudra interroger le personnel de la réception.
    —    Chez Lord et Lady Dilbridge?
    —    Exactement. Bon, je dois aller voir ce médecin.
    Pitt sortit du bureau et s’en fut dans la petite taverne au coin de la rue où il trouva le fringant médecin légiste devant une théière. Quand Pitt entra, il leva les yeux.
    —    Thé? proposa-t-il.
    Pitt s’assit.
    —    Peu importe le petit déjeuner. Qu’en est-il de Fanny Nash?
    —    Ah...
    Le médecin légiste but une grande gorgée de sa tasse.
    —    Drôle d’histoire. Ce n’est peut-être rien du tout, mais je préfère le mentionner. Elle a une cicatrice sur la fesse, la fesse gauche, assez bas. Ça a l’air relativement récent.
    Pitt fronça les sourcils.
    —    Une cicatrice ? Et alors, ça signifie quoi ?
    —    Probablement pas grand-chose, fit le médecin en haussant les épaules. Mais elle est en forme de croix : un long trait barré d’un trait plus petit dans sa partie inférieure. Très régulière, la croix, mais le plus drôle, c’est que ce n’est pas une coupure.
    Son regard brillant se posa sur Pitt.
    —    C’est une brûlure.
    Pitt demeura parfaitement immobile.
    —    Une brûlure? fit-il, incrédule. Comment diable aurait-elle pu se brûler de la sorte ?
    —    Aucune idée. D’ailleurs, entre nous, je préfère ne pas y penser.
    Pitt quitta la taverne perplexe, ne sachant quelle importance accorder à cette découverte. Il s’agissait peut-être simplement d’un accident malencontreux et somme toute

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