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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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madame.
    Il lui sourit en prenant garde toutefois de ne pas manifester une gaieté indue en présence de la mort. Elle lui inspirait un poignant sentiment de pitié. Il avait envie de la mettre à l’aise et ne savait pas comment. Elle était de ces femmes qu’il ne comprenait pas. Toutes ses émotions étaient intériorisées, sévèrement bridées : seule la distinction comptait.
    —    Je me demandais si par hasard Miss Nash ne s’était pas confiée à vous, commença-t-il. Comme vous êtes sa belle-sœur, elle aurait pu vous dire si quelqu’un la poursuivait de ses assiduités ou si l’on s’était permis une réflexion insultante à son endroit. Ou alors si elle avait rencontré un inconnu dans le quartier? ajouta-t-il, décidé à continuer. Ou vous-même, peut-être?
    Ses mains se crispèrent, et elle le dévisagea, atterrée.
    —    Bonté gracieuse! Vous ne pensez tout de même pas qu’il rôde toujours par ici?
    Il hésita : d’un côté, il voulait la rassurer, car la peur au moins était un sentiment familier, mais, de l’autre, il savait qu’il était stupide de mentir. Il opta pour une vérité anodine :
    —    S’il s’agit d’un vagabond, il a sûrement poursuivi son chemin. Seul un imbécile resterait dans un endroit qui grouille de policiers lancés à ses trousses.
    Elle se détendit visiblement et se permit même de s’asseoir sur le bord d’un fauteuil ventru.
    —    Dieu soit loué ! Grâce à vous, je me sens déjà beaucoup mieux. Évidemment, j’aurais dû y penser moi-même.
    Soudain, elle fronça ses sourcils blonds.
    —    Mais je ne me souviens pas avoir croisé un étranger dans la rue, du moins pas dans ce style-là. Autrement, j’aurais envoyé un valet pour le chasser.
    Il ne sèmerait que terreur et confusion s’il essayait de lui expliquer que les violeurs ne se distinguaient pas forcément dans la foule. Un crime avait souvent tendance à surprendre, comme s’il ne s’agissait pas d’un acte matériel né d’un trop-plein d’égoïsme, de cupidité ou de haine, des fourberies ayant dépassé les bornes. Elle s’attendait à ce qu’il fût reconnaissable, différent, rien à voir avec son entourage habituel.

Il serait pénible et inutile de vouloir la détromper. Pitt se demanda pourquoi, après tant d’années, il s’en souciait encore et, qui plus est, pourquoi cela l’affectait.
    —    Peut-être Miss Nash vous a-t-elle fait des confidences? Si quelqu’un l’a contrariée ou s’est permis des privautés à son égard?
    Elle ne se donna même pas la peine de réfléchir.
    —    Certainement pas ! Si cela s’était produit, j’en aurais parlé à mon mari, et il aurait pris des mesures !
    Ses doigts trituraient un mouchoir sur ses genoux, dont elle avait déjà déchiré la dentelle.
    Pitt imaginait facilement les « mesures » en question. Cependant, il ne voulait pas capituler, pas encore.
    —    Elle n’a exprimé aucune crainte, mentionné aucune nouvelle connaissance?
    —    Non, dit-elle, secouant la tête avec véhémence.
    Il soupira et se leva. Il n’y avait rien d’autre à en tirer. Il sentait que s’il l’effrayait en lui disant la vérité, elle l’occulterait purement et simplement; la peur aveugle l’emporterait sur la raison et la mémoire.
    —    Merci, madame. Navré d’avoir dû vous contrarier.
    Elle sourit avec effort.
    —    C’était sûrement nécessaire, inspecteur, ou vous ne l’auriez pas fait. Vous désirez sans doute voir mon beau-frère, Mr. Fulbert Nash ? Malheureusement, il n’a pas passé la nuit ici. Si vous repassez dans l’après-midi, il sera peut-être rentré.
    —    C’est entendu, merci. Ah, fit-il, se rappelant la curieuse marque relevée par le médecin légiste, savez-vous par hasard si Miss Nash a eu un accident récemment, où elle se serait brûlée?
    Il préférait ne pas citer l’endroit de la brûlure : elle en serait profondément gênée.
    —    Brûlée? répéta-t-elle faiblement. Non, je ne vois pas. Je ne suis pas au courant. Peut-être... qu’elle s’est...
    Elle toussota.
    —    ... intéressée à la cuisine? Il faudrait demander à ma belle-sœur. Je... je n’en ai pas la moindre idée.
    Sa réaction laissa Pitt perplexe. Elle avait l’air positivement horrifiée. Était-ce parce qu’elle connaissait l’emplacement de la blessure et que d’en parler avec un homme qui, de surcroît, lui était très inférieur

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