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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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chaque fois, Phoebe se lançait dans une digression de dernière minute, tortillant son mouchoir jusqu’à ce qu’il ne fût même plus bon à fourrer une pelote à épingles.
    Vespasia partit sitôt la mission accomplie, mais une fois dehors, sous le soleil aveuglant, elle ralentit le pas en réfléchissant à la cause du désarroi de Phoebe. La pauvre femme semblait incapable de fixer son attention sur quoi que ce soit pendant plus d’une minute.
    Etait-elle submergée de chagrin à ce point-là? Elle ne lui avait jamais paru très proche de Fanny. Vespasia ne se rappelait qu’une douzaine d’occasions où elle les avait vues ensemble. Jamais Phoebe n’avait accompagné Fanny aux bals ou aux réceptions, pas une fois elle n’avait organisé une soirée pour elle, bien que ce fût sa première saison.
    Soudain, une pensée nouvelle et très déplaisante lui vint à l’esprit, tellement hideuse qu’elle s’arrêta net au milieu de l’allée, sans remarquer le regard curieux de l’aide-jardinier.
    Phoebe savait-elle quelque chose qui lui aurait permis d’identifier le violeur et l’assassin de Fanny ? Aurait-elle vu, entendu quelque chose? Ou, plus vraisemblablement, était-ce un épisode du passé qui l’aurait amenée à comprendre ce qui était arrivé, et à qui?
    Cette idiote allait bien en parler à la police? C’était très joli, la discrétion. Sans elle, la société se désintégrerait, et, bien entendu, personne n’aimait avoir affaire à une réalité aussi sordide que la police. Néanmoins, il fallait se rendre à l’évidence. A la combattre, la soumission finale n’en serait que plus douloureuse... et inéluctable.
    Et pourquoi Phoebe protégerait-elle un homme coupable d’un crime aussi atroce? Par peur? Cela ne tenait pas debout. Le moyen de défense le plus sûr était de partager ce genre de secret, afin qu’il ne meure pas avec vous.
    Par amour? C’était peu probable. Certainement pas pour Afton.
    Par devoir? Envers lui ou la famille Nash, peut-être même envers sa propre classe sociale, par une sorte de paralysie face au scandale. Etre victime, c’était une chose — avec le temps, on n’y pensait plus — mais être un criminel, jamais !
    Vespasia se remit en route, tête baissée, fronçant les sourcils. Tout cela n’était que spéculation : l’explication pouvait être tout autre, ne serait-ce que la simple crainte d’une enquête. Avait-elle un amant ?
    En tout cas, une chose était certaine : Phoebe était littéralement terrifiée.
    Rendre visite à Grâce Dilbridge était inévitable; c’était une corvée qui consistait à récriminer quasi rituellement contre les bizarreries des amis de Frederick, leurs incessantes réunions et les indignités que subissait Grâce elle-même, étant exclue des jeux et autres activités inavouables qui se déroulaient dans le jardin d’hiver. Vespasia se surpassa en véhémence et s’excusa juste au moment où Selena Montague faisait son entrée, les yeux brillants, frémissante de vitalité. Elle entendit le nom de Paul Alaric avant même d’avoir franchi la porte et sourit intérieurement de la spontanéité de la jeunesse.
    Il fallait aussi, évidemment, passer chez Jessa-myn. Vespasia la trouva très calme; elle n’était déjà plus en grand deuil. Ses cheveux brillaient au soleil qui entrait par les portes-fenêtres, et son teint avait la délicate carnation d’une fleur de pommier.
    —    Comme c’est gentil à vous, Lady Cumming-Gould, dit-elle poliment. Vous prendrez bien un rafraîchissement... thé ou citronnade?
    —    Thé, s’il vous plaît, répondit Vespasia en s’asseyant. C’est toujours agréable, même par cette chaleur.
    Jessamyn sonna la bonne et lui donna les instructions. Une fois la bonne partie, elle s’approcha gracieusement des fenêtres.
    —    J’aimerais tant qu’il fasse plus frais, dit-elle en contemplant l’herbe sèche et les feuilles poussiéreuses. Cet été me paraît interminable.
    Rompue à l’art de la conversation, Vespasia avait une réplique toute prête en n’importe quelle circonstance; cependant, derrière la contenance réservée de Jessamyn, à travers son corps rigide et délicat, elle perçut une violente émotion qu’elle ne sut définir avec précision. Cela semblait bien plus complexe qu’un chagrin ordinaire. Ou alors c’était Jessamyn elle-même qui était complexe.
    Jessamyn se retourna et sourit.
    —    Serait-ce

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