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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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était venue à apprécier de plus en plus l’amitié de Charlotte—, elle passa directement aux nouvelles de Paragon Walk.
    —    Plus personne n’en parle ! déclara-t-elle fougueusement. En tout cas, pas à moi. Comme s’il n’était rien arrivé. C’est comme à table, quand quelqu’un émet un bruit inconvenant... un moment de silence gêné, puis la conversation reprend un ton au-dessus, histoire de montrer qu’on n’a rien remarqué.
    —    Et les domestiques, ne causent-ils pas? demanda Charlotte, s’affairant avec la bouilloire. En général, ils discutent de ces choses-là entre eux. A l’insu du majordome. Maddock n’était jamais au courant, lui.
    Un instant, le souvenir de Cater Street lui revint clairement en mémoire.
    —    Mais interroge une femme de chambre, et elle te racontera tout.
    —    Je n’y avais pas pensé, avoua Emily.
    Quelle négligence stupide! A Cater Street, elle
    n’aurait pas attendu Charlotte pour le faire.
    —    A mon avis, je vieillis. La plupart du temps, maman en savait deux fois moins que nous. Ils avaient tous peur d’elle. Peut-être que mes femmes de chambre me craignent. Et elles sont terrorisées par tante Vespasia !
    Cela, Charlotte voulait bien le croire. La personnalité de tante Vespasia mise à part, parmi ceux qui s’efforçaient de grimper dans l’échelle sociale, nul n’était plus impressionné par un titre de noblesse que la femme de chambre type. Évidemment, il y avait des exceptions, celles qui percevaient la futilité et les défauts derrière la façade policée. Mais outre leur perspicacité, ces servantes-là étaient suffisamment conscientes de leur intérêt pour garder leurs opinions pour elles. Et puis, il y avait la question de la loyauté. Un bon domestique considérait son maître ou sa maîtresse presque comme une extension de lui-même, sa propriété, la marque de son propre statut dans la hiérarchie.
    —    Oui, fit-elle à voix haute. Essaie donc ta femme de chambre personnelle. Elle t’a déjà vue sans ton corset ou tes cheveux frisés. C’est elle que tu as le moins de chances d’intimider.
    —    Charlotte !
    Emily posa bruyamment le pot de lait sur le banc.
    —    Tu dis de ces choses !
    C’était une allusion indigne et embarrassante, surtout à sa prise de poids.
    —    En un sens, tu ne vaux pas mieux que Fulbert !
    Elle inspira brusquement. Effrayée par le bruit,
    Jemima se mit à pleurnicher. Emily pivota, la souleva de terre et la fit sautiller dans ses bras jusqu’à ce qu’elle se remette à gazouiller.
    —    Charlotte, il se conduit atrocement : il lance de petites piques à l’adresse des gens, rien qui ressemble réellement à une accusation, mais à leur figure, on comprend qu’ils savent de quoi il parle. Et lui, il ricane intérieurement. Ça, j’en ai la certitude.
    Charlotte versa l’eau sur le thé et remit le couvercle. La nourriture était déjà sur la table.
    —    Tu peux la reposer maintenant, dit-elle en désignant Jemima. Elle se débrouillera toute seule. Ne la gâte pas trop, ou elle réclamera tout le temps qu’on s’occupe d’elle. A qui en veut-il?
    —    A tout le monde !
    Docilement, Emily installa Jemima à côté de ses cubes. Charlotte lui donna un petit morceau de tartine beurrée qu’elle prit avec délectation.
    —    Et à tous, il parle de la même chose? s’étonna Charlotte. Je ne vois pas vraiment l’intérêt.
    Elles s’assirent en attendant que le thé infuse.
    —    Non, de choses différentes. Même à Phoebe ! Tu imagines? Il a laissé entendre que Phoebe avait commis quelque chose de honteux et qu’un jour tout son entourage serait au courant. Il n’y a pas plus innocente que Phoebe ! Je la trouve carrément sotte par moments. Je me demande souvent pourquoi elle ne rend pas à Afton la monnaie de sa pièce. Ce ne sont pas les occasions qui manquent. Il est d’une grossièreté quelquefois ! Je ne dis pas qu’il la frappe, non.
    Son visage pâlit.
    —    Du moins, je l’espère.
    Charlotte se figea en repensant à Afton, à son regard froidement scrutateur, à l’impression de mépris, d’ironie amère qui se dégageait de lui.
    —    Si c’est quelqu’un du voisinage, dit-elle avec ferveur, je souhaite sincèrement que ce soit lui... et qu’on le démasque!
    —    Moi aussi, acquiesça Emily. Mais ça m’éton-nerait. Fulbert est convaincu que ce n’est pas lui. Il ne

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