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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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les sentait pas ou était incapable de les remuer.
    —    Pourquoi ? chuchota-t-elle. Pourquoi aurait-on assassiné Fulbert, Selena?
    —    Son assassin est peut-être celui qui a tué la pauvre Fanny.
    Emily n’avait pas le courage d’exprimer le fond de sa pensée. Il fallait qu’elle les y amène, en douceur, pour le leur faire dire, à l’une ou à l’autre.
    —    Voyons, Fanny a été... molestée, raisonna-t-elle tout haut. Elle n’a été tuée qu’après... peut-être parce qu’elle avait reconnu son agresseur et qu’il ne pouvait plus la laisser partir. Mais pourquoi aurait-on tué Fulbert... à supposer qu’il soit mort? Pour le moment, nous sommes simplement sans nouvelles de lui, c’est tout.
    Jessamyn sourit faiblement ; une vague expression de gratitude anima ses traits pâles.
    —    Vous avez entièrement raison. Rien ne nous prouve qu’il s’agit d’un seul et même individu. Ni, d’ailleurs, que les deux affaires soient liées.
    —    Elles le sont forcément ! éclata Selena. Nous ne pouvons pas avoir deux crimes d’origine totalement différente commis ici en l’espace d’un mois. C’est pousser la crédulité un peu trop loin ! Regardons la réalité en face... ou Fulbert est mort, ou il a pris la fuite.
    Les yeux de Jessamyn brillaient d’un éclat fiévreux. Lorsqu’elle parla, sa voix était lente, lointaine.
    —    D’après vous, c’est Fulbert qui aurait tué Fanny et il se cache pour échapper à la police ?
    —    Il y a bien un coupable, répliqua Selena qui ne désarmait pas. Il est peut-être fou ?
    Une autre idée vint à l’esprit d’Emily.
    —    Ou alors ce n’est pas lui, mais il sait qui c’est et il a peur.
    Elle n’avait pas pris le temps de réfléchir à l’effet que sa remarque pouvait provoquer.
    Parfaitement immobile, Jessamyn répondit d’une voix douce, aux inflexions quasi soyeuses :
    —    A mon avis, c’est peu probable. Fulbert est incapable de garder un secret. Et il n’est pas très courageux non plus. Non, je ne crois pas que ce soit là l’explication.
    —    C’est ridicule! fit Selena, acerbe. S’il savait qui c’est, il l’aurait dit. Il s’en serait fait un plaisir! Pourquoi donc aurait-il couvert l’assassin? Fanny était sa sœur, non?
    —    Il n’en a peut-être pas eu l’occasion.
    Emily commençait à en avoir assez d’être traitée comme une attardée.
    —    On a pu le tuer avant qu’il ne passe à l’acte.
    Jessamyn inspira profondément et exhala l’air
    dans un long et silencieux soupir.
    —    C’est possible que vous ayez raison, Emily. Cela me fend le cœur...
    Sa voix se brisa, et elle dut se racler la gorge.
    —    ... mais force est de reconnaître que Fulbert a soit tué Fanny et s’est enfui, soit...
    Elle frissonna et parut se tasser sur elle-même.
    —    ... soit l’assassin de Fanny s’est aperçu que le pauvre Fulbert en savait trop et l’a supprimé pour l’empêcher de parler.
    —    Si c’est vrai, alors nous avons un dangereux criminel dans Paragon Walk, dit Emily à voix basse. Et je suis très contente de ne pas savoir qui c’est. Je pense que nous devrions faire très attention à ce que nous disons, à qui nous le disons, et aux personnes avec qui nous nous retrouvons en tête à tête.
    Selena poussa un petit gémissement, mais son visage s’était empourpré, et de fines gouttes de sueur perlaient sur son front. Elle avait les yeux très brillants.
    La pièce était devenue plus sombre, la chaleur, plus suffocante. Emily se leva pour partir; cette visite ne l’amusait plus du tout.
    Le lendemain, il ne fut plus possible de cacher l’incident à la police. Prévenu, Pitt revint à Paragon Walk. Il était fatigué et abattu. Un événement aussi imprévu était un signe d’échec pour lui, et il ne se l’expliquait pas. Bien sûr, les hypothèses ne manquaient pas. Et ce n’étaient pas les règles de bienséance qui l’empêchaient d’envisager d’emblée les plus évidentes et les plus sordides d’entre elles. Il avait vu trop de crimes : plus rien ne l’étonnait, pas même le viol incestueux. Dans les taudis surpeuplés des quartiers misérables, c’était un phénomène courant. Usées par les innombrables grossesses, les femmes mouraient jeunes, laissant leur progéniture à la charge du mari et de la fille aînée. La solitude et la dépendance mutuelle débouchaient alors facilement sur

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