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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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cesse de le répéter : il s’en repaît comme s’il savait quelque chose d’horrible et qui l’amuse.
    —    C’est peut-être vrai.
    Charlotte fronça les sourcils, essayant vainement de cacher ses pensées. Elle ne put toutefois s’empêcher de les exprimer tout haut.
    —    Il sait peut-être qui c’est... et donc que ce n’est pas Afton.
    —    C’est trop dégoûtant, répliqua Emily en secouant la tête. Ce doit être un domestique, quelqu’un que les Dilbridge avaient engagé pour la réception. Songe à tout cet attroupement de cochers inconnus, qui n’ont rien d’autre à faire qu’à attendre. L’un d’eux a dû boire un verre de trop et, sous l’emprise de l’alcool, perdre le contrôle de lui-même. Il se peut que, dans le noir, il ait pris Fanny pour une petite bonne. Et quand il s’est aperçu de son erreur, il a été obligé de la poignarder pour l’empêcher de le dénoncer. Les cochers ont souvent un couteau sur eux, pour trancher les harnais si jamais ils s’emmêlent, ou enlever les cailloux qui se prennent dans les sabots des chevaux.
    Elle s’anima, fière de l’excellence de son raisonnement.
    —    Du reste, aucun des hommes vivant à Paragon Walk, aucun d’entre nous, j’entends, ne se promène avec un couteau sur lui, ne crois-tu pas ?
    Charlotte la contempla, un sandwich soigneusement découpé à la main.
    —    Sauf s’il avait déjà décidé de tuer Fanny.
    Une vague de nausée qui n’avait rien à voir avec
    son état submergea Emily.
    —    Mais enfin, pourquoi elle ? Je comprendrais si c’était Jessamyn. Tout le monde est jaloux de sa beauté. On ne la voit jamais s’énerver ou perdre ses moyens. Ou même Selena... mais personne n’aurait pu haïr Fanny... je veux dire... il n’y avait vraiment pas de quoi !
    Charlotte fixait son assiette.
    —    Je ne sais pas.
    Emily se pencha en avant.
    —    Et Thomas, qu’en pense-t-il? Qu’a-t-il appris? Il a dû t’en parler, puisque ça nous concerne.
    —    A mon avis, il n’a pas appris grand-chose, répondit Charlotte, accablée. Sinon que ce n’est visiblement pas un domestique du quartier. Ils ont tous un parfait alibi, et aucun d’eux n’a apparemment un passé trouble. C’est normal, non? Autrement, ils ne seraient pas employés à Paragon Walk.
    De retour chez elle, Emily voulut parler à George, mais elle ne savait par où commencer. Tante Vespa-sia était sortie, et George était dans la bibliothèque, assis les pieds surélevés, les portes du jardin ouvertes et un livre à l’envers sur les genoux.
    En l’entendant, il leva les yeux et posa son livre sur la table.
    —    Comment va Charlotte?
    —    Bien, dit-elle, légèrement étonnée.
    Il aimait bien Charlotte, mais d’une façon distraite, de loin. Après tout, il la voyait rarement. Alors, pourquoi ce soudain intérêt?
    —    A-t-elle parlé de Pitt? poursuivit-il, se redressant, sans la quitter des yeux.
    Ce n’était donc pas Charlotte. C’était le meurtre et la situation à Paragon Walk qui l’intéressaient. Elle eut l’impression de vivre un intense moment de vérité, comme lorsqu’on sent venir le coup, mais qu’il ne s’est pas encore matérialisé. La douleur n’est pas encore tout à fait présente, mais on la perçoit déjà comme si elle était là. Le cerveau l’a déjà enregistrée. George avait peur.
    Elle ne pensait certes pas qu’il avait tué Fanny; jamais, dans les pires instants, elle n’avait cru cela de lui. Elle ne le sentait pas capable d’une telle violence ni, pour être honnête, d’une intensité passionnelle susceptible de déclencher pareil cataclysme. A dire la vérité, il n’était pas sujet aux passions. D’un caractère facile, il cherchait avant tout à plaire. Ses péchés les plus graves étaient l’indolence et un égoïsme involontaire, quasi enfantin. La souffrance le rebutait : il la fuyait et, dans la mesure où il en avait l’énergie, tâchait de l’épargner aux autres. Il avait toujours été riche sans avoir à se battre pour subvenir à ses besoins ; sa générosité frisait la prodigalité. Il avait offert à Emily tout ce qu’elle pouvait désirer, et ce de bon cœur.
    Non, elle ne croyait pas un instant qu’il ait pu tuer Fanny... ou alors dans un moment de panique, et il se serait dénoncé sur-le-champ, terrorisé comme un enfant.
    Le coup qu’elle sentait venir était dû à autre chose que Pitt

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