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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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terminant dans les aigus. Phœbe parut
alarmée.
    — C’est affreux ! se lamenta Mrs. Lowndes. Vous n’imaginez
pas, m’dame, à quel point c’est affreux, pour nous autres, de savoir qu’il y a
un fou furieux en liberté dans Paragon Walk. Et des honnêtes gens qui se font
trucider les uns après les autres. Dieu seul sait qui sera le prochain ! La
fille de cuisine s’est évanouie deux fois aujourd’hui, et mon aide menace de
partir si on ne l’arrête pas bientôt. On a toujours eu des bonnes places, tous
autant qu’on est ! Jamais vu ça de notre vie, jamais ! Plus rien ne
sera comme avant ! A-a-o-ou-ou ! gémit-elle de plus belle, arrachant
un mouchoir de la poche de son tablier.
    Sa voix montait de plus en plus ; des larmes
ruisselaient sur son visage.
    Tout le monde était pétrifié. Effarée, Emily ne savait que
faire de cette énorme femme au bord de la crise de nerfs. Pour une fois, même
tante Vespasia semblait désemparée.
    — A-a-ououou ! s’égosillait Mrs. Lowndes. O-o-oh !
    Elle se mit à trembler violemment, menaçant de s’écrouler
sur le tapis.
    Charlotte se leva et s’empara du vase de fleurs sur le
buffet. Elle sortit le bouquet de la main gauche : le poids qui restait la
satisfit pleinement. De toutes ses forces, elle jeta l’eau à la figure de la
cuisinière.
    — Taisez-vous ! lui ordonna-t-elle fermement.
    Les hurlements s’arrêtèrent net. Un silence total leur
succéda.
    — Reprenez-vous maintenant ! poursuivit Charlotte.
Bien sûr que c’est déplaisant. Croyez-vous que nous n’en souffrons pas ? Mais
il est de notre devoir de nous conduire avec dignité. À vous de donner l’exemple
à la jeunesse. Si vous perdez votre sang-froid, que pouvons-nous attendre des
bonnes, voyons ? Une cuisinière n’est pas quelqu’un qui sait simplement
préparer une sauce, Mrs. Lowndes. C’est elle qui dirige la cuisine : elle
est là pour maintenir l’ordre et veiller à ce que tout le monde respecte les
règles de conduite. Franchement, vous me surprenez !
    La cuisinière la dévisagea, bouche bée. Son visage reprit
des couleurs ; lentement, elle se redressa de toute sa hauteur, les
épaules en arrière.
    — Oui, madame.
    — Bien, dit Charlotte avec raideur. Lady Ashworth
compte sur vous pour faire cesser les bavardages futiles parmi les filles. Si
vous gardez la tête froide et vous comportez avec la dignité propre à un membre
du personnel de votre rang, elles reprendront courage et suivront votre exemple.
    Pénétrée de son importance, Mrs. Lowndes releva le menton et
gonfla le buste.
    — Oui, m’dame. Si Madame avait la bonté, dit-elle en
regardant Emily, d’oublier ma petite défaillance et de ne pas en parler devant
les autres domestiques ?
    — Mais bien sûr, Mrs. Lowndes, répondit Emily à la hâte,
prenant la relève de Charlotte. C’est tout à fait normal. C’est une lourde
tâche que de diriger toutes ces filles. Moins on en dit, mieux ça vaudra, je
pense. Peut-être la femme de chambre pourra-t-elle nous apporter d’autres
gâteaux et sandwiches ?
    — Très certainement, madame.
    Profondément soulagée, la cuisinière ramassa les deux
assiettes et sortit, ruisselante, ignorant Charlotte qui tenait toujours les
fleurs dans une main et le vase vide dans l’autre.
    Après le départ de Phœbe et Grace, Emily se rendit immédiatement
à la cuisine, contre l’avis de Vespasia, pour s’assurer que les instructions de
Charlotte avaient été suivies à la lettre et que le dîner n’allait pas tourner
au désastre. Charlotte regarda Vespasia. Elle n’avait pas de temps à perdre en
subtilités, en eût-elle été capable.
    — Même les domestiques, dirait-on, sont perturbés par
la disparition de Mr. Nash, déclara-t-elle de but en blanc. Croyez-vous qu’il
se soit enfui ?
    Vespasia haussa un sourcil étonné.
    — Non, ma chère, absolument pas. À mon avis, sa langue
a fini par lui attirer les ennuis qu’il cherchait depuis si longtemps.
    — Vous voulez dire qu’on l’a assassiné ?
    Elle s’y attendait, certes, mais l’entendre formuler aussi
clairement par quelqu’un d’autre que Pitt la prit au dépourvu.
    — J’en ai bien peur, oui, fit Vespasia, hésitante. Sauf
que je ne vois pas ce qu’on a fait du corps.
    Ses narines palpitèrent.
    — C’est une pensée fort déplaisante, mais l’occulter n’y
changera rien. On a dû le charger dans un cab, j’imagine, et l’abandonner
quelque part, dans

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