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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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grimace de douleur.
    — Mettez-vous donc au travail avec un peu plus de
diligence, Mr. Pitt. Tout le monde ici souffre atrocement. Comme si la chaleur
et la saison ne suffisaient pas ! J’abhorre la saison, avec son défilé de
jeunes mijaurées que leurs mères habillent et exhibent comme du bétail de foire,
et les jeunes gens qui gaspillent leur argent au jeu, courent le guilledou et
boivent au point de ne plus se souvenir des imbécilités commises dans la soirée.
Imaginez-vous que je suis allé voir Hallam Cayley à dix heures et demie du
matin, après la disparition de Fulbert, pour demander s’il ne l’avait pas vu, et
il n’avait toujours pas dessoûlé depuis la veille. À force de mener une vie de bâton
de chaise, à trente-cinq ans à peine c’est déjà une épave. Quelle honte !
    Il regarda Pitt d’un air peu affable.
    — Il faut dire, à la décharge de votre espèce, qu’au
moins vous êtes trop occupés pour vous enivrer, et que vous n’en avez pas les
moyens.
    Se redressant, Pitt enfouit ses poings serrés dans ses
poches. Des épaves, il en avait vu de toutes sortes, physiques et morales, parmi
la pègre des bas-fonds londoniens, mais personne ne l’avait offensé autant qu’Afton
Nash, car il avait tendance à les plaindre. Cet homme-là devait souffrir d’un
mal caché et cruel, un mal dont Pitt n’avait même pas soupçonné l’existence.
    — Mr. Cayley a-t-il l’habitude d’abuser de la boisson, monsieur ?
s’enquit-il d’une voix douce.
    — Comment diable le saurais-je ? siffla Afton. Je
ne fréquente pas ce genre de lieux. J’ai bien vu qu’il était soûl l’autre matin,
quand je suis passé chez lui, et il se conduit comme quelqu’un qui aurait perdu
tout sens de la mesure.
    Il rejeta la tête en arrière pour mieux regarder Pitt.
    — Mais occupez-vous du Français. Il m’a l’air trop
sournois, trop patelin. Dieu seul sait quelles tares étrangères il colporte !
Il n’y a personne chez lui à part ses domestiques. Il peut faire n’importe quoi
là-dedans. Les femmes sont d’une sottise ! Pour l’amour du ciel, délivrez-nous
de ce… de ce scandale !

6
    Emily n’avait pas informé Charlotte de la disparition de Fulbert,
que cette dernière apprit par Pitt. Mais il n’y avait rien à faire si tard dans
la soirée, ni le lendemain, d’ailleurs. Et comme Jemima pleurnichait en
permanence parce qu’elle perçait ses dents, Charlotte n’eut pas le cœur de la confier
à Mrs. Smith. À midi toutefois, excédée par les pleurs de l’enfant, elle fit un
saut en face pour demander à Mrs. Smith si elle n’avait pas un remède, ou du
moins quelque chose pour soulager la douleur.
    Mrs. Smith émit un grognement réprobateur et disparut dans
la cuisine. L’instant d’après, elle revint avec une bouteille emplie d’un
liquide transparent.
    — Vous lui badigeonnez les gencives avec un bout de
coton, et ça va la calmer en un rien de temps, vous verrez.
    Charlotte la remercia avec effusion. Elle s’abstint de demander
ce qu’il y avait dans la potion ; en fait, elle préférait ne pas le savoir,
du moment que ce n’était pas du gin, que certaines femmes, semblait-il, donnaient
à leurs enfants quand elles ne supportaient plus de les entendre pleurer. Du
reste, elle l’aurait certainement reconnu à l’odeur.
    — Et comment va votre pauv’ sœur ? s’enquit Mrs. Smith,
contente de pouvoir faire un brin de causette.
    Charlotte saisit l’occasion pour préparer le terrain en vue
d’une prochaine visite chez Emily.
    — Pas très bien, répondit-elle rapidement. Le frère d’un
ami a disparu sans laisser de trace, et tout le monde est extrêmement inquiet.
    — O-o-oh ! fit Mrs. Smith, ravie. Ça alors ! C’est incroyable, où est-il donc passé ?
    — Personne ne le sait.
    Charlotte comprit qu’elle avait gagné.
    — Mais demain, si vous avez la gentillesse de me garder
Jemima, bien que je n’ose pas vous le demander, vu que…
    — Pas de problème ! déclara Mrs. Smith
instantanément. Je m’en occupe, vous tracassez pas. D’ici une semaine ou deux, elle
aura fait ses dents, et la pauvre biquette se sentira beaucoup mieux. Allez
voir votre sœur, mon chou. Tâchez de savoir ce qui s’est passé !
    — Vous en êtes sûre ?
    — Mais oui !
    Charlotte accepta avec un sourire radieux.
    À vrai dire, elle y allait autant par curiosité que dans l’espoir
d’aider Emily. En tout cas, elle pourrait aider Pitt :

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