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Le Crime De Paragon Walk

Le Crime De Paragon Walk

Titel: Le Crime De Paragon Walk Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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le fleuve peut-être.
    — Dans ce cas, on ne le retrouvera jamais.
    C’était un aveu de défaite. En l’absence du cadavre, il
était impossible de prouver le meurtre.
    — Mais ce n’est pas ça, le plus important. L’essentiel
est de savoir qui !
    — Ah, fit Vespasia doucement en regardant Charlotte. Qui,
en effet ? J’ai longuement réfléchi à cette question. À vrai dire, elle
occupe toutes mes pensées, bien que j’évite d’en parler devant Emily.
    Charlotte se pencha en avant. Elle ne savait comment s’exprimer
sans paraître trop directe, voire brutale, mais elle n’avait guère le choix. La
délicatesse n’était plus de mise.
    — Ces gens-là, vous les connaissez depuis toujours. Vous
devez savoir sur eux des choses que la police ne découvrira jamais, ou ne sera
pas en mesure de comprendre.
    Ce n’était pas une flatterie, mais une simple constatation. Ils
avaient besoin de l’aide de Vespasia… Pitt en avait besoin.
    — Vous avez sûrement votre opinion là-dessus ! Fulbert
disait des choses effroyables sur eux. Il m’a déclaré une fois que c’étaient
tous des sépulcres blanchis. Il cherchait certainement à produire son effet, mais
à en juger par leurs réactions, il n’avait pas entièrement tort.
    Vespasia sourit : une expression lointaine, amusée et
nostalgique à la fois, faite d’une infinité de souvenirs, se peignit sur son
visage.
    — Ma chère enfant, chacun a des secrets, à moins de n’avoir
pas vécu du tout. Et même ceux qui n’ont pas vécu s’imaginent en posséder, les
pauvres. C’est presque avouer un échec que de ne pas détenir un secret à soi.
    — Phœbe ?
    — Elle est incapable de tuer, dit Vespasia, secouant
lentement la tête. La malheureuse perd ses cheveux. Elle porte une perruque.
    Charlotte revit Phœbe à l’enterrement, la chevelure d’un
côté, le chapeau de l’autre. Comment pouvait-on plaindre quelqu’un de tout cœur
et avoir en même temps envie de rire ? C’était tellement futile, et
cependant, Phœbe devait en souffrir. Instinctivement, elle porta la main à ses
propres cheveux, épais et brillants. C’était son plus bel avantage. Si elle les
perdait, le coup serait sans doute terrible. Elle aussi se sentirait
désorientée, diminuée, nue en quelque sorte. L’envie de rire disparut.
    — Oh !
    Une note de compassion perça dans sa voix. Vespasia lui lança
un regard approbateur. Se reprenant, Charlotte ajouta :
    — Mais comme vous le dites, il n’y a pas de quoi
commettre un meurtre, même si elle en était capable.
    — Et ce n’est pas le cas. Elle est beaucoup trop bête
pour réussir une entreprise de cette taille-là.
    — Je songeais à l’aspect purement physique. Elle n’y
serait pas arrivée, même si elle en avait eu l’intention.
    — Oh, Phœbe est plus forte qu’il n’y paraît.
    Vespasia se renversa sur son siège, les yeux au plafond, se
souvenant.
    — Elle aurait pu l’assassiner sans problème, avec un
couteau par exemple, si elle l’avait attiré quelque part où elle pouvait
aisément l’abandonner. Mais elle aurait flanché après. Je me rappelle, lorsqu’elle
était enfant, à l’âge de quatorze ou quinze ans, elle avait pris un jupon et
des pantalons appartenant à sa sœur aînée et les avait coupés pour les adapter
à sa taille. Elle a fait ça sans broncher, mais au moment de les mettre, elle a
eu si peur qu’elle a enfilé ses propres dessous par-dessus, au cas où sa jupe
se relèverait et dévoilerait son beau linge. Résultat, elle semblait peser cinq
kilos de plus et était tout sauf jolie. Non, Phœbe aurait pu le faire, mais
elle n’aurait pas eu le courage d’en subir les conséquences.
    Charlotte était fascinée. Comme l’on était inapte à juger
quelqu’un à travers la dimension limitée de quelques jours ou quelques semaines ;
comme il manquait la consistance du passé ! Les êtres paraissaient plats
comme des silhouettes en carton, sans aucun relief.
    — Quels sont les autres secrets ? demanda-t-elle. Qu’est-ce
que Fulbert savait encore ?
    Se redressant, Vespasia ouvrit de grands yeux.
    — Ma chère enfant, je n’en ai pas la moindre idée. C’était
un insupportable fouineur. Sa préoccupation première dans la vie était de
recueillir des informations peu ragoûtantes sur les autres. S’il a fini par
tomber sur un os, je dirai seulement qu’il l’aura amplement mérité.
    — Mais quoi d’autre ?
    Charlotte

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