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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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être obnubilée par ces picotements que je sentais sur tout le corps, sans compter la crainte des infections que cette saleté pouvait provoquer sur mes blessures et scarifications.
    — Nous sommes dans une sorte de mer des Sargasses, sauf qu’ils ont remplacé les algues par des champignons.
    Comme j’avais changé ! Farag éclata de rire.
    — Professeur Salina, je vous en prie, cessez de dire des choses dégoûtantes ! s’écria le capitaine. Cherchons plutôt la sortie.
    — Éclairez les murs, on y verra peut-être mieux.
    Les parois de la citerne étaient recouvertes de grandes taches noires séparées par d’épaisses lignes de saleté qui indiquaient les différentes hauteurs atteintes par l’eau au cours de ces derniers mille ans. Mais, à part l’humidité et la couche de végétation, on ne voyait rien qui puisse nous aider à escalader les murs. D’ailleurs la distance qui nous séparait de la vasque du sabial était si importante qu’il eût été impossible d’arriver là-haut sans tomber de nouveau dans ce réservoir puant. S’il existait une sortie, elle devait se trouver en dessous de nous.
    — On dirait que nous expions l’orgueil et non l’avarice ! murmura Farag. Un vrai bain d’humilité.
    — Nous n’avons pas encore terminé, professeur, lui rappela Glauser-Röist.
    — Mais nous n’avons qu’une seule lanterne, dis-je en notant des signes de fatigue dans mes jambes. Si nous devons plonger, ce ne peut être qu’ensemble.
    — Vous vous trompez, j’en ai apporté trois. Voici les vôtres.
    Il fouilla dans son petit sac à dos et en sortit deux lampes qu’il nous passa. Ainsi éclairé, l’endroit paraissait moins sinistre. Il n’était plus que sale. Je préférai ne plus y penser.
    — Prêts ? dit le capitaine, qui sans autre préambule prit une profonde inspiration et plongea.
    — Viens, Ottavia ! m’encouragea Farag avec ce regard souriant qu’il avait eu pour Doria toute la journée.
    S’il voulait se réconcilier avec moi, il était mal tombé car j’étais la personne la plus têtue de la Terre. Sans lui répondre ni montrer que je l’avais entendu, je remplis mes poumons d’air, et plongeai à la suite de Glauser-Röist. L’eau était si boueuse que la lampe du capitaine était à peine visible. Farag me suivait en éclairant les parois du réservoir, mais on ne voyait que de longues branches de mousse blanche qui se balançaient à notre passage.
    Bien sûr, je fus la première à manquer d’air, aussi dus-je regagner rapidement la surface. Après être remontée plusieurs fois comme un poisson, je finis par ne plus noter l’odeur de la citerne. Chacun de nous reprenait sa respiration à son rythme, mais de manière de plus en plus brève, parce que nous nagions dans des eaux connues maintenant. Malgré l’eau de plus en plus froide la sensation de glisser doucement dans un silence total était merveilleuse. À un moment donné, Farag me bouscula. Ses jambes se collèrent aux miennes pendant quelques secondes. Son visage avait une expression amusée quand il nous éclaira, mais je gardai mon sérieux et m’éloignai de lui, non sans éprouver, bien contre ma volonté, la sensation que ce bref contact avait rendu l’eau moins froide…
    Enfin, à une quinzaine de mètres de profondeur, au bord de l’épuisement et avec une pression terrible dans les oreilles, nous découvrîmes enfin l’énorme bouche d’un canal de conduite. Nous remontâmes à la surface pour prendre notre souffle, puis nageâmes vers la bouche et entrâmes dedans. Pendant une seconde, la pensée que ce tunnel pouvait ne pas se finir avant qu’il ne me reste plus d’air dans les poumons provoqua en moi un sentiment de panique. Je nageais entre le capitaine et Farag, j’étais donc coincée. Impossible de reculer. Je priai en demandant de l’aide à Dieu, et me concentrai afin d’éviter que mes nerfs ne lâchent. Mais, alors que je croyais mon heure arrivée pour de bon et imaginais Farag désespéré par ma mort, le tunnel prit fin. Au-dessus de nos têtes, la surface transparente laissait passer les reflets de la lumière. Le cœur sur le point d’éclater, je pris un dernier élan et sortis la tête hors de l’eau.
    Je soufflais comme un phoque et, le corps gelé, j’avais du mal à reprendre mes esprits, puis je pris conscience du lieu où nous avions émergé. Selon la loi des vases communicants, nous devions forcément nous trouver à la même hauteur

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