Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
Vom Netzwerk:
sentiments que j’éprouvais pour cet homme séduisant et intelligent, et excuser un possible abandon de la vie religieuse… Mais à quoi pensais-je ? Est-ce que je ne l’avais pas vu faire l’idiot toute la journée avec Doria Sciarra ? Je lui lançai un regard méprisant juste au moment où il me sourit. Il dut penser que j’étais devenue folle ou qu’il avait vu un mirage… Je dissimulai ma peine – mon cœur paraissait se consumer à feu lent – pour m’approcher du sarcophage, suivie par le capitaine. Comme si je n’avais pas déjà assez de problèmes avec ma famille ! À quoi bon aller m’en créer d’autres ? Ne pourrais-je jamais trouver un peu de paix ?
    Tout autour du cercle que formait le sol de marbre, douze étranges cavités en forme de voûte en berceau avaient été disposées à la même hauteur. Si nous n’avions pas été entre les mains d’une secte chrétienne, j’aurais juré qu’il s’agissait des sinistres bothros, ces fosses à offrande par lesquelles on versait les libations aux morts et dans lesquelles on coupait la tête des victimes offertes aux dieux infernaux. Elles n’étaient pas très grandes, on aurait dit des terriers parfaitement disposés. Au-dessus, d’étranges gravures, auxquelles je ne prêtai pas attention au début, étaient dessinées. Entre chacune, des flambeaux, tenus par des anneaux de fer, resplendissaient.
    Les lions étaient sculptés dans le marbre blanc. Vu de près, le sarcophage réservait de plus grandes surprises encore. Les côtés étaient couverts de reliefs, de décorations et d’incrustations d’or pur, y compris les deux anneaux gros comme mon poing qui, en théorie du moins, devaient servir à déplacer cet objet massif. Les griffes, dents et yeux des lions étaient eux aussi en or, ainsi que les motifs en forme de lauriers qui encadraient les gravures de porphyre. Il s’agissait sans aucun doute d’un sarcophage royal. Une des scènes représentées sur un côté confirma mes soupçons : elle était divisée en deux niveaux ; en bas, une foule levait les mains, dans un geste de supplication, vers une figure centrale habillée des vêtements impériaux byzantins, qui distribuait des pièces de monnaie et était flanquée d’importants dignitaires de la cour.
    Je fis le tour pour me mettre au pied du cercueil et vis un médaillon comportant la même figure impériale, à cheval cette fois, escortée par deux autres silhouettes plus petites qui portaient une couronne, des palmes et des boucliers. Incrédule, je remarquai que la tête de cet empereur apparaissait entourée d’un halo et que les écus arboraient le monogramme du Christ. Tout en chassant l’idée absurde qui commençait à germer dans mon esprit, je continuai le tour pour me situer face à l’autre paroi latérale. La scène décrite était celle d’un Christ Pantocrator, assis sur son trône, devant lequel le monarque mentionné faisait le proskinesis, c’est-à-dire accomplissait l’acte traditionnel d’hommage des empereurs byzantins qui consistait à s’agenouiller et toucher le sol avec le front en tendant les mains dans un geste de supplique. De nouveau, la silhouette avait la tête couronnée d’un halo, et les traits de son visage étaient les mêmes que dans les deux scènes antérieures. Il était clair que toutes représentaient le même empereur, dont les restes étaient conservés dans cette tombe de pierre.
    — C’est incroyable ! s’exclama Farag dans mon dos avant de pousser un long sifflement d’admiration. Ottavia, je parie que tu ne sais pas qui est ce vieil Hercule qui a cette expression de mauvaise humeur !
    — Comment, Farag ? répondis-je, gênée, en me tournant vers lui.
    Sur un des bothros, l’Hercule dont parlait Farag s’obstinait à lancer des vents par la bouche tandis qu’il tenait une jeune demoiselle entre ses bras.
    — C’est Borée, tu ne le reconnais pas ? La personnification du vent froid du nord. Regarde comme il souffle, et comme la neige recouvre sa chevelure.
    — Tu m’as l’air bien sûr de toi, lui dis-je, méfiante, en m’approchant.
    Et je compris pourquoi en lisant la petite inscription sous le relief :
    — Je vois. Et celui-là, en face, c’est Notos, dis-je en m’avançant pour vérifier.
    C’était bien lui, le vent, chaud et chargé d’humidité, du sud.
    — Donc chacune de ces douze cavités semi-circulaires représente un vent, commenta le capitaine sans

Weitere Kostenlose Bücher