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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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bouger.
    En effet. Les douze fils du terrible Éole, adorés dans l’Antiquité comme des dieux parce qu’ils étaient la manifestation la plus puissante de la Nature, se trouvaient là. Pour les Grecs, mais pas seulement pour eux, les vents étaient des divinités qui changeaient les saisons favorables à la vie, formaient les nuages et provoquaient les tempêtes, agitaient les mers et envoyaient les pluies. C’était aussi à cause d’eux que le soleil chauffait ou brûlait la terre. Et, comme si tout cela ne suffisait pas, les Anciens avaient pris conscience que l’être humain s’éteindrait si le vent n’entrait pas dans son corps sous la forme de la respiration. De ces dieux dépendait donc vraiment toute vie.
    En suivant le sens des aiguilles d’une montre, apparaissait d’abord le vieux Borée dans toute sa rudesse, puis Helespontios, symbolisé par une tourmente ; Apéliote, un champ plein de fruits et de blé ; Euros, le bénéfique vent d’est, représenté sous la forme d’un homme d’âge mûr avec un début de calvitie ; Euronotos ; Notos, vent du sud, un jeune homme dont la rosée s’écoulait des ailes ; Libanotos ; Libs, un adolescent imberbe aux joues gonflées qui portait un aphlaston , la poupe courbée des nefs ; le jeune Zéphyr, vent d’ouest qui avec son amante, la nymphe Chloris, jetait des fleurs sur son bothros  ; Argestes, montré comme une étoile ; Traxias, couronné de nuages ; et pour finir l’horrible Aparctias, avec son visage barbu et ses sourcils froncés. Entre ces deux-là, la bouche condamnée de la caverne par laquelle nous étions arrivés.
    Les quatre vents cardinaux, Borée, Euros, Notos et Zéphyr, étaient représentés par les figures les plus grandes et les plus abouties. Les autres, par des personnages mineurs et de qualité inférieure. La beauté des images, de nouveau de facture byzantine, était comparable à celle des reliefs du sol du Cloaca Maxima qui décrivaient le péché d’orgueil. C’était sans doute l’œuvre du même artiste et l’on ne pouvait que regretter que son nom n’eût pas été gardé par l’Histoire, car son travail était digne des plus grands. Une autre possibilité à étudier était qu’il eût uniquement travaillé pour la confrérie. Ce qui donnait une valeur ajoutée d’exclusivité à son œuvre…
    — Et le sarcophage ? demanda de nouveau Glauser-Röist en abandonnant l’examen des différents vents.
    — Il est impressionnant, n’est-ce pas ? murmurai-je en m’approchant. Ses dimensions sont vraiment extraordinaires. Observez, capitaine, que la laude est à hauteur de votre tête.
    — Mais qui donc est enterré là ?
    — Je ne suis pas sûre encore. Je dois examiner le haut-relief de la face supérieure.
    Farag s’approcha aussi du tombeau pourpre en l’observant avec curiosité. J’allai jusqu’à la tête pour contempler la dernière gravure avant d’oser formuler à voix haute l’hypothèse qui s’était formée dans mon esprit. Mais tous mes doutes s’envolèrent en voyant le profil classique délicatement gravé dans le lauraton de la roche pourpre : entouré d’une couronne de laurier, c’était le même visage aux yeux levés, au cou de taureau des solidus, la pièce d’or considérée par les historiens actuels comme une sorte de dollar médiéval, la puissante monnaie créée au IV e siècle par l’empereur Constantin le Grand et portant son effigie.
    — Ce n’est pas possible ! s’écria soudain Farag en me faisant sursauter. Ottavia, tu ne croiras jamais ce qui est écrit ici !
    Je le cherchai des yeux sans le voir, quand un second cri, au-dessus de moi, me fit lever la tête. Là-haut, à quatre pattes sur la pierre tombale, se trouvait le professeur Boswell, les yeux écarquillés, le visage figé dans un rictus stupéfait.
    — Ottavia ! je te jure que tu ne vas pas me croire ! Et pourtant, c’est vrai !
    — Cessez de hurler, professeur, dit le capitaine. Voudriez-vous nous expliquer ce qui se passe ?
    Mais Farag l’ignora et s’adressa à moi, comme ensorcelé.
    —  Basileia , c’est incroyable ! Tu sais ce qui est écrit ici ?
    Mon cœur battit à tout rompre en l’entendant m’appeler de nouveau ainsi.
    — Si tu ne me le dis pas, répondis-je en essayant de ne pas balbutier, je ne vois pas comment je peux le deviner, mais j’ai ma petite idée.
    — Non, c’est impossible ! Tu n’as rien du tout. Un million d’années ne te

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