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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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léthargie dans le manuscrit Iyasus était revenu à la vie, et l’heure de lire son message et interpréter son contenu avait sonné.
    J’étais très émue quand, à mon retour à l’Hypogée, après avoir écouté la messe du quatrième dimanche de carême, je m’assis enfin devant ma table de travail et remontai mes lunettes sur mon nez, prête à commencer. Mes assistants, qui disposaient de copies, allaient eux s’occuper de l’analyse paléographique fondée sur l’étude des éléments de l’écriture : morphologie, angles, inclinaison, ductus, ligatures, nœuds, rythme, style…
    Heureusement, la langue grecque byzantine utilisait peu les abréviations et contractions si communes au latin et aux transcriptions médiévales des auteurs classiques. En contrepartie, les particularités propres à une langue aussi évoluée que le grec byzantin pouvaient prêter à des confusions importantes, car ni la façon d’écrire ni le sens des mots n’étaient les mêmes qu’au temps d’Eschyle, Platon ou Aristote.
    La lecture du premier des folios me laissa absolument éblouie. Le scribe disait s’être appelé Mirogenes de Neapolis, mais au moment d’écrire se nommait à plusieurs reprises « Caton ». Il expliquait que, par la volonté de Dieu le Père et de Son Fils Jésus-Christ, quelques frères de bonne volonté, diacres 7 de la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem et adorateurs dévots de la vraie Croix, s’étaient constitués en une espèce de confrérie sous la dénomination ΣTAYPOΦYΛAXEΣ ( stavrophilakes) ou « gardiens de la Croix ». Lui, Mirogenes, avait été élu supérieur de la confrérie sous le nom de Caton, le premier jour du premier mois de l’année 5850.
    — 5850 ? s’étonna le capitaine.
    Il était assis en face de moi avec le professeur, et écoutait la transcription du contenu du folio.
    — En réalité, leur expliquai-je, cette année correspond à l’an 341 de notre ère. Le calcul temporel commençait pour les Byzantins le premier septembre 5509, date à laquelle ils croyaient que Dieu avait créé le monde.
    — Donc, ce Mirogenes, conclut le professeur en croisant les doigts, d’origine byzantine et diacre de la basilique du Saint-Sépulcre, devient le leader de la communauté des stavrophilakes le 1 er septembre 341, quinze ans après la découverte de la Croix par Hélène.
    — Et à partir de là, ajoutai-je, il se baptise Caton, et commence à écrire cette chronique.
    — Nous devrions chercher d’autres informations sur cette confrérie, dit le capitaine en se levant de son fauteuil.
    Il était chargé de la coordination de cette mission, mais c’était lui qui travaillait le moins, et il se sentait inutile.
    — Je m’en occupe.
    — C’est une bonne idée, dis-je, il faut démontrer l’existence historique des stavrophilakes en marge de la lecture du manuscrit.
    Quelques coups discrets furent frappés à la porte. Le père Ramondino entra avec un grand sourire.
    — J’aimerais vous inviter à déjeuner au restaurant de la Domus, dit-il, pour fêter la bonne avancée de nos recherches.
    Mais il se faisait des illusions. Ce soir-là, alors que je regagnais mes pénates – mes compagnes me reçurent avec tous les honneurs dus à ma réhabilitation –, l’important Lignum Crucis de la cathédrale Sainte-Gudule à Bruxelles disparut de son reliquaire d’argent.
     
    Le capitaine Glauser-Röist s’absenta toute la journée du lundi. En apprenant la nouvelle du vol, il avait sauté dans le premier avion pour Bruxelles. Il ne revint pas avant le mardi à midi. Pendant ce temps, le professeur Boswell et moi continuâmes à travailler dans les bureaux de l’Hypogée. Les folios restaurés arrivaient sur ma table à un rythme de plus en plus rapide, car les techniciens ne cessaient de perfectionner le processus de transcription. En raison de cette soudaine célérité, je disposais parfois de deux ou trois heures seulement pour compléter la lecture et la traduction du texte manuscrit, avant que n’arrive la fournée suivante.
    Je crois que ce fut ce soir-là que le professeur et moi dînâmes pour la première fois, seuls, dans la cafétéria réservée au personnel des Archives. Au début, j’eus peur de ne pas réussir à maintenir la conversation avec cet homme si réservé et silencieux, mais il se révéla d’une compagnie très agréable. Nous parlâmes de tout et de rien. Après m’avoir raconté avec de nouveaux

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