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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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et, là, l’atmosphère se fit encore plus oppressante.
    — Je vous rappelle, dit le capitaine comme si nous n’y avions pas pensé, que ces catacombes n’ont jamais été explorées ou presque. Ce niveau en particulier n’a jamais été étudié, aussi faites bien attention.
    — Et pourquoi ne pas examiner l’étage au-dessus ? proposai-je, mon pouls s’accélérant. Nous avons passé beaucoup de galeries. L’entrée du Purgatoire se trouvait peut-être dans l’une d’entre elles.
    Le capitaine avança de quelques pas avant de s’arrêter pour éclairer quelque chose au sol :
    — Je ne crois pas, professeur, regardez…
    Par terre, apparaissait distinctement dans le cercle de lumière un chrisme identique à celui qu’Abi-Ruj Iyasus portait sur son torse, avec la traverse horizontale, et à celui que l’on voyait sur la couverture du manuscrit de Sainte-Catherine. Aucun doute, les stavrophilakes étaient passés par là. Ce que j’ignorais, et qui m’angoissait terriblement, c’était depuis combien de temps, puisque la majeure partie des catacombes étaient tombées dans l’oubli au bas Moyen Âge, lorsque, pour des raisons de sécurité, les reliques avaient été retirées peu à peu, et que les éboulements et la végétation condamnèrent les entrées au point de perdre toute trace de certaines d’entre elles.
    Farag était absolument ravi. Tandis que nous avancions d’un bon pas vers un tunnel au plafond plus haut, il affirma que nous avions déchiffré le langage mystique des stavrophilakes, et qu’à partir de maintenant nous pourrions comprendre tous leurs pistes et signaux avec certitude. Sa voix derrière moi semblait venir d’outre-tombe. La seule lumière était celle du capitaine qui marchait à un mètre devant nous. Les reflets sur les murs de pierre me permirent d’examiner les trois rangées de niches, souvent occupées, qui défilaient à la hauteur de nos pieds, notre taille et notre tête. Je lisais au passage les noms des défunts gravés sur les rares pierres demeurées à leur place. Toutes arboraient un dessin symbolique en rapport avec le travail qu’ils avaient effectué de leur vivant, prêtre, agriculteur… Ou avec la religion primitive qu’ils professaient : le Bon Pasteur, la colombe, l’ancre, les pains et les poissons. Parfois même, on pouvait voir des objets personnels leur ayant appartenu incrustés dans l’enduit : des pièces de monnaie, des outils ou des jouets. Ce lieu avait une valeur historique inestimable.
    — Un nouveau chrisme ! annonça le capitaine en s’arrêtant à une intersection de galeries.
    À droite, au fond d’un passage étroit, s’ouvrait une pièce. L’on distinguait un autel au centre et, sur les murs, plusieurs niches et caveaux plus grands ayant la forme d’une bouche de four, dans lesquels était enterrée une famille entière. À gauche, une autre galerie, identique à celle que nous venions de parcourir. Devant nous, un escalier creusé dans la roche, mais en colimaçon cette fois. Ses marches tournaient autour d’une grosse colonne de pierre polie qui disparaissait dans les profondeurs obscures de la terre.
    — Laisse-moi voir, demanda Farag en passant devant moi.
    Le monogramme de Constantin apparut, gravé sur la première marche.
    — Je crois que nous devrions continuer à descendre, murmura Farag en passant la main dans ses cheveux d’un geste nerveux.
    — Cela ne me paraît pas prudent, objectai-je. C’est de la folie.
    — Nous ne pouvons plus reculer, affirma le Roc.
    — Quelle heure est-il ? s’inquiéta Farag.
    — Sept heures moins le quart, annonça le capitaine en commençant la descente.
    Si je l’avais pu, j’aurais fait marche arrière et je serais remontée à la surface, mais je n’avais pas le courage de repartir seule dans le noir à travers ce labyrinthe rempli de morts, aussi chrétiens fussent-ils. Je n’avais pas d’autre choix que de suivre le capitaine, escortée de près par Farag.
    L’escalier semblait sans fin. Nous nous dépêchions en nous tenant à la colonne centrale pour ne pas perdre l’équilibre. L’atmosphère était de plus en plus étouffante. Bientôt mes compagnons durent baisser la tête, car leur front arrivait à la hauteur des marches que nous venions de descendre. Peu à peu, l’escalier rétrécit. Le mur latéral et la colonne s’unissaient, donnant à cette espèce d’entonnoir une taille plus adaptée à des enfants qu’à des

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