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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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nouveau la rue d’un pas pressé. Il était cinq heures et demie du matin.
    — Bien, qu’attendons-nous ? Professeur Salina, à vous l’honneur.
    Il faisait sombre à l’intérieur. Le capitaine actionna divers interrupteurs et soudain la splendeur diaphane des ampoules électriques suspendues aux longs câbles du plafond illumina l’intérieur de l’église. Elle révéla trois nefs richement décorées, séparées par des pilastres, et un plafond lambrissé orné des écussons des rois aragonais qui régnèrent en Sicile au XIV e siècle. Sous un arc triomphal, un crucifix peint, datant du XII e ou XIII e siècle. Et un autre, au fond, de l’époque Renaissance. Et, bien entendu, sur un piédestal d’argent, l’image de sainte Lucie, une épée en travers du cou et dans la main droite une soucoupe avec des yeux, comme l’avait dit Farag.
    — L’église est à nous, dit le capitaine à voix basse.
    Sa voix résonna comme à l’intérieur d’une caverne.
    L’acoustique était fabuleuse.
    — Cherchons l’entrée du Purgatoire.
    Il faisait plus froid dedans que dehors, comme si un courant d’air glacé venait du sol. Je me dirigeai vers l’autel par le couloir central et, mue par une impérieuse nécessité, m’agenouillai devant le tabernacle et priai. La tête baissée, me couvrant le visage des mains, je tentai de réfléchir sur les événements étranges qui depuis peu produisaient de profonds bouleversements dans ma vie. J’avais commencé à perdre le contrôle de mon existence si ordonnée un mois et demi plus tôt, quand le secrétaire d’État avait fait appel à mes services mais, depuis une semaine, la situation avait empiré. Je demandai pardon à Dieu de l’abandon dans lequel je Le tenais et Le suppliai, navrée, qu’il se montrât miséricordieux envers mon père et mon frère. Je priai aussi pour ma mère afin qu’elle trouve la force nécessaire dans ces terribles moments, ainsi que pour le reste de ma famille. Les yeux remplis de larmes, je fis le signe de croix et me levai, car je ne voulais pas que Farag ou le capitaine commencent sans moi. Tandis qu’ils examinaient les nefs latérales, j’observai la colonne de granit rouge contre laquelle, disait la tradition, la sainte s’était adossée tandis qu’elle mourait, poignardée. Les mains dévotes des fidèles avaient poli la pierre au fil du temps, et son importance en tant qu’objet d’adoration était rendue évidente par la récurrence de ce symbole dans la décoration de toute l’église. En plus de cette colonne, l’image des yeux était rappelée à profusion. D’étranges ex-voto en forme de petit pain, appelés « yeux de sainte Lucie », étaient suspendus par centaines.
    Nous nous dirigeâmes ensuite par un petit escalier vers un couloir étroit qui conduisait à la chapelle du Sépulcre. Les deux édifices étaient reliés par ce tunnel souterrain creusé dans la roche. Le baptistère recelait seulement la niche rectangulaire où avait été enterrée la sainte après son martyre. Le corps ne se trouvait pas à Syracuse. Ni en Sicile même car, par un de ces hasards du destin, une fois morte, Lucie avait parcouru la moitié du monde et ses restes avaient atterri à l’église Saint-Jérémie à Venise, après être passés par Constantinople, au XI e siècle. Les habitants de Syracuse devaient donc se contenter d’un sépulcre vide mais décoré d’un beau retable de bois placé sur un autel. Dessous, une sculpture de marbre de Gregorio Tedeschi reproduisait la sainte telle qu’elle dut être enterrée.
    Notre visite de l’église se termina ainsi. Nous en avions fait le tour en examinant chaque recoin avec soin, et n’avions rien remarqué d’assez étrange ou significatif qui puisse la relier à Dante ou aux stavrophilakes.
    — Récapitulons, proposa le capitaine. Qu’est-ce qui a attiré votre attention ?
    — Rien, déclarai-je d’un ton très convaincu.
    — Dans ce cas, dit Farag, il ne nous reste plus qu’une chose à faire.
    — C’est bien ce que je pensais, dit le capitaine en reprenant le couloir vers l’église.
    C’est ainsi que nous allions pénétrer dans les catacombes, contre mes désirs les plus profonds.
    L’écriteau accroché à un clou sur la porte d’accès aux souterrains rappelait que les catacombes étaient fermées au public. On pouvait toujours se replier sur celles de Saint-Jean, précisait le texte. De terribles images d’effondrement et

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