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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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D’un geste respectueux, il passa les mains sur l’herbe et se lava le visage avec la rosée recueillie. Puis il arracha une tige flexible, la plus grande, et, après avoir sorti sa chemise de son pantalon, l’attacha autour de sa taille.
    — Bien. Ottavia, murmura Farag en se penchant vers moi, à notre tour.
    Il rejoignit le capitaine d’un pas ferme et imita ses gestes. Son visage prit une expression particulière, comme s’il se trouvait soudain en présence de quelque chose de sacré. Je me sentais troublée, peu sûre de moi. Je ne comprenais pas très bien ce que nous étions en train de faire, mais je n’avais pas d’autre choix que de les imiter. Arrivée à ce point, un mouvement de rejet eût été ridicule. Je me dirigeai vers eux en marchant sur le sable. Je frottai mes mains couvertes de rosée sur mon visage. L’eau fraîche me réveilla brusquement. Je me sentis soudain lucide et pleine d’énergie. Puis je choisis un jonc vert, et le cassai en espérant que la racine repousserait un jour. Je levai discrètement le bord de mon pull et l’attachai à ma ceinture par-dessus la jupe, surprise par la délicatesse de son toucher et l’élasticité de ses fibres qui se laissèrent nouer sans difficulté.
    Nous avions accompli la première partie du rite. Il restait juste à savoir si cela avait servi à quelque chose. Au moins, me dis-je pour me réconforter, personne ne nous avait vus.
    Nous quittâmes l’île en voiture par le pont pour entrer dans l’avenue Umberto I er . La ville se réveillait à peine. Quelques lumières aux fenêtres des édifices, des voitures de plus en plus nombreuses. Dans deux heures, la circulation serait infernale, comme à Palerme, surtout aux abords de la zone portuaire. Le capitaine tourna à droite et enfila la nouvelle avenue vers le haut, en direction de la rue de l’Arsenal. Soudain, il parut surpris en regardant par la vitre :
    — Tiens ? Vous avez vu le nom de cette rue ? Rue Dante ! C’est curieux, non ?
    — En Italie, capitaine, toutes les villes ont une rue Dante, dis-je en retenant mon rire.
    On entendit parfaitement celui de Farag, en revanche.
    Nous arrivâmes très vite sur la place Sainte-Lucie, juste à côté du stade. C’était plus une rue qu’une place, à vrai dire, qui enfermait le bâtiment rectangulaire de l’église. Le nouveau baptistère au plan octogonal était adjacent au lourd édifice de pierre blanche doté d’un campanile de trois étages. La facture de l’église ne laissait aucun doute. En dépit des reconstructions normandes du XII e siècle et de la rosace Renaissance de la façade, ce temple était aussi byzantin que Constantin le Grand.
    Un homme d’une soixantaine d’années, habillé d’un vieux pantalon et d’une veste élimée, arpentait le trottoir devant l’église. En nous voyant sortir de la voiture, il s’arrêta pour nous regarder avec curiosité. Il avait une abondante chevelure grise et un visage fin couvert de rides. Il nous fit un geste du bras pour nous saluer et se précipita à notre rencontre.
    — Capitaine Glaser-Ró ?
    — C’est moi, dit ce dernier d’un ton aimable, sans le corriger, en tendant la main. Voici mes compagnons, le professeur Boswell et le professeur Salina.
    Le capitaine avait quitté son véhicule avec un petit sac en toile qu’il portait à l’épaule.
    — Salina ? dit l’homme. Un nom sicilien, mais pas de Syracuse. Vous venez de Palerme ?
    — En effet, répondis-je.
    — Ah ! je me disais bien, aussi… Suivez-moi, je vous prie. Son Excellence l’archevêque m’a prévenu de votre arrivée. Par ici.
    D’un geste protecteur inattendu, Farag me soutint par le bras jusqu’au trottoir.
    Le sacristain introduisit une énorme clé dans la serrure de la porte de bois, et poussa le battant sans entrer.
    — Son Excellence a précisé que vous vouliez rester seuls, aussi, jusqu’à la messe de sept heures, l’église est à vous. Allez-y, entrez. Moi, je vais aller prendre mon petit déjeuner. Si vous avez besoin de quelque chose, j’habite en face, dit-il en indiquant un vieux bâtiment aux parois chaulées. Ah ! j’allais oublier, capitaine, le tableau des interrupteurs se trouve à droite, et voici les clés de toute l’enceinte, avec celle de la chapelle du Sépulcre, le baptistère qui se trouve à côté. Ne manquez pas de le visiter, il vaut le détour. Je viendrai vous chercher à sept heures pile.
    Et là-dessus, il traversa de

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