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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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apaisé ma faim et, plus détendue, je contemplais assise, le dos appuyé contre le mur, les dernières braises. Dans peu de temps, elles s’éteindraient complètement. Prise d’une profonde torpeur, je fermai les yeux.
    — Tu as sommeil, Ottavia ?
    — J’aimerais dormir un peu. Cela ne t’ennuie pas ?
    — Pas du tout. Au contraire, je crois que tu as raison de te reposer. Je te réveille dans dix minutes, d’accord ?
    — Ta générosité m’étonne.
    — Nous devons sortir d’ici, et nous avons besoin de toi pour trouver la solution.
    — Dix minutes, alors, pas une de plus.
    — Allez, dors.
    Parfois dix minutes suffisent. Je me réveillai de ce court somme bien plus reposée qu’après avoir dormi quatre heures.
    Tout au long de la matinée, nous passâmes en revue les éléments dont nous disposions. Il restait deux flambeaux dans la caisse de bois près des roches empilées au fond du canal. Il était clair que les stavrophilakes avaient minutieusement programmé le déroulement de l’épreuve et savaient exactement combien de temps elle pouvait durer.
    Finalement, la tête basse, désespérés, nous retournâmes à l’église.
    — Elle est là ! cria Glauser-Röist en frappant le sol du pied d’un geste rageur. Je suis certain que la solution est là, bon sang ! Mais où ?
    — Dans les crânes…, insinuai-je.
    — Il n’y a rien dans les crânes ! hurla-t-il.
    — En réalité, dit Farag en collant ses lunettes sur ses yeux, nous n’avons pas regardé l’intérieur des crânes.
    — L’intérieur ? m’étonnai-je.
    — Pourquoi pas ? Nous n’avons pas tellement le choix. Cela ne coûte rien d’essayer, il suffit d’agiter les douze crânes ou quelque chose dans le genre.
    Toucher les squelettes ! Quel manque de respect, sans compter que c’était assez dégoûtant. Toucher les reliques avec les mains ?
    — Je m’en occupe ! vociféra Glauser-Röist.
    Il se dirigea vers le premier crâne, le souleva puis le secoua avec énergie, sans aucun respect.
    — Il y a quelque chose à l’intérieur !
    Farag et moi nous levâmes d’un bond. Le capitaine étudiait le crâne avec attention.
    — Il est scellé. Tous les orifices sont scellés : le cou, les fosses nasales, les orbites. C’est un récipient !
    — Allons le vider quelque part, proposa Farag en regardant autour de lui.
    — Sur l’autel, dis-je, il est creux comme un plat.
    Et voilà ! Nous avions trouvé ! Valerio et Ovinio contenaient du soufre, identifiable à sa couleur et à son odeur. Marcela et Octaviano, une gomme résineuse de couleur noire, de la poix de toute évidence ; Volusia et Marcial, du beurre ; Miniato et Odenata, une poudre blanchâtre qui brûla légèrement la main du capitaine : de la chaux vive ; Varron et Mauricio, une graisse noire épaisse et brillante dont l’intense odeur ne laissait aucun doute : de la naphtaline ; et enfin, Vero et Olimpia, une poudre très fine de couleur ocre que nous ne pûmes identifier. Nous fîmes des piles séparées de toutes ces substances. L’autel se transforma en table de laboratoire.
    — Je ne pense pas me tromper, dit Farag avec l’expression concentrée de quelqu’un qui a tiré une conclusion préoccupante après mûre réflexion, si je vous dis que nous avons ici les composants du feu grégeois.
    — Mon Dieu ! m’écriai-je en mettant la main devant la bouche, horrifiée.
    Le feu grégeois avait été l’arme fatale de l’armée byzantine. Grâce à lui, ils purent maintenir à distance les musulmans du VII e jusqu’au XV e siècle. Pendant des centaines d’années, sa formule fut le secret le mieux gardé de l’Histoire et, aujourd’hui encore, personne ne peut dire avec certitude la nature de sa composition. Selon une légende, en 673, alors que Constantinople, assaillie par les Arabes, était sur le point de se rendre, un homme mystérieux appelé Callinicus apparut dans la ville en offrant à l’empereur désemparé, Constantin IV, l’arme la plus puissante du monde : le feu grégeois, qui avait pour particularité de s’incendier au contact de l’eau et de brûler puissamment sans qu’on puisse l’éteindre. Les Byzantins lancèrent le mélange préparé par cet homme à travers des tubes installés sur leurs bateaux et détruisirent totalement la flotte arabe. Les survivants s’enfuirent, effrayés par ces flammes qui brûlaient jusque sous l’eau.
    — Vous êtes sûr, professeur, cela ne

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