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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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moins de vingt mètres.
    Ce fut ma dernière pensée car un coup sec sur la tête me rendit inconsciente.
     
    Je perçus des lumières à l’intérieur de ma tête avant de reprendre totalement mes esprits. Mais elles s’accompagnaient d’élancements douloureux. Chaque fois que l’une d’elles s’allumait, j’avais l’impression que mes os se brisaient sous les roues d’un tracteur.
    Lentement, cette sensation désagréable se dissipa pour laisser la place à une autre, tout aussi charmante : comme si je venais de l’approcher du feu, j’avais l’impression que mon avant-bras droit brûlait. La douleur me ramena à la réalité. Avec un grand effort et de nombreux gémissements, je posai ma main gauche à l’endroit de la brûlure, mais rien qu’en touchant la laine du pull, je sentis une douleur si violente que je la retirai avec un cri et ouvris les yeux.
    — Ottavia… ?
    La voix de Farag me parvenait étouffée, comme s’il était très loin de moi.
    — Ottavia ? Comment te sens-tu ?
    — Oh ! je ne sais pas… Et toi ?
    — J’ai mal à la tête.
    Je le vis enfin, étalé par terre comme une marionnette. Le capitaine gisait, inconscient, un peu plus loin. Je m’approchai de Farag à quatre pattes en essayant de maintenir la tête levée.
    — Laisse-moi regarder.
    Il voulut se tourner pour me montrer l’endroit où il avait reçu un coup, mais poussa un gémissement de douleur en touchant son bras droit.
    — Bon Dieu !
    Je demeurai indécise devant ce blasphème. Il fallait qu’on ait une vraie conversation, Farag et moi.
    Je passai la main sur sa nuque et notai une énorme bosse.
    — Ils n’y sont pas allés de main morte, dis-je en m’asseyant à côté de lui.
    — Et ils nous ont marqué de la première croix.
    — J’en ai peur.
    Il sourit en me prenant la main.
    — Tu es aussi courageuse qu’une Augusta Basileia.
    — Les impératrices byzantines étaient réputées pour leur bravoure ?
    — Oh oui !
    — Je l’ignorais, murmurai-je en lui lâchant la main et en essayant de me lever pour aller voir le capitaine.
    Il avait reçu un coup plus fort que les nôtres. Les stavrophilakes avaient dû estimer que, pour venir à bout de ce géant suisse, il fallait mettre le paquet ! Une tache de sang séché apparaissait sur sa tête blonde.
    — S’ils pouvaient changer de méthode la prochaine fois ! murmura Farag. S’ils nous frappent comme ça encore six fois, ils vont finir par nous tuer.
    — Je crois qu’ils ont déjà réussi avec le capitaine.
    — Il est mort ? s’écria Farag en se levant précipitamment.
    — Non, heureusement. Mais je n’arrive pas à le réveiller.
    — Kaspar ! Kaspar ! Ouvrez les yeux.
    Tandis que Farag essayait de réanimer notre compagnon, je contemplai les alentours. Nous nous trouvions encore dans le Cloaca Maxima, à l’endroit même où nous avions perdu connaissance, un peu plus près peut-être de la sortie. La lumière extérieure avait disparu. Un flambeau qui avait dû être allumé récemment éclairait le coin où nous nous trouvions. Je levai le bras pour regarder l’heure et fis une grimace de douleur. Toujours cette brûlure. Il était onze heures du soir, nous avions dû rester inconscients six heures. Il leur avait fallu utiliser un autre moyen que le coup de massue pour nous maintenir endormis aussi longtemps. Pourtant je n’éprouvais aucun des effets secondaires d’un anesthésiant ou d’un sédatif. Je me sentais plutôt bien.
    — Kaspar ! cria Farag en giflant le capitaine.
    — Je ne crois pas que ce soit utile.
    — On verra, répondit-il en recommençant.
    Le capitaine gémit et entrouvrit les yeux.
    — Votre Sainteté…, balbutia-t-il.
    — Mais non, c’est moi, Farag ! Ouvrez les yeux, Kaspar !
    — Farag ?
    — Mais oui, Farag Boswell, professeur à Alexandrie, en Égypte.
    — Ah ! oui… bien sûr… Que s’est-il passé ?
    Le capitaine fit exactement les mêmes gestes que nous. Il fronça les sourcils, voulut tâter son crâne, essaya de lever le bras et sentit la blessure de l’avant-bras frotter sur le tissu de sa manche.
    — Que diable… ?
    — Ils nous ont marqués, Kaspar. Nous n’avons pas encore regardé nos cicatrices, mais je n’ai aucun doute sur ce qu’ils nous ont fait.
    Courbés comme des vieillards, nous nous dirigeâmes vers la sortie en soutenant le capitaine. L’air frais fouetta enfin nos visages. Nous comprîmes que nous étions

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