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Le Dernier Maquisard

Titel: Le Dernier Maquisard Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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autant, je ne pouvais pas compatir à son sort.
Je ne me sentais pas pourri. Mais, lui, il se savait pourri,
s’acceptait pourri.
    Il assumait.
    Je lui reconnus finalement du cran. À contrecœur malgré
tout.
    Il se trimbalait avec sa mitraillette.
    – Elle est toujours à portée de main. Qu’ils viennent me
chercher. Je les attends !
    C’était neutre. Eux ou lui. Élémentaire.
    Je ne pouvais m’empêcher de penser que les choses auraient pu
tourner différemment avec le « négociant en bois ». Mais
aurais-je été jusqu’à lui donner les informations que les Allemands
attendaient de moi s’il me les avait demandées ? Sous la
menace de s’en prendre à ma famille et à ma petite sœur ?
    De toute façon, c’était un truc foireux, leur combine. Comment
avaient-ils pu penser que leur agent pourrait se balader librement
aux abords du maquis et me contacter sans que cela se
remarque ?
    La preuve ! Tout le maquis avait été au courant dès le
premier contact. À cause de Ginette qui s’était pointée à ce
moment-là.
    Non. C’était une affaire qui n’aurait pas pu marcher.
    En fait, en y regardant bien, si je n’avais pas trahi les miens,
c’était à cause du défaut de conception de leur plan.
    J’étais un non-traître « par défaut », en quelque
sorte. Et je devais me contenter de cette vérité-là. Pour le
restant de ma vie.
    Et le cousin ?
    Il a tenu le « maquis » jusqu’en 1949. Après, il s’est
comme volatilisé. Sa trace a été perdue à jamais. Nul n’a jamais su
ce qu’il était devenu. Pas même ses parents.
    Peut-être son corps traîne-t-il au fond d’un vieux puits
rebouché.
    – … Ginette…
    Je m’ébrouai.
    – Ginette ?
    – Oui, s’énerva Georges, je te parle de Ginette !
    – Ah !
    – Tu vois, tu ne m’écoutais pas. D’ailleurs, tu as terminé tes
saint-jacques comme un somnambule. Tu donnais l’impression d’être
ailleurs et je me rends compte que j’ai parlé dans le vide…
    – Non, non. Je t’assure. Nous parlions de Jeannette puis de sa
cousine et de Ginette..
    – Mais c’était tout à l’heure, grogna Georges. J’étais en train
de te dire que Ginette, elle, elle était du genre à croire au
hasard, heureux ou malheureux. D’ailleurs, elle n’a jamais cru que
le maquis ait été vendu ni que les Allemands avaient été prévenus
de notre intention de libérer la ville. Même après qu’on a su avec
les archives. Pour elle, c’était un truc des Boches pour laisser
leur pourriture après eux…
    – Pourquoi pas ? fis-je en y croyant à moitié.
    – Oui, mais Ginette c’était une gamine à l’époque et elle
n’était qu’agent de liaison…
    – Et ta secrétaire ! le coupai-je en riant.
    Georges se mit à faire la gueule.
    – Je n’ai rien dit pour te vexer, m’excusai-je. T’es devenu
susceptible avec l’âge, ou quoi ?
    – Non, dit-il, t’as raison. Et ma secrétaire.
    Mais Georges s’était franchement renfrogné et j’ai été soulagé
de voir arriver le fils de Louis avec sa « truite
royale ».
    – Elle vous plaît pas, ma cuisine, ou quoi ?
    – Non, c’est très bon, m’empressai-je de répondre.
    – « Très bon » ! fit le fils de Louis en haussant
les épaules.
Dé-li-cieux,
on dit, monsieur !
    – Ça va, ça va, marmonna Georges. Ta bouffe est
merveilleuse.
    – Quand tu seras à l’hospice que t’as fait construire quand
t’étais conseiller général et que tu y mangeras midi et soir, tu la
regretteras, ma « bouffe », comme tu dis !
    – Va, va, marmiton ! fit Georges en agitant ses mains pour
le congédier.
    – Ça va, j’ai compris ! Le marmiton retourne à ses
fourneaux,
monsieur le conseiller général
.
    La panse en avant, le fils de Louis se retira
majestueusement.
    – Vous êtes toujours comme ça ? demandai-je amusé à
Georges.
    – Oui. C’est du Pagnol des bords de Loire. Sans l’accent, bien
sûr. Ici, on parle le vrai « françois ».
    La patronne nous apporta un nouveau pichet.
    Georges nous servit et trinqua « aux camarades ».
    – Aux camarades ! dis-je.
    Nous attaquâmes notre truite dans un silence religieux et nous
nous détendîmes. En vidant consciencieusement le pichet.
    – Georges, il faut que tu arrêtes de penser à cette histoire de
trahison. On ne saura jamais la vérité. Ou ceux qui savaient sont
morts. Alors, cesse de te faire du mal pour rien.
    – C’est ce que me répétait Ginette.
    – Tu as été un excellent

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