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Le Dernier Maquisard

Titel: Le Dernier Maquisard Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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nous demandaient nos camarades. Vivre
avec eux en nous… Allez, viens, fit Georges en me touchant
l’épaule. Rentrons…
    C’est alors qu’une Twingo rouge s’est arrêtée à notre hauteur en
klaxonnant.
    – C’est ma petite-fille Marlène, a dit Georges, la fille de ma
Suzanne.
    J’ai aussitôt été frappé par sa ressemblance avec Ginette à son
âge. Car elle ne devait guère avoir plus de dix-huit ans. J’en
étais statufié.
    – Remets-toi, me dit Georges. Mais c’est pas croyable comme
elle lui ressemble, hein ?
    – Pas croyable, oui, fis-je tout en rendant son sourire à la
conductrice.
    Elle sembla consciente de l’effet produit et je la soupçonnai
d’en jouer. J’aurais mis ma main au feu qu’elle devait être la
préférée de Georges.
    – Maman m’avait demandé d’aller te chercher au restaurant pour
vous raccompagner chez toi, mais vous étiez déjà partis quand j’y
suis passée. Alors j’ai suivi votre chemin.
    C’est avec soulagement que nous montâmes tous deux dans la
voiture, Georges à côté de sa petite-fille et moi derrière.
    – Alors, c’est vous le fameux « Vingt et
unième » ? dit-elle en me jetant un regard dans le
rétroviseur.
    – Vous en savez des choses ! dis-je en souriant.
    – Oh ! vous savez, à force d’écouter papy, je connais
l’histoire de chacun de vous aussi bien que lui-même !
    – Fais attention à ta conduite au lieu de parler, bougonna
Georges. Tu n’as ton permis que depuis trois mois.
    Je souris en moi-même. Je n’en avais pas cru un traître mot
lorsque Georges m’avait dit qu’il évitait de parler de la
Résistance à ses petits-enfants.
    – Je suis fière de mon papy, vous savez ? renchérit la
petite en me faisant un grand sourire dans le rétroviseur.
     
     
     
     
    12
     
     
     
     
     
    En fait de sieste, nous passâmes deux bonnes heures à égrener
nos souvenirs en compagnie de Marlène.
    À notre décharge, je dois dire que c’était à son initiative.
    Comme j’étais désormais le seul survivant avec son grand-père,
elle voulait en savoir plus sur mon compte.
    Elle semblait boire mes paroles, mais, en fait, j’appris vite
que son intérêt était, si je puis dire, plus
« historique » que personnel.
    – Vous savez, j’ai eu mon bac et je veux devenir historienne.
Avec tous les papiers de papy, j’ai de quoi faire une maîtrise sur
la Résistance dans le département. Il n’a pas tout utilisé pour son
livre et il y a forcément des lacunes…
    – Des lacunes, des lacunes…, bougonna Georges.
    – C’est normal, papy. Ne te vexe pas. Par exemple, quand tu l’as
rédigé, tu n’as appris que vers la fin de tes recherches que le
maquis avait pu être trahi. Et ça ne reste qu’une hypothèse…
    Décidément, me dis-je tout en écoutant parler Marlène, il finit
par coller son obsession de trahison à tout le monde !
    – Tu sais, la coupa Georges, je crains qu’il n’y ait rien à
trouver ou que ça ne reste un secret à jamais enfoui. Ne perds pas
ton temps avec cette idée, dit-il à mon grand étonnement. Aucun des
gars du maquis n’a pu trahir…
    J’étais intrigué mais, comme je sentais que Georges préférait
que l’on parle d’autre chose, j’ai commencé de raconter à Marlène
l’épisode de ma prise de possession du fusil-mitrailleur. Mais elle
me coupa vite fait. Elle le connaissait déjà par Georges.
    Toutefois, je me rattrapai et recueillis toute son attention en
parlant de José et Manuel. De leur expérience des combats de la
guerre civile espagnole qui nous fut si précieuse, jointe à celle
d’Émile qui, lui, avait combattu pour la même cause dans les
Brigades internationales.
    En fait, avec Émile, qui avait vingt-huit ans, José et Manuel
faisaient partie des plus âgés d’entre nous avec leurs vingt-six et
vingt-sept ans.
    – Une fois, lui dis-je – et j’avais de la chance car son
grand-père ne lui en avait pas parlé –, nous nous sommes retrouvés
à moitié encerclés dans un bois par des miliciens et des Allemands,
vers la fin mai 1944…
    – Et il n’y a rien de pire qu’un combat dans un bois, ne put
s’empêcher de me couper Georges. Peut-être le combat de rue, et
encore !
    – C’est Gilles qui raconte, papy, soupira Marlène en venant à
mon aide.
    – Donc, j’avais mis mon fusil-mitrailleur en position de tir
derrière une vieille souche dans l’intention de ralentir l’avance
des Allemands en profitant d’une grande trouée

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