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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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par-dessus bord en éclaboussant généreusement
les rameurs. Ce dont nous avons besoin, mon seigneur, c’est de mieux calfater
nos navires.
    — Consignez cela, dit Alfred aux prêtres.
    Il se haussa sur la pointe des pieds pour regarder la langue
de terre qui séparait de la mer le lac marin où avaient été vus les vaisseaux
ennemis.
    — Les Danes ne nous attendent point, grommela Leofric,
qui était d’une humeur massacrante, si affreuse qu’il était prêt à aboyer sur
son souverain. Ils ne sont point sots. Ils débarquent, pillent, et décampent.
Ils auront profité de la marée pour faire voile.
    — Les païens étaient là à l’aube, dit Alfred.
    — Et ils seront à des milles à présent, dit Leofric.
    Il s’adressait à Alfred comme à un homme d’équipage, sans lui
montrer le moindre respect, mais Alfred tolérait ce genre d’insolence. Il
connaissait la valeur de Leofric.
    Cependant, Leofric se trompait ce jour-là. Les navires
vikings croisaient toujours devant Heilincigæ, tous les sept, coincés par la
marée descendante. Ils attendaient que les hautes eaux les libèrent, mais nous
arrivâmes les premiers dans le lac marin par l’étroite embouchure. Nous avions
à bord un homme qui avait grandi dans ces régions et nous guidait, mais les
Danes, qui n’en avaient point, étaient à présent bien échoués sur un banc de
vase.
    Et c’était parfait. Nous les avions pris au piège comme
renard dans un terrier et nous n’avions plus qu’à jeter l’ancre dans
l’embouchure du lac et à les massacrer, mais Alfred était pressé. Il voulait
rentrer à Hamtun avant la tombée de la nuit, et c’est ainsi que, contre l’avis
de Leofric, il donna ordre de lancer immédiatement l’attaque.
    Seulement, nous ne pouvions approcher directement le banc de
vase, car le chenal était étroit, et notre navire de tête devrait affronter
seul sept bateaux danes. Leofric marmonna dans sa barbe que nous nous y
prenions tout de travers. Il était furieux contre Alfred.
    En attendant, celui-ci était fasciné par les embarcations
ennemies qu’il n’avait encore jamais vues d’aussi près.
    — Ces bêtes représentent-elles leurs dieux ? me
demanda-t-il en désignant les proues et poupes finement sculptées en formes de
monstres, dragons et serpents.
    — Non, mon seigneur, ce ne sont que des bêtes.
    J’étais à ses côtés, ayant laissé le gouvernail à l’homme
qui connaissait ces eaux, et j’expliquai au roi que les têtes sculptées
pouvaient être ôtées afin de ne pas effrayer les esprits de la terre.
    — Note cela, ordonna-t-il à un prêtre. Et les
girouettes au sommet des mâts ? me demanda-t-il, désignant la plus proche,
où était peinte un aigle. Sont-elles conçues pour effrayer les esprits ?
    Je ne répondis pas. Je fixais les sept navires de l’autre
côté de la vasière et j’en reconnus un. La Vipère de Vent.
    —  Uhtred ?
    — Ce ne sont que girouettes, mon seigneur.
    Si la Vipère était là, Ragnar était-il à son
bord ? Ou bien Kjartan avait-il pris le navire et l’avait-il confié à un
capitaine ?
    — C’est se donner bien du mal que de décorer un navire,
critiqua Alfred.
    — Les hommes adorent leurs navires, dis-je. Ils se
battent pour eux. On honore ce pour quoi l’on combat, mon seigneur.
    J’avais dit cela durement, jugeant que nous aimerions
davantage nos vaisseaux s’ils avaient des figures de proues et s’appelaient Loup de Mer, Faiseur de Veuves ou Buveur de Sang. Mais non, nous
avionsl’ Eftwyrd, ce qui signifiait Jugement dernier et était
probablement le mieux nommé de notre flotte, car il envoya plus d’un Dane par
le fond.
    Les Danes s’échinaient avec des pelles pour remettre à flot
leurs navires, mais en nous voyant approcher, ils retournèrent à bord pour
prendre armures, casques, armes et boucliers. J’enfilai ma cotte de mailles,
dont la doublure de cuir empestait la sueur rance, et me coiffai de mon casque,
puis je plaçai le fourreau de Souffle-de-Serpent dans mon dos et Dard-de-Guêpe
à ma ceinture. Ce serait un combat à terre, mur de boucliers contre mur de
boucliers, une mêlée dans la boue, et les Danes avaient l’avantage, car ils
pouvaient nous cueillir l’un après l’autre. Cela ne me plaisait guère et je
voyais bien que Leofric en était furieux, mais Alfred se coiffait de son casque
sans se départir de son calme.
    — Dieu est avec nous, dit-il.
    — Il le faudra bien, marmonna Leofric. Au

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