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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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convint-il. Nous aurons sur le râble
bailli, ealdorman, évêque et toute leur damnée suite. (Il éclata soudain de
rire, ce qui ne lui arrivait que fort rarement.) Alors, allons tuer quelques
Danes, en attendant !
    Ce que nous fîmes. Et par un heureux hasard, ce fut le
navire qui nous avait humiliés. Il essaya le même tour, mais cette fois je
lançai Heahengel sur lui, notre proue l’emboutit par le travers et nos
archers criblèrent son équipage de leurs traits. Leofric mena l’abordage et
bientôt la mer fut rouge du sang des Vikings. Deux de nos hommes parvinrent à
arrimer les deux navires : cela me permit d’abandonner le gouvernail et,
sans prendre la peine de chausser ma cotte ni mon casque, je sautai à bord de
l’ennemi en brandissant Souffle-de-Serpent et me joignis à la bataille. Les
boucliers s’entrechoquaient sur le large pont, des lances perçaient les chairs,
épées et haches tournoyaient sous les volées de flèches, tandis que des hommes
hurlaient et que d’autres mouraient. Tout fut consommé avant que le Ceruphin ou le Cristenlic nous aient rejoints.
    Et comme cela me plut ! Quelle joie d’être jeune et
fort, d’avoir une bonne épée et de survivre ! Les quarante-six hommes de
l’équipage dane furent tous massacrés, sauf un, et il ne dut la vie qu’à
Leofric : il cria qu’il nous fallait un prisonnier. Nous perdîmes trois
hommes, six furent gravement blessés et moururent quand nous touchâmes terre,
mais nous écopâmes le navire viking et le remorquâmes à Hamtun. Et dans ses
entrailles ruisselantes de sang, nous trouvâmes un coffre rempli d’argent volé
dans un monastère de Wiht. Leofric en offrit une belle partie aux archers, et
lorsque nous débarquâmes et fûmes accueillis par le bailli, qui demanda que
nous libérions nos archers, deux seulement nous quittèrent. Les autres, ayant
vu là moyen de devenir fort riches, demandèrent à rester.
    Le prisonnier se nommait Hroi. Son seigneur, que nous avions
tué dans la bataille, s’appelait Thurkil et servait Guthrum, qui était en
Estanglie et s’y faisait appeler roi.
    — Porte-t-il encore cet os dans sa chevelure ?
demandai-je.
    — Oui, mon seigneur, dit Hroi.
    Il ne m’appelait pas seigneur parce que j’étais un
ealdorman, car il l’ignorait, mais parce qu’il espérait que je le lui
laisserais la vie sauve une fois que je l’aurais interrogé.
    — Guthrum attend Halfdan pour attaquer, me dit-il.
    — Et où est Halfdan ?
    — En Irlande, mon seigneur.
    — Pour venger Ivar ?
    — Oui, mon seigneur.
    — Connais-tu Kjartan ?
    — Je connais trois hommes ainsi nommés, mon seigneur.
    — Kjartan de Northumbrie, le père de Sven.
    — Le jarl Kjartan ?
    — Il se fait appeler jarl, à présent ?
demandai-je.
    — Oui, mon seigneur. Et il est encore en Northumbrie.
    — Et Ragnar, fils de Ragnar l’Intrépide ?
    — Le jarl Ragnar est avec Guthrum, mon seigneur, en
Estanglie. Il a quatre navires.
    Nous enchaînâmes Hroi et l’envoyâmes sous escorte à
Wintanceaster, car Alfred aimait parler aux prisonniers danes. J’ignore ce
qu’il advint de lui. Il fut probablement pendu ou décapité, car la miséricorde
d’Alfred n’allait pas jusqu’aux pirates païens.
    Et je songeai à Ragnar le Jeune, devenu jarl Ragnar, et me
demandai si je croiserais ses navires sur la côte de Wessex, si Hroi avait
menti et si Guthrum nous envahirait durant l’été. Mais personne ne vint et,
alors qu’arrivait le cœur de l’été, Alfred se sentit suffisamment confiant pour
visiter la flotte.
    Nous apprîmes la présence de sept vaisseaux danes au large
d’Heilincigæ. La nouvelle fut confirmée lorsque nous vîmes s’élever de la fumée
d’un village pillé. Alfred ne nous avait point prévenus de sa venue,
probablement parce qu’il voulait nous voir tels que nous étions. Dès qu’il
apprit que les Danes étaient à Heilincigæ, il nous ordonna de mettre voile et
s’embarqua surl’ Heahengel avec deux gardes et trois prêtres,
dont Beocca, qui vint se placer près du gouvernail.
    — Tu es devenu robuste, Uhtred, me dit celui-ci, comme
sur un ton de reproche.
    J’étais bien plus grand que lui, désormais.
    — Si vous ramiez, mon père, répondis-je, vous le seriez
aussi.
    — Je ne puis m’imaginer à la rame, gloussa-t-il avant
de désigner le gouvernail. Est-ce difficile à manœuvrer ?
    Je le laissai le manier et lui dis de faire légèrement
tourner le navire

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