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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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vinrent harceler la côte du Wessex, piller, violer,
incendier et massacrer.
    Et nous prîmes la mer.

Chapitre 8
    Nous passâmes printemps, été et automne de l’an 875 à
naviguer le long de la côte sud du Wessex. Nous étions divisés en quatre
flottilles, et Leofric commandaitl’ Heahengel, le Ceruphin et le Cristenlic, dont les noms signifiaient Archange, Chérubin et
Chrétien. C’était Alfred qui les avait ainsi baptisés.
    J’avais le corps endolori et les mains dures comme chêne à
force de tirer sur ma rame, mais j’y gagnai des muscles, en quantité. J’étais
énorme désormais, et grand, insolent et belliqueux. Je n’attendais qu’une
chose : que l’ Heahengel se lance contre quelque navire dane, mais
notre premier affrontement fut un désastre. Nous longions une splendide côte de
hautes falaises blanches, et le Ceruphin et le Cristenlic croisaient au large pendant que nous rôdions dans l’espoir d’attirer un navire
viking dans une embuscade. Le piège fonctionna, mais le Viking était meilleur.
Nous le pourchassâmes contre la marée descendante, gagnant sur lui à chaque
coup de rame, mais lorsqu’il vit surgir Ceruphin et Cristenlic, leurs
rames luisant dans le couchant et leurs proues éclaboussées d’écume blanche, le
capitaine dane vira de bord presque sur place et, désormais aidé par la marée,
se précipita sur nous.
    — Droit sur lui ! rugit Leofric à Werfeth, qui
tenait le gouvernail.
    Mais au lieu d’obéir, Werfeth préféra éviter la collision,
et je vis le navire dane rentrer ses rames puis foncer sur nous par tribord.
Sous la force du choc, certains de nos rameurs eurent des côtes brisées. Puis
les archers danes décochèrent leurs flèches. L’une atteignit Werfeth au cou, du
sang jaillit sur le pont et, tandis que Leofric braillait d’une rage
impuissante, les Danes ressortaient leurs rames et s’enfuyaient sur la marée en
nous huant, tandis que nous restions coincés dans les vagues.
    — As-tu déjà manié l’aviron de gouverne, bout de
cul ? me demanda Leofric en traînant sur le côté Werfeth qui agonisait.
    — Oui.
    — Alors, manie celui-ci.
    Nous rentrâmes comme nous pûmes avec moitié moins de rames
et apprîmes deux choses. D’une part, qu’il fallait prévoir des rames de
rechange et, d’autre part, que nous devions embarquer des archers. Seulement,
l’ealdorman Freola, qui commandait la fyrd d’Hamptonscir, déclara qu’il
ne pouvait nous accorder nul archer, car il en avait trop peu, les vaisseaux
ayant déjà accaparé un trop grand nombre de ses soldats. Hacca, son frère, nous
conseilla de ne pas insister.
    — Usez de vos lances, dit-il à Leofric.
    — Je veux des archers, insista celui-ci.
    Le père Willibald proposa d’écrire à Alfred.
    — Eh bien, écris-lui donc, rétorqua Leofric. Et
qu’arrivera-t-il ensuite ?
    — Il enverra des archers, bien sûr ! s’exclama
Willibald.
    — La lettre ira à ses damnés clercs, qui sont tous
prêtres, et elle finira sur un tas de missives. Et lorsqu’elle parviendra enfin
à Alfred, il nous demandera des précisions et d’ici là nous serons à la Noël et
tous morts, nos reins criblés de flèches danes. (Il jeta un regard flamboyant
au prêtre et je ne l’en appréciai que davantage. Il me vit sourire.) Qu’y
a-t-il de si drôle, Endwerc ? demanda-t-il.
    — Je peux te trouver des archers.
    — Comment ?
    Nous nous rendîmes au marché d’Hamtun et montrâmes une pièce
d’or du trésor de Ragnar, annonçant que cette pièce gravée d’étranges lettres
irait au meilleur archer, vainqueur d’un concours qui se tiendrait la semaine
suivante. La pièce valait bien plus que ce que la plupart des hommes pouvaient
gagner en un an, et Leofric fut curieux de savoir comment j’étais entré en sa
possession, mais je refusai de lui en dire plus. Je préparai des cibles et le
bruit courut dans les environs qu’une fabuleuse pièce d’or pouvait être gagnée
à l’aide de simples flèches. Plus de quarante hommes vinrent éprouver leur
adresse. Nous embarquâmes les douze meilleurs à notre bord, et deux autres
dizaines pour le Ceruphin et le Cristenlic, puis nous prîmes la
mer. Nos douze archers protestèrent, bien sûr, mais Leofric montra les dents et
ils se firent doux comme agneaux.
    — Pour une crotte perdue par un bouc, me dit Leofric,
tu n’es pas tout à fait inutile.
    — Ils nous feront des ennuis à terre, l’avertis-je.
    — Bien sûr,

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