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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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hommes
se joignirent à lui, fauchant l’ennemi sur la grève, criant leur haine de ces
hommes qui avaient brûlé leurs navires. Lorsque tout fut terminé, nous
comptâmes soixante-huit cadavres d’Angles, tandis que d’autres s’étaient noyés
dans la mer, entraînés par le poids de leurs armures. Le seul navire angle qui
parvint à en réchapper était celui des mourants, aux flancs ruisselants de
sang. Les Danes victorieux dansèrent sur les cadavres et entassèrent les armes
qu’ils avaient prises. Trente Danes étaient morts et furent brûlés sur un
navire encore en feu. Nous avions perdu six vaisseaux, mais Ubba avait gardé
les trois navires anglais échoués, que Ragnar qualifia de déchets.
    — C’est incroyable qu’ils flottent, déclara-t-il en
donnant un coup de pied dans une fente mal calfatée.
    Pourtant, je trouvais que les Angles s’étaient bien
débrouillés. Ils avaient commis des erreurs, mais ils avaient blessé la fierté
des Danes en brûlant leurs navires. Et si le roi Edmond avait attaqué le mur
protégeant le camp, il aurait pu tourner le massacre à son avantage. Mais au
contraire il avait battu en retraite. Car il pensait affronter l’armée dane par
la mer, alors que la véritable attaque était venue de terre.
    Ubba était furieux. Quelques prisonniers angles furent
sacrifiés à Odin. Le lendemain matin, abandonnant sur la plage nos navires
calcinés, tels des squelettes noirs, nous rejoignîmes notre flotte.

Chapitre 4
    Le roi Edmond d’Anglie reste dans les esprits comme un
saint, l’une de ces âmes bénies qui vivent pour l’éternité dans l’ombre de
Dieu. C’est du moins ce que racontent les prêtres. Selon eux, au paradis, les
saints occupent une place privilégiée du grand château de Dieu, où ils chantent
les louanges du Seigneur. Beocca me vantait toujours cette perspective
enchanteresse, mais moi je trouve cela fort monotone. Les guerriers danes, eux,
sont emmenés au Valhalla, le château des morts d’Odin, où ils passent leurs
jours à se battre et leurs nuits à festoyer et boire, et je n’ose avouer aux
prêtres que cela me semble une bien plus agréable manière de passer le temps
outre-tombe. J’ai un jour demandé à un évêque s’il y avait des femmes au
paradis.
    — Bien sûr, mon seigneur. La plupart des saints les
plus bienheureux sont des femmes.
    — Je parle de femmes que l’on peut trousser, l’évêque.
    Il répondit qu’il prierait pour moi, et peut-être l’a-t-il
fait.
    J’ignore si le roi Edmond était un saint. C’était un sot,
voilà qui est sûr. Il avait donné refuge aux Danes, les avait payés, leur avait
offert vivres et fourni chevaux, tout cela sur la promesse qu’ils quitteraient
l’Estanglie au printemps et ne toucheraient pas un cheveu du moindre clerc.
Deux ans plus tard et bien plus puissants, les Danes étaient de retour et le
roi Edmond fut obligé de les combattre. Après la débâcle angle en Mercie et en
Northumbrie, il savait que son royaume subirait le même sort. Il rassembla donc
sa fyrd, pria son dieu et marcha à la bataille. D’abord, il nous aborda
par la mer puis, apprenant qu’Ivar contournait les grandes étendues
marécageuses du Gewaesc, il se retourna contre lui. Ubba mena alors notre
flotte en amont du Gewaesc et nous remontâmes l’une des rivières jusqu’à ce
qu’elle soit trop étroite. Les hommes remorquèrent les navires en pataugeant
dans l’eau jusqu’à la taille. Lorsque nous ne pûmes aller plus loin, nous
laissâmes nos navires sous bonne garde et suivîmes les chemins détrempés. Nous
ignorions où nous étions. Nous savions seulement qu’en nous dirigeant vers le
sud, nous devions atteindre la route prise par Edmond pour rejoindre Ivar. En
coupant cette voie, nous le prendrions en tenaille entre nos forces et celles
d’Ivar.
    C’est précisément ce qui se passa. Ivar affronta l’armée
d’Edmond, mur de boucliers contre mur de boucliers, et nous n’en eûmes
connaissance que lorsque les premiers Angles fuyant vers l’est se heurtèrent à
nous. Cela nous fut confirmé le lendemain par les cavaliers d’Ivar.
    Le roi Edmond s’enfuit. L’Estanglie étant un vaste pays, il
aurait pu trouver refuge dans une forteresse ou gagner le Wessex. Il préféra
s’en remettre à Dieu et se réfugia dans le petit monastère de Dic. Ce monastère
était perdu dans les marécages et peut-être le roi crut-il qu’on ne l’y
trouverait jamais, car, comme on me

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