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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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demanda Ivar au roi.
    Edmond regarda ses prêtres et moines et je me demandai s’il
n’allait pas proposer que l’un d’eux le remplace pour éprouver la puissance de
Dieu. Puis il fronça les sourcils et se retourna vers Ivar.
    — J’accepte ta proposition.
    — Tu acceptes que nous tirions nos flèches sur
toi ?
    — J’accepte de demeurer roi ici.
    — Mais tu veux me laver.
    — Nous pouvons nous passer de cela, déclara Edmond.
    — Non, dit Ivar. Tu as prétendu que ton dieu est
tout-puissant et qu’il est le seul. Je veux en avoir la preuve. Si tu dis vrai,
nous nous ferons tous laver. C’est bien d’accord ?
    Cette dernière question s’adressait aux Danes, qui
approuvèrent bruyamment.
    — Pas moi, protesta Ravn. Je ne veux point être lavé.
    — Nous serons tous lavés ! aboya Ivar.
    Je me rendis compte que l’issue de l’épreuve l’intéressait
réellement, bien plus, en vérité, que de conclure rapidement la paix avec
Edmond. Ivar essayait de découvrir si, depuis des années, il adorait les dieux
qu’il ne fallait pas.
    — Portes-tu une armure ? demanda-t-il à Edmond.
    — Non.
    — Mieux vaut s’en assurer, intervint Ubba en
considérant la tenture. Qu’on le déshabille, ordonna-t-il.
    Le roi et les clercs protestèrent, mais les Danes ne
voulaient rien entendre et le roi se retrouva nu comme un ver. Brida était aux
anges.
    — Quel gringalet ! se gaussa-t-elle.
    Edmond s’efforça de rester digne. Les moines et les prêtres
s’étaient agenouillés et priaient, tandis que six archers prenaient position à
une douzaine de pas d’Edmond.
    — Nous allons savoir si le dieu angle est aussi
puissant que les nôtres. S’il l’est et si le roi survit, nous deviendrons tous
chrétiens, tous ! proclama Ivar.
    — Pas moi, répéta Ravn à voix basse, pour qu’Ivar
n’entende pas. Raconte-moi ce qui se passe, Uhtred.
    Ce fut rapidement fini. Les six flèches atteignirent leur cible,
le roi poussa un cri, du sang gicla sur l’autel, il tomba en se tortillant
comme un saumon harponné, puis six autres flèches le criblèrent. Edmond se
tortilla encore et les Danes continuèrent de tirer, à grand-peine tant ils
riaient, et ils ne cessèrent que lorsque le roi fut hérissé de flèches comme un
porc-épic. Il était mort et bien mort, sa peau blanche ruisselante de sang, la
bouche ouverte. De nos jours, bien sûr, on ne raconte pas cette histoire. On
dit aux enfants que le brave saint Edmond tint tête aux Danes, exigea leur
conversion et fut massacré, mais la vérité est que ce sot avait lui-même
provoqué son supplice.
    Les prêtres et les moines gémissaient tant qu’Ivar ordonna
qu’on les tue, puis il décréta que le jarl Godrim, l’un de ses lieutenants,
régnerait sur l’Estanglie et qu’Halfdan ravagerait le pays pour étouffer les
dernières résistances. Godrim et Halfdan reçurent un tiers de l’armée pour
maintenir la paix en Estanglie, tandis que le reste retournerait soumettre la
Northumbrie révoltée.
    L’Estanglie n’était plus. Et le Wessex était le dernier
royaume d’Angleterre.
    Nous retournâmes en Northumbrie en remontant la côte, tantôt
à la rame, tantôt à la voile, puis à la rame par l’Humber et l’Ouse. Bientôt
les murs d’Eoferwic apparurent et nous hissâmes le navire à sec, afin qu’il ne
pourrisse pas durant l’hiver. Ivar et Ubba nous accompagnèrent pour que la
flotte tout entière, rames ruisselantes et proues ornées de branches de chêne
vert témoigne de notre victoire. En prenant trois des quatre royaumes d’Anglie,
les Danes avaient amassé une fortune qui fut partagée entre les guerriers.
Certains décidèrent de rentrer au Danemark avec leur part, mais la plupart
restèrent car le royaume le plus prospère était encore invaincu et certains
pensaient qu’ils seraient riches comme les dieux une fois le Wessex tombé.
    Ivar et Ubba s’attendaient à des difficultés à Eoferwic,
mais les troubles qui agitaient la Northumbrie n’avaient pas atteint la ville
et le roi Egbert, qui gouvernait sous la férule des Danes, nia d’un air boudeur
qu’il y ait eu le moindre soulèvement. L’archevêque Wulfhere leur répondit de
même.
    — Il y a toujours maints brigandages. Peut-être est-ce
de cela que vous avez entendu parler ?
    — Ou bien c’est toi qui es sourd, répliqua sèchement
Ivar.
    Il avait raison de se montrer soupçonneux, car, une fois
répandue la nouvelle du retour de

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