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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Gewaesc.
    — Les proues ?
    — Pas de bêtes, rien que du bois.
    — Les rames ?
    — Dix de chaque côté, peut-être onze. Mais il y a plus
de soldats que de rameurs.
    — Des navires angles ! s’écria Ravn, stupéfait.
    En dehors de petits esquifs pour la pêche et de quelques
embarcations marchandes, les Angles avaient peu de vaisseaux ; pourtant,
ceux-là étaient des navires de guerre, long et effilés comme les nôtres, qui
glissaient dans le dédale des canaux pour attaquer la flotte échouée d’Ubba.
Voyant de la fumée s’élever du plus proche, je compris qu’il y avait un brasier
à bord. Les Angles avaient pour dessein de brûler les navires danes et de
prendre Ubba au piège.
    Mais Ubba les avait vus, lui aussi, et déjà l’armée dane
rejoignait le camp. Le navire de tête tira des flèches enflammées sur le plus
proche vaisseau dane, gardé seulement par des malades et des infirmes,
incapables de le défendre contre une attaque.
    — Les garçons ! cria l’un d’eux.
    — Allez ! s’exclama Ravn, allez !
    Brida, qui se considérait comme valant bien un garçon,
partit avec les jumeaux et moi. Nous sautâmes sur la grève et courûmes le long
du rivage vers le navire dane d’où montait une fumée toujours plus épaisse.
Deux vaisseaux angles tiraient des flèches, pendant que les deux autres
tentaient d’atteindre le reste de notre flotte.
    Nous étouffions les flammèches pendant que les gardes
lançaient leurs javelots sur les équipages angles. Les navires ennemis étaient
tout près, et je remarquai qu’ils étaient construits de bois vert et mal
dégrossi. Une lance se ficha non loin de moi, je m’en emparai et la renvoyai,
mais pas assez fort car elle tomba dans la mer. Comme les jumeaux ne tentaient
rien pour éteindre le feu, j’en frappai un et le menaçai de le battre, mais
nous étions arrivés trop tard pour sauver le premier navire, qui flambait. Nous
l’abandonnâmes et tentâmes de protéger le suivant, mais une volée de flèches
enflammées cribla les bancs des rameurs, une autre atteignit la voile repliée
et deux des garçons gisaient, morts, sur le rivage. Le navire angle de tête mit
le cap sur la grève, une troupe d’hommes à sa proue, armés de lances, de haches
et d’épées.
    — Edmond ! hurlaient-ils. Edmond !
    La quille racla le sable, les guerriers sautèrent à terre et
commencèrent à massacrer nos gardes. Les énormes haches s’abattaient, le sang
giclait sur le sable, emporté par les vaguelettes. J’empoignai Brida et
l’entraînai à travers un petit canal peu profond grouillant de minuscules
poissons argentés.
    — Il faut sauver Ravn ! lui criai-je.
    Elle riait. Brida adorait le chaos.
    Trois des navires angles avaient déversé leurs équipages qui
achevèrent nos gardes, tandis que le quatrième glissait sur l’eau, décochant
des flèches enflammées. Enfin, les hommes d’Ubba se précipitèrent sur l’ennemi.
Certains étaient restés avec la bannière au corbeau près du rempart pour
protéger le camp, mais les autres criaient vengeance. Les Danes ont une
adoration pour leurs navires. Pour eux, tout comme femme ou épée belle et
effilée, un navire mérite qu’on meure, ou du moins qu’on se batte pour lui.
    Les Angles avaient bien manœuvré jusque-là, mais la marée
descendait et ils n’avaient plus assez de fond. Des Danes lancèrent des volées
de haches, lances et flèches sur l’équipage du seul bateau encore à flot,
tandis que les autres s’attaquaient aux Angles débarqués.
    Ce fut un massacre. Un combat parfait que s’emploieraient à
célébrer les scaldes. Le rivage était inondé de sang que léchaient des
vaguelettes dans les hurlements des soldats. Tout alentour des navires en feu,
le soleil, voilé, était devenu pourpre sur le sable teinté de rouge. Et dans
cette fumée, la fureur des Danes fut terrible. Ce fut la première fois que je
vis Ubba se battre et il m’émerveilla, car cet adorateur de l’épée, ce guerrier
faucheur, semait la mort. Il ne se battit point dans le mur de boucliers mais
fondit sur ses ennemis, les assommant d’un côté de son bouclier tandis qu’il
les déchiquetait de sa hache. Il semblait invincible, car à un moment il fut
encerclé par des Angles ; mais dans un hurlement de haine et un fracas de
fer, Ubba surgit de l’enchevêtrement de combattants, sa lame et sa barbe
ruisselantes de sang, et il chercha d’autres adversaires. Ragnar et ses

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