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Le dernier templier

Le dernier templier

Titel: Le dernier templier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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position. Rageusement, le chevalier tapa du poing sur le côté du bateau et contempla, impuissant, la figure de proue qui se dressait, résistant aux assauts de la mer déchaînée, avant de se briser comme une brindille et de disparaître dans une eau écumante.

62
    Au bord de la suffocation, Tess sentit son coeur se serrer.
    — Alors c’est ça ? Après tous ces efforts, c’est au fond de la mer ? souffla-t-elle, incrédule.
    Elle ressentit une soudaine montée de colère.
    — Mais pourquoi tout ce mystère ? gronda-t-elle. Pourquoi la lettre codée ? Pourquoi ne pas avoir simplement fait savoir aux Templiers de Paris qu’ils l’avaient perdu irrémédiablement ?
    — Pour entretenir la légende, suggéra Vance. Pour laisser croire qu’ils avaient encore cet atout en main. Tant qu’il restait en leur possession, au moins théoriquement, leur cause continuait d’exister. Et ils étaient en sécurité.
    — Jusqu’à ce qu’ils soient contraints de mettre cartes sur table ?
    — Exactement. Rappelle-toi que cette chose était d’une importance primordiale pour les Templiers. Tu ne peux pas imaginer qu’Aimard aurait pu se dispenser d’en transmettre la localisation, indépendamment du fait qu’ils puissent ou non la récupérer de leur vivant.
    Tess se frotta les yeux. Des images se bousculaient dans sa tête, des visions vieilles de plusieurs siècles d’hommes embarqués dans un périple désespéré, et d’autres tirés vers des bûchers. Elle rouvrit les yeux et son regard tomba sur l’astrolabe. Tout ce chemin, tous ces risques... pour ça.
    — Ils étaient si près du but !
    Perdu dans ses pensées, Vance continuait d’examiner l’instrument avec le plus grand soin.
    — Si le Faucon-du-Temple avait tenu quelques heures de plus, ils auraient pu le consolider. Et en longeant la côte, ils auraient été en mesure de rejoindre à la rame l’une des îles grecques proches, qui étaient entre des mains amies. Là, ils auraient réparé le mât et remonté la voile. Sans crainte désormais d’être attaqués, ils auraient pu gagner soit Chypre, soit, plus probablement, la France.
    Il marqua une pause, puis ajouta, presque pour lui-même :
    — Et nous vivrions dans un monde très différent...
    Assis sur un tas de parpaings, Reilly ne put se contenir plus longtemps. La frustration était devenue insupportable. Quelques instants plus tôt, il avait vu qu’il tenait une bonne chance d’échapper aux Turcs et à Vance s’il agissait vite. Mais il n’avait pas voulu mettre en danger Tess ou Rüstem. Seulement, il y avait plus ici en jeu qu’un simple orgueil meurtri. Quelque part, la poursuite s’était transformée, passant d’une simple chasse à l’homme à quelque chose de beaucoup plus insidieux : il se sentait menacé, mais ce n’était pas physique.
    — Un monde différent ? railla-t-il. Tout ça à cause de quoi ? D’une formule magique pour fabriquer de l’or ?
    Vance laissa échapper un rire méprisant.
    — S’il vous plaît, agent Reilly. Ne souillez pas le grand héritage des Templiers avec de vulgaires mythes alchimiques. C’est un fait attesté qu’ils ont acquis leur richesse grâce aux dons des nobles de toute l’Europe, avec l’entière bénédiction du Vatican. On a fait pleuvoir sur eux domaines et argent parce que les chevaliers du Temple étaient les vaillants défenseurs des pèlerins... mais pas seulement pour cela. Vous voyez, leur mission était considérée comme sacrée. Leurs partisans et leurs soutiens croyaient que les Templiers cherchaient quelque chose qui apporterait un bienfait incommensurable à l’humanité.
    Un soupçon de sourire se glissa sur ses traits sévères.
    — Ce qu’ils ignoraient, c’est que, si les Templiers avaient réussi, cette découverte aurait bénéficié à toute l’humanité, et pas seulement aux « élus », comme les chrétiens d’Europe avaient l’arrogance de se considérer.
    — De quoi parlez-vous ? grommela Reilly.
    — Parmi les accusations qui ont entraîné la chute des Templiers, il y a l’affirmation selon laquelle ils se seraient rapprochés des autres habitants de la Terre sainte, les musulmans et les juifs. On a prétendu que nos chers chevaliers avaient été séduits par leurs contacts avec eux, qu’ils auraient eu des échanges mystiques. Sur ce point, je dois dire que les accusations étaient fondées, bien qu’elles aient été rapidement laissées de côté au

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