Le dernier templier

venus là en mission pour récupérer quelque chose qui avait été perdu depuis mille ans, quelque chose que les grands prêtres avaient caché pour le soustraire aux légions de Titus. Quelle meilleure couverture pour eux — quelle meilleure façon d’avoir accès au site qui les intéressait — que de prétendre être des partisans purs et durs du pape et de sa croisade ? Il faut que tu comprennes qu’ils n’entendaient pas affronter l’Église aveuglément. En tout cas, pas avant d’avoir amassé assez de pouvoir et de richesses pour survivre à toutes les épreuves. Le Vatican avait déjà derrière lui une longue histoire de répression contre quiconque voulait remettre en cause la « seule vraie foi » : des villages entiers, des femmes et des enfants massacrés par les armées du pape pour avoir osé suivre leurs propres croyances. Alors les Templiers élaborèrent un plan. Pour abattre l’Église, ils devaient se procurer les armes — et l’influence. Et ils y parvinrent presque. Ils retrouvèrent ce qu’ils cherchaient. En tant que chevaliers du Temple, ils devinrent très puissants militairement et influents politiquement. Ces hommes furent bien près d’accomplir leur objectif spirituel. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est qu’ils seraient chassés de la Terre sainte — non seulement eux, mais toutes les armées chrétiennes — avant d’avoir eu la possibilité de lancer leur attaque contre l’Église. Malheureusement, quand cela arriva, en 1291, avec la chute d’Acre, ils ne perdirent pas seulement la base de leur puissance — leurs châteaux, leur armée, leur position dominante outre-mer —, mais également, avec le naufrage du Faucon-du-Temple, l’arme grâce à laquelle ils avaient fait chanter le Vatican pendant deux cents ans, ce secret qu’ils avaient redécouvert et qui devait leur permettre d’accomplir leur destin. A partir de là, leur destruction ne fut plus qu’une question de temps.
    Vance hocha la tête avant de leur adresser un regard ardent.
    — Seulement maintenant, avec un peu de chance, nous pouvons peut-être achever leur oeuvre.
    Soudain, le silence fut brisé par une détonation. La tête de l’un des hommes de Vance explosa, tandis que la puissance de l’impact projetait son corps à terre.

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    Aussitôt, Reilly bondit vers Tess, mais Vance l’avait déjà attrapée par la taille et la poussait pour la mettre à l’abri derrière son pick-up. D’autres balles volèrent et explosèrent autour de l’agent spécial qui plongeait pour se mettre à couvert derrière le 4 x 4. Il essaya de se concentrer pour isoler l’écho des détonations et repérer l’endroit où se trouvait le tireur. Trois tirs s’écrasèrent sur le Pajero, traversant le capot et le bloc-moteur, déchiquetant le pneu avant droit. Les impacts lui permirent de se faire une vague idée de l’angle de tir et donc de la position de l’homme embusqué : quelque part au sud, dans les arbres... mais hélas hors de portée de pistolet.
    Un silence inquiétant tomba sur la forêt. Après un moment de répit et d’extrême tension, Reilly se pencha pour évaluer les dommages. Le 4 x 4 n’irait plus nulle part. Il regarda vers la table renversée autour de laquelle ils étaient assis quelques instants plus tôt. Terrifié, le Turc filiforme était blotti derrière. L’agent américain remarqua un mouvement sur son flanc gauche. Rüstem émergeait du cabanon avec un fusil, une arme de petit calibre qu’il utilisait probablement pour chasser le lapin. Perplexe, le vieil homme scrutait les arbres, à la recherche du tireur. Reilly lui adressa de grands gestes frénétiques en criant. Mais, avant que l’homme ait pu réagir, deux autres coups de feu retentirent : l’une des balles ricocha sur les tuyaux de béton entassés sur le sol et l’autre s’enfonça dans la poitrine de Rüstem. Telle une poupée de chiffon, le vieux Turc fut projeté en arrière contre la cabane.
    De sa planque derrière le hayon du Pajero, Reilly vit Vance lever la main pour ouvrir la portière avant gauche du pick-up d’un coup sec. Le professeur poussa Tess devant lui avant de se hisser derrière elle pour se mettre au volant. Il démarra et embraya. Le Turc grêle parvint à grimper sur le plateau de la Toyota au moment où elle tournait et se dirigeait vers la porte de l’enclos.
    Reilly n’avait pas le choix, ni même le temps de récupérer son browning. Regardant le flanc de la