Le dernier templier
vers le véhicule.
Une fois Tess coincée entre les deux hommes, Reilly mit le contact et la Toyota meurtrie redescendit la pente. Ses occupants étaient perdus dans une méditation silencieuse sur ce qui les attendait.
À la seconde même où il vit le pick-up sortir en force de l’enclos et s’élancer sur la piste poussiéreuse, De Angelis regretta d’avoir mis le Landcruiser en travers de la route pour empêcher une éventuelle fuite. Le vacarme que produisit la Toyota en le heurtant n’était pas de bon augure. La vision de l’aile droite et de la calandre pulvérisées confirma ses pires craintes.
Il n’avait pas besoin du constat de Plunkett pour savoir que leur véhicule n’irait plus nulle part. Il ouvrit la portière arrière et fouilla dans leurs affaires. Il y récupéra le GPS et l’alluma rageusement. Le curseur clignota sans indiquer le moindre mouvement. Au comble de la fureur, De Angelis réalisa que l’écran indiquait les coordonnées de la cabane de Rüstem. Le mouchard devait toujours être sur le sac de Tess, abandonné dans le Pajero. Il allait devoir trouver un autre moyen de les localiser, ce qui ne serait pas facile dans ce secteur forestier et montagneux.
L’ecclésiastique reposa le moniteur portatif et se tourna vers le lac, fulminant contre le tour que venaient de prendre les événements. Il savait qu’il n’avait pas à rendre Plunkett responsable de leur fâcheuse situation. La véritable cause était ailleurs, en lui.
Elle s’appelait l’orgueil.
Il avait été trop confiant.
Le péché d’orgueil. Encore matière à confession.
— Leur 4 x 4 est dans la cour. S’il marche, on peut l’utiliser.
Plunkett tenait le gros fusil à lunette. Il commença à s’éloigner du Landcruiser, impatient de filer.
De Angelis n’avait pas bougé un muscle. Il se tenait simplement là, calmement, fixant la surface lisse et miroitante du lac.
— Faisons les choses dans l’ordre. Passe-moi la radio.
66
Reilly fixa derrière lui la piste que le pick-up venait de parcourir et tendit l’oreille. Il n’y avait aucun autre bruit que le chant des oiseaux qui, dans les circonstances présentes, semblait étrangement déconcertant. Ils avaient franchi une quinzaine de kilomètres avant que l’obscurité croissante ne les force à faire des projets pour la nuit. L’agent spécial avait décidé de s’écarter de la route poussiéreuse et de suivre une piste latérale qui les avait menés jusqu’à une petite clairière près d’un torrent. Ils allaient devoir bivouaquer tant bien que mal jusqu’à l’aube, avant de poursuivre vers la côte.
L’agent du FBI était certain que le gros Landcruiser avait été mis hors d’usage par la charge intrépide de Vance. Quels que soient leurs agresseurs, il leur faudrait des heures pour les rejoindre à pied. Et, s’ils utilisaient un véhicule, on pourrait au moins les entendre approcher. En contemplant les derniers rayons de soleil s’évanouissant derrière les montagnes, Reilly espéra que les ténèbres allaient leur procurer une couverture suffisante. Il n’y aurait pas de feu de camp ce soir.
Il avait laissé Vance attaché au pick-up, les mains liées dans le dos. Une fouille de la Toyota n’avait pas révélé la moindre arme cachée, mais elle avait fourni un confort minimum, sous la forme d’un réchaud à gaz et de boîtes de nourriture. Hélas, ils ne trouvèrent aucun vêtement pour se changer. Tess et lui allaient devoir rester dans leurs combinaisons de plongée.
Il rejoignit la jeune femme au bord de l’eau. Assoiffé, il s’agenouilla pour se désaltérer avant d’aller s’installer sur un gros rocher près d’elle.
Il ne lui restait plus qu’à ramener Vance aux États-Unis pour le traduire en justice. Mais ce n’était pas si simple. Il y avait peu de chances pour qu’on le laisse sortir discrètement son prisonnier de Turquie. Des crimes avaient été commis ici. Des gens avaient été tués. Reilly réfléchit au problème. La perspective d’une procédure d’extradition compliquée avec les autorités turques ne lui souriait pas. Mais pour l’instant, ils devaient surtout quitter la montagne et rejoindre la côte sains et saufs. Ceux qui leur avaient tiré dessus semblaient avoir une philosophie claire : tuer d’abord, poser les questions ensuite. Alors qu’eux n’avaient pas d’arme, pas de radio et se trouvaient hors de portée de tout réseau de téléphonie cellulaire.
À
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