Le dernier templier

dans un grand fracas. L’homme fut éjecté du pick-up et bascula par-dessus le mur du barrage, côté à pic. Son long cri d’horreur se perdit dans le rugissement du moteur.
    Ils atteignirent la fin du barrage et Vance reprit l’entière maîtrise du volant pour lancer le pick-up à l’assaut de la piste que Reilly et Tess avaient suivie quelques heures plus tôt. L’agent fédéral savait qu’ils étaient maintenant protégés du sommet où le tireur était embusqué. Etant donné l’état de la route défoncée, le conducteur fut bientôt contraint de ralentir, mais Sean songea qu’il n’y avait pour le moment aucune raison de l’obliger à s’arrêter totalement.
    Il le laissa poursuivre sur quelques kilomètres avant de frapper sur le toit de la cabine. À travers la vitre arrière, il vit le professeur hocher la tête, puis immobiliser le 4 x 4.

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    Après avoir passé son bras à l’intérieur et enlevé les clés de contact, Reilly fit le tour du véhicule pour examiner les dégâts. De son côté, hormis quelques meurtrissures et une douleur lancinante dans la jambe gauche, il ne souffrait que d’écorchures. Et si le pick-up était cabossé et troué de balles, l’agent du FBI était impressionné de voir à quel point il avait bien résisté.
    La porte de Vance s’ouvrit en grinçant. Aussitôt, le professeur et Tess sortirent de la camionnette. Reilly vit tout de suite qu’ils étaient sérieusement secoués. Il s’était douté que Tess le serait, mais pas Vance.
    Il étudia les yeux de l’homme et lut dans ceux-ci la même incompréhension que celle qui le rongeait.
    Cela confirmait que quelque chose ne collait pas dans le puzzle. Il l’avait senti depuis qu’il avait posé les yeux sur l’universitaire, au milieu du lac. Le premier coup de feu, celui qui avait abattu le gros nervi turc, avait aussi allumé un signal dans l’esprit de Reilly.
    Vance n’avait pas tué ses complices du Metraid. Quelqu’un d’autre était sur la piste.
    Cette prise de conscience le contrariait. Il se serait bien passé de cette complication. Si l’hypothèse d’un « superviseur » avait été envisagée quand les cavaliers avaient commencé à se faire descendre, elle avait été écartée depuis longtemps. Tout semblait aller dans le sens d’une élimination systématique des trois autres cavaliers par Vance, qui paraissait être le seul instigateur de toute cette affaire. Mais les tirs sur le lac mettaient cette théorie en pièces. Quelqu’un d’autre était sur le coup. Mais qui ? Qui d’autre savait que Vance était impliqué et, surtout, qui était prêt à assassiner plusieurs personnes pour s’approprier le mystérieux objet ?
    L’universitaire se tourna vers Tess.
    — L’astrolabe... ?
    La jeune femme hocha la tête comme si elle sortait d’un brouillard.
    — Il n’a rien, le rassura-t-elle.
    Elle tendit la main à l’intérieur de la cabine et en ressortit l’instrument. Vance le regarda et acquiesça. Puis il tourna son regard vers la crête qu’ils venaient de descendre. Reilly l’observa tandis qu’il scrutait les montagnes désertes les environnant. Il crut surprendre une lueur de résignation dans les yeux du professeur. Mais il vit aussitôt l’insolence et une détermination inébranlable revenir les habiter.
    — Qu’est-ce qui s’est passé là-bas ? demanda Tess à son compagnon en le rejoignant.
    L’homme du FBI se détourna de l’universitaire.
    — Tu vas bien ? s’inquiéta-t-il en examinant une écorchure sur le front de son amie.
    — Ça va, grimaça-t-elle avant de lever elle aussi la tête vers la rangée d’arbres les cernant comme une gigantesque muraille.
    Les montagnes étaient plongées dans un silence inquiétant, surtout après la folie qui les avait submergés quelques minutes plus tôt.
    — Mais bon sang, qu’est-ce qui s’est passé ? À ton avis, qui est là ?
    Reilly observa les arbres. Aucun signe de vie.
    — Je n’en sais rien.
    — Oh, je peux aisément imaginer que beaucoup n’ont pas très envie qu’une telle chose ressorte au grand jour, intervint Vance, le dos tourné.
    Il pivota pour leur faire face, un sourire satisfait aux lèvres.
    — Il est évident qu’ils deviennent nerveux, continua-t-il. Ce qui signifie que nous devons être tout près.
    — Je me sentirai quand même mieux quand nous aurons mis plusieurs kilomètres entre eux et nous, considéra Sean. Allons-y, ajouta-t-il avec un geste