Le dernier templier
faudra bien que tu lui parles, tôt ou tard.
Tess fit la grimace.
— Oui, eh bien, on verra.
Avec Doug, le plus tard était toujours le mieux.
Elle pouvait aisément deviner la raison des appels que son ex-mari avait laissés sur sa boîte vocale. Doug Merritt était le présentateur du journal télévisé de la filiale d’une chaîne de Los Angeles. Son travail l’absorbait et il avait forcément fait le lien entre le raid sur le Met et le fait que Tess y passait pas mal de temps. Elle devait y avoir un certain nombre de contacts. Des contacts qu’il pourrait exploiter pour obtenir des informations de première main sur ce qui devenait la plus grosse affaire médiatique de l’année.
La dernière chose dont elle avait besoin en ce moment, c’était qu’il apprenne que non seulement elle-même se trouvait là-bas, mais Kim également. Il n’hésiterait pas à utiliser ces munitions à la première occasion.
Kim.
Tess repensa à ce que sa fille avait vécu la veille au soir. Depuis le relatif asile des toilettes du musée, qu’avait-elle ressenti ? Comment allait-elle devoir lui en parler ? Avec un peu de chance, Kim ne manifesterait pas de réaction avant un moment — peut-être même jamais —, ce qui lui laisserait le temps de réfléchir à la meilleure façon de gérer ce problème. Elle se maudissait de l’avoir traînée là-bas... même si elle savait qu’il était idiot de se fustiger pour ce qui s’était passé.
Elle regarda sa fille. Heureusement, elle était bien là devant elle, vivante et en un seul morceau. L’enfant fronça soudain les sourcils.
— Maman, tu pourrais pas le laisser tomber ?
— Quoi ?
— Cet air désolé. Je vais bien, d’accord ? C’est rien. Ce n’est pas moi qui mets mes mains devant mes yeux quand un film fait peur : c’est toi !
— D’accord. À plus tard.
Dès que la voiture eut disparu, elle revint vers le bar de la cuisine, où le clignotement de son répondeur indiquait la présence de quatre messages. Si ses yeux avaient été des pistolets-mitrailleurs, elle aurait pulvérisé l’appareil sur place. Le culot de ce type ! Cela faisait six mois que Doug s’était remarié avec une jeune cadre de son entreprise. Sa nouvelle femme avait vingt ans et quelques, et déjà un physique chirurgicalement bricolé. Tess savait que ce changement de statut conduirait son ex-mari à réclamer une reconsidération de ses droits de visite. Ce n’était pas tant que Kim lui manquât, qu’il l’aimât ou s’en souciât particulièrement. Mais pour ce caractère rancunier, ce n’était qu’une question d’ego... et de méchanceté. Elle ne doutait pas qu’elle aurait à affronter ses sursauts d’élan paternel jusqu’à ce que sa jeune pin-up tombe elle-même enceinte. Alors, avec un peu de chance, il cesserait ses mesquineries et les laisserait tranquilles.
Tess se servit une grande tasse de café noir avant de se diriger vers son bureau.
Tout en allumant son ordinateur portable, elle attrapa son téléphone pour essayer d’obtenir des nouvelles de Clive Edmondson. Au New York Presbyterian Hospital, sur la 68 e Rue, on lui répondit que son état n’était pas critique, mais qu’il allait quand même rester là quelques jours.
Pauvre Clive. Elle nota les heures de visite avant de raccrocher.
Puis elle attrapa le catalogue de l’exposition maudite. En feuilletant les pages, elle trouva la photo de l’étrange appareil dérobé par le quatrième cavalier.
Il était désigné sous le nom d’« encodeur à rotors ».
Le descriptif indiquait qu’il s’agissait d’un appareil de cryptographie du XVI e siècle. Elle ne voyait pas à quel titre il pouvait figurer parmi les trésors du Vatican.
Pendant ce temps, l’ordinateur avait fini de démarrer. Tess lança un moteur de recherche sur Internet, et tapa « cryptographie » et « cryptologie ». Les liens renvoyaient à des sites web pour l’essentiel techniques qui traitaient de cryptographie moderne, de codes informatiques et de transmissions électroniques cryptées. Survolant les sites, elle finit par en trouver un qui abordait l’histoire de la cryptographie.
En le parcourant, elle tomba sur une page qui montrait certains instruments primitifs de chiffrage. Le premier présenté était la machine à chiffrer — dite « cryptographe indéchiffrable » — de Charles Wheatstone {8} , datant du XIX e siècle. Elle consistait en deux cercles concentriques :
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