Le dernier templier
des cas, c’est ce qu’ils obtinrent.
Les ordinateurs du FBI de Fédéral Plaza crachaient sans interruption des données qui venaient s’ajouter à la masse d’informations en provenance de la police new-yorkaise, des services de l’Immigration et de la Sécurité nationale. Les bases de données qui avaient proliféré après l’attentat d’Oklahoma City étaient pleines de noms de radicaux et d’extrémistes nord-américains. Et celles qui avaient suivi le 11 Septembre débordaient de renseignements sur des musulmans de différentes nationalités. Reilly savait bien que la plupart d’entre eux se trouvaient sur ces listes non pas parce qu’ils étaient soupçonnés par les autorités d’intentions criminelles, mais simplement en raison de leur religion. Non seulement cela heurtait ses principes, mais extraire quelques candidats potentiels au milieu de tous ces innocents représentait beaucoup de travail inutile.
Il sentait toujours que la piste « bubba » était la bonne, mais une pièce du puzzle manquait : le motif spécifique, le lien entre un groupe de fanatiques lourdement armés et l’Église catholique. Pour essayer d’isoler ce fil insaisissable, une équipe d’agents passait au crible documentation et bases de données.
Sean Reilly traversa l’immense plateau de travail, sans faire attention à la cacophonie des agents suspendus à leur télé phone. Il poursuivit sa route jusqu’à son box. En l’atteignant, il vit Amelia Gaines venir vers lui.
— Tu as une minute ?
On avait toujours une minute pour Amelia.
— Qu’y a-t-il ?
— Tu sais, cet appartement que nous avons attaqué ce matin ?
— Oui, j’en ai entendu parler. Il nous a au moins permis d’être bien vus de la DEA, ce qui n’est pas mauvais en soi.
D’un haussement d’épaules, Amelia montra le peu de cas qu’elle faisait de cet aspect des choses.
— Quand j’étais là-bas, j’ai observé le parc par la fenêtre. Deux cavalières passaient. L’une d’elles avait un problème avec son cheval et ça m’a fait réfléchir.
Reilly poussa une chaise vers elle et Amelia s’assit. L’agent Gaines était une bouffée d’air pur dans un Bureau dominé par les mâles — les recrues féminines n’y avaient atteint que récemment un taux de dix pour cent. Les recruteurs du FBI ne faisaient pas mystère de leur voeu d’avoir davantage de candidates, mais elles étaient peu nombreuses à se présenter. Un seul agent féminin était parvenu au rang d’agent spécial — tout en héritant dans la foulée du sobriquet de la Reine des abeilles.
Au cours des derniers mois, Reilly avait beaucoup travaillé avec Amelia. Celle-ci se révélait un atout particulièrement utile en ce qui concernait les suspects moyen-orientaux. Ils adoraient ses boucles rousses et sa peau couverte de taches de rousseur. L’expérience prouvait qu’un sourire opportun ou le dévoilement calculé d’un carré de peau permettaient souvent d’obtenir plus de résultats que des semaines de surveillance.
Si personne au Bureau ne se donnait de mal pour dissimuler l’attirance qu’elle provoquait, Amelia n’encourageait pas le moindre harcèlement sexuel. Il était tout aussi difficile d’imaginer quelqu’un s’en prendre à elle. Seule fille au milieu de quatre frères, la jeune femme avait été élevée dans une famille militaire. En outre, à seize ans, elle était déjà ceinture noire de karaté, avant de devenir une tireuse d’élite de premier ordre. Elle n’avait besoin de personne pour prendre soin d’elle.
Une fois, moins d’un an auparavant, ils s’étaient retrouvés seuls dans un café et Reilly avait été sur le point de l’inviter à dîner. Il avait finalement décidé de s’abstenir, estimant — non sans un certain optimisme — que la soirée risquait fort de ne pas s’achever par le dîner. Les relations dans le travail n’étaient jamais faciles ; au Bureau, il le savait, elles n’avaient aucune chance de succès.
— Continue, l’encouragea-t-il.
— Tu as vu les vidéos du hold-up ? Il est clair que ces cavaliers ne se contentaient pas de monter les chevaux ; ils les contrôlaient à la perfection. Rappelle-toi quand ils ont gravi les marches, par exemple. Pour des cascadeurs d’Hollywood, c’est facile, mais dans la vie réelle, c’est une tout autre affaire. C’est même très difficile.
À son ton, on devinait qu’elle savait le faire... tout en ne maîtrisant pas
Weitere Kostenlose Bücher