Le dernier templier
bleuâtre et jaune autour des épaules et de la tête du malheureux, qui chancelait sur le trottoir. Ses hurlements se mêlaient aux cris des témoins horrifiés et au concert de klaxons qui venait de se déclencher. Gus sortit juste derrière la torche humaine.
Les yeux du colosse balayèrent les parages de droite à gauche, fixés comme ceux d’un faucon sur les quatre hommes en embuscade, deux à chaque extrémité de la rue. Ils jaillissaient maintenant de leurs voitures, l’arme au poing, plus préoccupés par l’homme en feu que par Waldron.
C’était exactement ce qu’il lui fallait.
Dès qu’il avait vu l’homme accélérer le pas pour s’engouffrer dans la galerie, Reilly avait compris qu’ils étaient découverts. Il avait crié dans le micro dissimulé dans sa manche :
— On est repérés. On y va. Je répète : on y va ! Il fit monter une balle dans la chambre de son browning Hi-Power et sortit de la voiture. Côté passager, Aparo venait de l’imiter.
Quelques secondes à peine s’étaient écoulées depuis que leur cible était entrée dans le magasin. Reilly était encore derrière la portière de sa voiture quand il vit quelqu’un surgir en vacillant de la galerie. L’agent spécial n’était pas sûr de bien voir, mais la tête de l’homme avait l’air en feu.
Tandis que Lucien titubait sur le trottoir, les cheveux et la chemise en flammes, Gus restait aussi près que possible derrière lui pour que les flics n’osent pas faire usage de leurs armes.
Du moins l’espérait-il.
Pour les inciter à réfléchir avant de se rapprocher trop, il tira dans les deux directions. Le Beretta était inapproprié dans ce type d’action, mais il obligea quand même les quatre hommes à plonger pour se mettre à couvert.
Des pare-brise volèrent en éclats et des cris de panique retentirent d’un bout à l’autre de la rue tandis que les trottoirs se vidaient.
Reilly le vit lever son pistolet. Les coups de feu crépitèrent dans la rue. Deux balles s’écrasèrent sur un mur de brique derrière lui. Une troisième partit se loger dans le phare avant gauche de sa Chrysler, dans une explosion de chrome et de verre. En jetant un coup d’oeil sur sa droite, l’agent spécial aperçut quatre passants terrifiés, accroupis derrière une Mercedes garée. À leur attitude, il devina qu’ils réfléchissaient au moyen de s’enfuir, ce qui n’était pas une bonne idée. Ils étaient plus en sûreté derrière la voiture. L’un d’eux regarda de son côté. Tout en lui adressant un signe de la main de haut en bas, Reilly lui cria :
— Baissez-vous ! Ne bougez pas !
Avec un hochement de tête, l’homme se blottit un peu plus pour rester invisible.
Revenant au vif du sujet, l’agent du FBI se pencha pour tirer. Mais l’homme qu’il connaissait sous le nom de « Gus » s’était glissé derrière le propriétaire de la galerie et le serrait de trop près. Impossible de viser correctement sans risquer de blesser l’antiquaire. Celui-ci venait de tomber à genoux. Ses cris d’agonie se répercutaient dans toute la rue maintenant déserte. Malgré l’urgence de la situation, les agents spéciaux n’étaient pas en mesure d’agir.
Brusquement, Gus s’écarta de l’homme-torche. Il lâcha des rafales en direction de l’autre équipe de fédéraux. Le temps parut ralentir. Soudain, Reilly entrevit une occasion et la saisit. Retenant sa respiration, il jaillit de derrière la portière, bras tendus, brandissant son Hi-Power à deux mains. En une fraction de seconde, il aligna le guidon et le cran de mire du pistolet, puis pressa la détente en exerçant une force régulière et délicate. La gueule du browning cracha la balle. Presque simultanément, une tache rouge s’élargit sur la cuisse du boxeur.
Reilly se précipita vers l’homme en flammes. Gus Waldron s’apprêtait à mettre un coup d’arrêt aux élans héroïques de l’agent fédéral quand un camion de livraison choisit ce moment pour s’avancer au ralenti dans la rue.
À terre, Lucien se tordait de douleur. Il essayait désespérément d’éteindre les flammes en battant des bras. Son agresseur savait qu’il était temps de prendre ses jambes à son cou. Une douleur cuisante à la cuisse gauche le fit soudain vaciller. Il palpa la zone de la blessure et, lorsqu’il examina sa main, elle était maculée de sang.
Fils de... Les flics avaient eu de la veine.
C’est à cet instant qu’il vit le
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