Le dernier templier
laissait guère de place au doute, ce qui ne manqua pas de la troubler.
— Que voulez-vous dire par « d’autres morts » ? Qui ?
Il ne répondit pas. Non parce qu’il ne le voulait pas, mais quelque chose avait détourné son attention. Il paraissait légèrement hébété, hypnotisé, comme s’il regardait au-delà d’elle. Tess comprit soudain qu’il ne faisait plus attention à elle. Elle suivit son regard et constata qu’il était fixé sur le téléviseur. Le jeune Clark Kent était encore une fois en train de sauver la planète.
La jeune femme sourit.
— Eh bien quoi ? Vous avez manqué cet épisode ?
Il se dirigeait déjà vers la porte.
— Il faut que j’y aille.
— Où ?
— Je dois m’en aller.
En quelques secondes, il disparut. La porte d’entrée se referma en claquant derrière lui. Elle resta là à fixer l’adolescent qui pouvait voir à travers des murs et sauter d’un bond par-dessus les immeubles.
Ce qui n’expliquait rien.
45
La circulation du soir était encore dense. Sur la voie express Van Wyck, la Pontiac de Reilly se frayait un chemin vers le sud. De gros avions de ligne passaient en vrombissant au-dessus de sa tête. Il en atterrissait quasiment sans interruption. L’aéroport n’était plus qu’à un kilomètre.
Sur le siège passager, Aparo se frottait les yeux. L’air vif se précipitait vers lui par la fenêtre ouverte du véhicule.
— Répète-moi le nom.
Reilly était occupé à déchiffrer les panneaux indicateurs qui surgissaient de partout. Il repéra enfin celui qu’il cherchait et tendit le doigt.
— C’est ça.
Son équipier le vit aussi. Un panneau vert sur leur droite indiquait la route du terminal de fret numéro 7. Sous le panneau principal, perdu parmi les logos des compagnies, figurait celui qui intéressait Reilly.
Alitalia Cargo Services, le service de fret d’une compagnie italienne.
Peu après les attaques terroristes du 11 Septembre, le Congrès avait promulgué une loi sur la sécurité de l’aviation et des transports. Dans le cadre de cette loi, la responsabilité du contrôle des personnes et des biens transportés par les compagnies aériennes avait été transférée à une nouvelle agence, l’Administration pour la sécurité des transports. Toute personne ou matière pénétrant sur le territoire des États-Unis devait subir des contrôles rigoureux.
On avait installé dans tout le pays des machines de tomo-graphie informatisée qui détectaient des explosifs dans les bagages à main ou voyageant en soute. Pendant un temps, on avait même passé les voyageurs aux rayons X, mais un concert de protestations avait mis un terme à cette pratique. Les opposants ne condamnaient pas l’exposition à des radiations malsaines, mais plutôt le fait que rien, pas même les détails les plus intimes, n’échappait aux scanners des appareils de contrôle : ils montraient tout.
L’agence de sécurité s’intéressait plus particulièrement au secteur du fret international, qui représentait une menace très importante pour la sûreté intérieure, bien qu’elle fût moins médiatisée.
Des dizaines de milliers de containers, de palettes et de caisses arrivaient quotidiennement sur le sol nord-américain en provenance de tous les coins du monde. À l’heure de ces nouvelles mesures de sécurité, les directives de contrôle et de scannérisation ne se limitaient plus aux bagages des voyageurs. Elles visaient aussi le fret pénétrant dans le pays par voie de terre, d’air ou de mer. On avait ainsi installé dans quasiment tous les ports maritimes et aériens des systèmes de rayons X pour vérifier les cargaisons, y compris les plus gros volumes.
À cet instant précis, assis dans la salle des opérations du terminal de fret de la compagnie nationale italienne, Reilly était heureux que ces mesures aient été mises en place.
Un technicien-analyste examinait les images sur son moniteur.
— Vous feriez bien de vous installer confortablement, les gars. C’est d’un chargement plutôt important que nous parlons.
L’agent fédéral se cala dans un fauteuil usé.
— La boîte qui nous intéresse devrait être repérable. Vous n’avez qu’à les faire défiler rapidement et je vous indiquerai les cibles potentielles.
— C’est parti.
L’homme commença à faire défiler sa base de données.
Les clichés se succédèrent sur l’écran : des vues aux rayons X, de haut et de côté, des
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