Le dernier templier
ne pas communiquer avec la presse.
— On te l’a demandé ? C’est génial.
Génial ? En quoi était-ce génial ?
— On ne l’a demandé à personne d’autre, s’enthousiasma-t-il. Alors pourquoi cette exigence, hein ? Qu’est-ce que tu sais de plus que les autres ?
Et voilà : elle était prise à son propre mensonge.
— Oublie ça, Doug.
— Pour qui tu te prends ?
— Bon, je raccroche maintenant.
— Allons, chérie...
Elle rabattit le clapet du téléphone et le jeta dans son sac avec un peu plus de force que nécessaire. Puis, les yeux fixés sur la route, elle lâcha un long soupir.
Après deux minutes de silence, elle s’efforça de détendre son cou et les muscles de ses épaules. Puis, sans regarder Reilly, elle s’excusa :
— Désolée ! Mon ex-mari.
— J’avais deviné. Un petit quelque chose que j’ai gardé de Quantico {25} .
— Rien ne vous échappe, n’est-ce pas ? rit-elle.
— Généralement pas. Sauf s’il s’agit de Templiers, auquel cas j’ai sous la main cette archéologue franchement agaçante qui paraît toujours avoir quelques longueurs d’avance sur nous autres, les pauvres profanes.
— Ne me donnez pas trop d’importance.
Il se tourna vers elle et, tout en conduisant, il soutint son regard.
Lui aussi était heureux qu’elle ait accepté son offre de la raccompagner chez elle.
Les lampadaires étaient allumés quand ils arrivèrent dans sa rue. La vue de sa maison suffit à ramener à la surface toutes les peurs et les angoisses des deux derniers jours.
Ils passèrent devant la voiture de police garée à proximité. Reilly adressa un signe de la main au policier assis à l’intérieur. Celui-ci lui répondit de la même façon en reconnaissant Tessj qu’il avait vue lors du briefing.
En arrivant devant la maison, Reilly s’engagea dans l’allée et coupa le moteur. La jeune femme regarda son pavillon et se sentit mal à l’aise. Elle se demanda si elle allait ou non lui demander d’entrer un moment, mais les mots jaillirent tout seuls de sa bouche avant même qu’elle ait tranché.
— Vous voulez entrer ?
Il hésita avant de répondre.
— Bien sûr.
Il n’y avait rien d’équivoque dans sa voix.
— Il vaut mieux que je jette un coup d’oeil.
À la porte d’entrée, il tendit la main pour prendre lui-même la clé et pénétra le premier.
L’intérieur était silencieux. Tess le suivit dans le séjour et alluma toutes les lumières, puis la télévision, dont elle baissa le son. Elle était branchée sur WB, la chaîne favorite de Kim.
— Je fais ça quand je suis seule, expliqua-t-elle. Ça crée une illusion de compagnie.
— Vous allez être tranquille.
Son ton était réconfortant.
— Je vais vérifier les chambres. Vous êtes d’accord ?
— Bien sûr.
Alors qu’il quittait la pièce, Tess se laissa tomber sur le canapé. Attrapant son téléphone, elle composa le numéro de sa tante à Prescott. Hazel décrocha au bout de trois sonneries.
Elle venait tout juste de rentrer chez elle après être allée chercher Kim et Eileen à l’aéroport de Phoenix et les avoir emmenées dîner dehors. Toutes les deux allaient bien, lui rapporta la soeur de sa mère. Tess parla brièvement à cette dernière pendant que sa tante allait chercher Kim. La petite avait déjà filé à l’écurie pour voir les chevaux. À sa voix, Eileen semblait beaucoup moins inquiète qu’elle ne l’avait été. Tess supposa que ce changement était dû à une combinaison de facteurs : le caractère calme, affable et accommodant de sa soeur et la distance que la journée de voyage avait mise entre elle et New York. Quand Kim arriva, elle manifesta bruyamment sa joie d’aller monter à cheval dès le lendemain. Apparemment, sa mère ne lui manquait pas.
Reilly revint dans la pièce au moment où Tess disait bonne nuit et raccrochait. Il semblait aussi fatigué qu’elle.
— Tout va bien. Je pense que vous n’avez pas à vous inquiéter. Il n’arrivera rien.
— Je suis certaine que vous avez raison. Merci en tout cas d’avoir effectué ce contrôle.
— C’était tout naturel.
Il jeta un dernier coup d’oeil et lui adressa un signe de tête pour prendre congé. Pendant un infime instant, il parut hésiter. Tess sauta sur l’occasion.
— Je suis sûre qu’un verre nous serait salutaire à tous les deux, dit-elle.
Elle se levait déjà pour le conduire vers la cuisine.
— Que pensez-vous
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