Le Druidisme
(fragment
XXII), dans lequel le gaulois Brennos éclate de rire, en entrant dans un temple
grec, parce qu’il avait vu des dieux représentés sous forme humaine, constitue
une preuve irréfutable. Il y en a une autre dans la Pharsale de Lucain (III, v. 412) où l’auteur insiste sur l’état fruste de ces statues informes . Et, comme César, il emploie le mot simulacra , et non pas statuae ou signa . Or, n’en déplaise à Jan de Vries,
qui s’appuie sur un seul exemple pour prouver le contraire, le sens premier de simulacrum est « à la place de » : le
mot désigne toute représentation symbolique fixée dans la pierre ou le bois,
mais n’a aucune connotation artistique. Salomon Reinach prétend même ( Revue Celtique , XIII, pp. 189-199) que ce sont
de simples menhirs que César a pris pour des Hermès de carrefours, ce qui n’est
pas impossible, vu le nombre incalculable de monuments mégalithiques qu’il y
avait et qu’il y a encore sur le sol gaulois.
[64] Textes mythologiques irlandais , I, p. 51.
[65] Ibidem .
[66] Le personnage
se retrouve dans la tradition galloise. Le récit de Kulhwch
et Olwen , qui est le premier texte littéraire arthurien, nous décrit à
peu près de la même façon le père de la jeune Olwen, Yspaddaden Penkawr (Gross
Tête). Il est borgne et a, lui aussi, un œil pernicieux, et il faut deux hommes
pour lui soulever la paupière avec une fourche (J. Loth, Les Mabinogion , nouv. éd., Paris, 1979, les Presses
d’Aujourd’hui, p. 119). Les personnages de Balor et d’Ysapaddaden Penkawr
sont certes des cyclopes, mais essentiellement des Titans, et le combat final
qui les oppose à leur petit-fils, ou à leur futur gendre, en fait les
équivalents du Kronos grec primitif, également un titan, qui dévore ses enfants
et que ceux-ci détrônent et émasculent.
[67] « Si les profondeurs de notre esprit
recèlent d’étranges forces capables d’augmenter celles de la surface, ou de
lutter victorieusement contre elles, il y a tout intérêt à les capter, à les
capter d’abord, pour les soumettre ensuite, s’il y a lieu, au contrôle de notre
raison » ( Manifeste du Surréalisme ,
1924). Il est évident que les Thatha peuvent représenter la conscience et les
Fomoré l’inconscient, et c’est la preuve que, sans connaitre aucunement les
thèses et les lois de la Psychanalyse, les anciennes sociétés connaissaient
parfaitement les mécanismes de l’action de l’inconscient sur le conscient.
[68] Textes mythologiques irlandais , I, p. 51. Deux scènes analogues se retrouvent
dans le récit gallois de Kulhwch et Olwen .
Quand le jeune héros Kulhwch demande à entrer dans la salle où le roi Arthur
préside un festin, le portier, le redoutable Glewlwyt à la Forte Étreinte, lui
répond : « on ne laisse entrer que les fils de roi d’un royaume connu
ou l’artiste qui apporte son art » (J. Loth, Mabinogion ,
p. 102). Plus tard, Kulhwch et les compagnons d’Arthur cherchent à
pénétrer dans le château de Gwrnach. Même réponse du portier : « Ce
n’est qu’à l’artiste qui apportera son art que l’on ouvrira la porte désormais
cette nuit » ( Mabinogion , p. 130).
Kaï, le frère de lait d’Arthur, et son plus ancien compagnon, se découvre
aussitôt une vocation de polisseur d’épées. On le fait entrer, mais alors il
doit satisfaire à une épreuve pratique et montrer qu’il sait polir une épée. Il
semble que cette pratique, connue à la fois en Irlande et chez les Gallois, et
qui concerne des épreuves initiatiques, soit à l’origine de la constitution
d’une certaine forme de chevalerie telle qu’elle se révèle dans le
compagnonnage de la Table Ronde.
[69] Textes mythologiques irlandais , I, p. 52.
[70] Textes mythologiques irlandais , I, p. 52.
[71] Textes mythologiques irlandais , I, p. 52.
[72] C’est ainsi
qu’Odin-Wotan se trouve remplacé un certain temps, en tant que roi des dieux.
D’après Saxo Grammaticus ( Gesta Danorum 3, IV,
9-13), Odin, soupçonné ou accusé d’ ergi ,
c’est-à-dire de pratique homosexuelle passive considérée comme honteuse, aurait
dû s’exiler, tandis que son épouse Frigg se serait donnée à un amant, Ullr, qui
aurait occupé les fonctions royales jusqu’au retour d’Odin. « Cette fable
est d’interprétation difficile : refléterait-elle un mythe naturaliste,
plus ou moins solaire ou tellurique, attaché à une divinité dont l’absence
périodique,
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