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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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de
déployer pour elle toutes ces galanteries alors qu'ils avaient du mal à tenir
debout ! Un des officiers avait
    tenté un long moment de se concentrer sur la lettre
qu'elle lui avait remise, puis il y avait renoncé. Elle ne serait pas surprise
que la lettre fût encore dans sa poche aujourd'hui. Bouddha soit loué, son
Constant n'était pas comme les autres. Il faudrait qu'elle signale à Sri la
présence de cet homme. Ensuite, elle devait essayer de découvrir son nom et la
raison de sa visite.
    Phaulkon était d'humeur joviale en rentrant du ministère
par les berges du fleuve. Le banquet pour l'ambassadeur chinois avait connu un
succès retentissant. Lors de l'audience d'adieu accordée à l'envoyé, suivant
une étiquette presque aussi subtile que la cérémonie d'accueil, le diplomate
avait pris grand soin de dire à Sa Majesté combien il avait été ravi. Jamais,
lors des fréquents voyages qu'il entreprenait comme représentant de l'empereur
des Cieux, il n'avait savouré davantage un banquet, pas plus qu'il n'en avait
admiré un où l'on ait accordé autant d'attention aux détails. C'était un
langage de diplomate, Phaulkon le savait, mais le fait que l'ambassadeur eût
abordé ce sujet était tout à l'honneur du Grec.
    Depuis qu'il avait appris que Sunida l'espionnait, il
s'était préparé à lui fournir des informations toujours flatteuses pour le
Barcalon, empreintes de révérence pour Sa Majesté : il comptait profiter de la
moindre occasion pour insister sur sa propre loyauté envers le Siam, sur
l'amour qu'il portait à ce pays et à son peuple. Il sourit : Sunida était
vraiment la parfaite espionne. De toute façon, son caractère curieux et plein
de vie la poussait tout naturellement à poser des questions. Mais il était
certain qu'elle s'acquittait d'un devoir qu'on lui avait imposé et, bien
qu'elle eût peut-être hésité à signaler des détails susceptibles de lui nuire,
elle l'aurait fait malgré tout, même en ayant le cœur gros. Elle avait beau
être amoureuse de lui, elle était au service du roi et le roi de Siam était un
Cha-kravatine, un demi-dieu qui passait avant tous les mortels.
    Comme il était heureux de l'avoir retrouvée. Jamais, se
dit-il, un homme n'aurait pu être aussi comblé d'avoir une espionne dans sa
demeure. Elle n'était rentrée de Mergui que la veille, souriante et pleine
d'énergie malgré les fatigues du voyage. Elle avait fait semblant d'être
rassurée à l'idée que le mandarin avait cessé de la rechercher. Elle avait
aussitôt entrepris de raconter comment un prêtre l'avait accompagnée à la rame
jusqu'au bateau et comment les officiers étaient tous ivres lorsqu'elle était
montée à bord. Phaulkon avait bien ri lorsqu'elle lui avait décrit les
officiers du navire la dévorant des yeux et se bousculant littéralement pour
essayer de se montrer aimables. Il lui avait alors expliqué que pendant tout ce
temps le capitaine White était à Ayuthia : elle l'avait taquiné en affirmant
qu'il l'avait toujours su et qu'il avait simplement voulu se débarrasser d'elle
un moment. Et puis, tout d'un coup, ils s'étaient regardés sans rien dire et,
entraînés par le désir qui brillait dans leurs yeux, ils étaient allés jusqu'à
sa chambre et s'étaient allongés sur la couverture. Ils avaient fait l'amour
avec toute la tendresse et l'impatience de deux êtres trop longtemps séparés.
Si Phaulkon avait hésité un temps à croire qu'elle avait été formée par la
meilleure courtisane du palais, ses doutes s'étaient maintenant évaporés. Même
les sentiments ardents qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre ne suffisaient pas
à expliquer la remarquable évolution des techniques amoureuses de Sunida. Elle
était sensuelle, érotique, brillante et déchaînée : digne de succéder à la
célèbre Thepine. Pauvre Thepine ! Il se demanda un moment si ce que l'on
racontait sur elle était vrai. On disait qu'elle était morte comme elle avait
vécu : refusant de se soumettre à la cruelle sentence que lui avait infligée
son frère, le général Petraja, elle avait d'abord séduit le gardien de la
prison, un jeune homme robuste et musclé. Puis elle s'était délibérément
étouffée sur sa prodigieuse lance d'amour. Le pauvre diable avait subi à sa
place l'épreuve du tigre. Sunida avait été accablée d'apprendre la mort de
Thepine.
    Phaulkon était content de rentrer chez lui. Il avait
    encore eu une longue journée au ministère. Depuis le
départ

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