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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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marchandises à exporter vers la Perse, le Pra Klang avait
opposé à sa requête une fin de non-recevoir et n'avait accepté de les vendre à
la Compagnie anglaise qu'à condition qu'elles soient exportées vers Madras. La
lettre ajoutait que le Seigneur de la Vie était apparemment fort reconnaissant
aux Maures des loyaux services qu'ils rendaient depuis si longtemps à la
Couronne et ne voulait en aucune façon aider les Anglais dans leurs projets
éventuels pour les discréditer. C'était la lettre qui était maintenant entre
les mains de ce prêtre brutal, songea Sunida. Que signifiait toute cette
affaire?
    Sunida constata qu'elle commençait à se plaire dans son
nouveau rôle. Elle sentit une brusque chaleur envahir tout son corps en
songeant aux paroles que le Seigneur de la Vie avait adressées au Pra Klang
quand elle avait proposé l'idée de la seconde lettre.
    « Une chance pour nous d'avoir un si précieux messager.
Une femme qui est non seulement belle et charmante, mais également fort sage.
Le farang Forcone ferait bien de rester sur ses gardes. »
    Elle priait désormais que Phaulkon ne travaille que pour
la gloire du Siam : son bonheur serait alors vraiment complet.
    29
    Samuel Potts épousseta un grain de poussière sur le
revers de sa tunique noire, essuya la transpiration qui perlait sur son front
et suivit le garde dans un vaste bureau aux murs couverts de cartes et de
tableaux indiquant les routes commerciales, l'évolution de la mousson et les
courants. Des points à l'encre rouge piquetaient les terres, pour désigner
certains avant-postes et factoreries. Le nombre de ces points et les dimensions
imposantes de la pièce rappelaient à Potts la puissance et l'étendue de
l'empire commercial hollandais. Le drapeau des Provinces-Unies était posé sur
le bureau massif derrière lequel Aarnout Faa se leva pour l'accueillir.
    « Monsieur Potts, j'imagine, dit celui-ci en anglais, se
reportant à la lettre qu'il venait de lire. Bienvenue à Ayuthia. J'espère que
vous avez fait bon voyage.
    — Assez bon, je vous remercie, monsieur Faa », répondit
Samuel Potts. Il était soulagé de découvrir que son interlocuteur parlait
couramment l'anglais. Lui-même ne connaissait pas plus de cinq mots de
hollandais. « Vos représentants à la Petite Amsterdam, à l'embouchure du Menam,
ont été fort obligeants. Je m'y suis reposé pendant qu'ils s'occupaient pour
moi des formalités nécessaires avec les autorités siamoises. Je vous en suis
fort reconnaissant. »
    Il ne fallait pas s'étonner, songea Aarnout Faa, que son onderkoopman de la Petite Amsterdam se fût mis au garde-à-vous. L'Anglais
rondouillard planté devant lui était en effet porteur d'une lettre de Son
Excellence heer Rijcklof Van Goens, gouvemeur-generaal de
Batavia, dont on avait déjà envoyé une copie par courrier exprès à Faa. Cette
missive demandait à l'ensemble du personnel hollandais au Siam de prêter toute
l'assistance possible à M. Samuel Potts, envoyé spécial de la Compagnie
anglaise des Indes orientales à Bantam. Faa sourit sous cape. Les Hollandais
avaient évidemment intérêt à coopérer avec cet homme. On avait envoyé M. Potts
avec les pleins pouvoirs pour enquêter sur les affirmations des Hollandais, que
lui-même appuyait à Ayuthia, selon lesquelles des agents anglais au Siam
faisaient de la contrebande d'armes, vendaient des canons volés aux Hollandais
et commerçaient en général pour leur propre compte. Dans une note personnelle
attachée à la copie de ces instructions, Van Goens informait Faa que les
Anglais avaient pris suffisamment au sérieux les accusations de la VOC
d'Ayuthia pour donner mission à M. Potts de regagner immédiatement Madras avec
les résultats de son enquête. Voilà qui indiquait sans ambages que les Anglais
voulaient prendre les mesures qui s'imposeraient dans le minimum de temps et
que la cour de justice de Madras aurait toute autorité pour le faire.
L'Angleterre et la Hollande étaient peut-être rivales, mais les deux pays
étaient en paix et l'on s'attendait à les voir respecter certaines règles de
conduite.
    « Monsieur Faa, dit Samuel Potts en s'installant dans un
fauteuil et en acceptant avec reconnaissance la tasse de thé qu'on lui offrait,
j'ai pris la liberté de venir directement vous voir avant de me rendre à la
factorerie anglaise d'ici. Je pense pouvoir compter sur votre discrétion afin
que, disons, cette petite entorse à l'étiquette demeure

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