Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
Vom Netzwerk:
de la délégation chinoise, il s'était attaché à dresser des listes
comparatives des prix de tous les articles que les Maures payaient au Trésor
après les avoir vendus sur les marchés de Perse et d'Inde au cours des cinq
dernières années. Le Barcalon l'avait assuré que, cette tâche une fois
terminée, on l'autoriserait à s'occuper du travail en retard accumulé à la
factorerie anglaise depuis qu'il n'y avait plus personne pour le faire. Ivatt
était maintenant de plus en plus souvent convoqué au palais pour distraire les
multiples enfants de la famille royale. Son vieux tour consistant à faire
jaillir une colombe vivante du cœur d'une noix de coco géante avait suscité le
ravissement des enfants, comme auparavant à la cour du gouverneur de Ligor, et
sa réputation ne faisait que s'amplifier. Bientôt, lui avait dit Phaulkon en ne
plaisantant qu'à moitié, la Compagnie anglaise allait devoir procéder à de
nouveaux recrutements puisque les directeurs actuels étaient en permanence
employés ailleurs. Mon Dieu, si Madras était au courant de tout ça!
    Sunida l'attendait à la porte. Elle le salua et, même si
elle semblait impatiente de lui dire quelque chose, il insista pour la prendre
dans ses bras et respirer avec délice le parfum de sa joue. Elle ferma les
yeux, éperdue de bonheur, et le huma à son tour.
    À peine l'eut-il libérée qu'elle lui parla du visiteur
endormi au salon. Elle le décrivit comme un homme petit et gros, avec une barbe
grisonnante et à peine plus d'un cheveu sur le crâne, des lunettes et une très
mauvaise haleine. Ce signalement n'évoquait personne pour Phaulkon dans
l'immédiat. Elle précisa que le visiteur avait beaucoup bu et qu'il avait paru
coléreux.
    Lorsque Phaulkon entra prudemment dans la pièce, Samuel
Potts avait néanmoins repris conscience. Un ronflement particulièrement sonore
venait de le tirer de son sommeil et il était en train de se verser une grande
rasade de cognac.
    « Tiens, l'introuvable M. Phaulkon, sans doute,
    dit-il en se mettant debout avec un équilibre plutôt
précaire. Enfin ! Permettez-moi de lever mon verre au premier membre de
l'honorable Compagnie que j'ai réussi à rencontrer depuis mon arrivée, et cela
malgré d'incessantes recherches. À votre santé, monsieur. » Il vida son verre
d'un trait, vacillant légèrement sur ses jambes. Seule sa voix restait assurée.
    «Bienvenue à Avuthia, monsieur, répondit poliment
Phaulkon. À qui ai-je l'honneur? »
    Potts l'observa un moment en silence, puis eut un bruyant
hoquet. Cela parut d'abord l'embarrasser, mais il haussa les épaules. Il se
dressa comme il put sur la pointe des pieds et y resta un moment avant de
retomber sur ses talons.
    « Je suis Samuel Potts, du bureau de Bantam de
l'honorable Compagnie. On m'a envoyé pour enquêter sur les affaires de la
Compagnie au Siam. » Il eut un grand geste un peu vague. « Certes, ce n'est pas
une tâche facile quand on n'arrive pas à trouver ses agents. Mais je vais quand
même essayer d'aller au fond des choses.
    — Je serai ravi de répondre à toutes les questions
que vous pourriez avoir à me poser, monsieur. » Phaulkon n'aimait pas l'allure
de cet homme, pas plus que son rôle ni le triste état dans lequel il se
trouvait. Le nom de Potts lui disait quelque chose. Il occupait un poste
important, Phaulkon en était sûr : sans doute l'un des commissaires aux comptes
de la Compagnie.
    « Ce sera à Burnaby de répondre aux questions », déclara
Potts. Il trébucha et, d'une main, prit appui sur la table. « Où est Burnaby,
au fait ? demanda-t-il.
    — M. Burnaby est à Mergui, monsieur, chargé d'une
mission confidentielle.
    — Confidentielle, hein ? Et de quoi s'agit-il ?
    — Vous ne voulez pas vous asseoir, monsieur Potts?
Vous avez dû avoir un voyage éprouvant.
    — Est-ce que vous suggérez, monsieur, que je ne suis
pas capable de rester debout ? demanda-t-il d'un ton agressif.
    — Je ne suggère rien de tel, monsieur Potts. Je
pensais simplement que vous seriez mieux assis.
    — Je suis très bien comme ça, répliqua-t-il d'un ton
bourru. Dites-moi maintenant quelle est cette mission confidentielle que vous
évoquiez ?
    — J'ai pour instruction de n'en parler à personne,
monsieur. À moins, bien sûr, que vous n'ayez une lettre m'autorisant...
    — Une lettre d'autorisation? balbutia Potts. Eh
bien, monsieur, j'ai mieux que cela : j'ai tous pouvoirs de fermer cette agence
si mes découvertes

Weitere Kostenlose Bücher