Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
Vom Netzwerk:
l'exigent et de vous faire envoyer à Madras où l'on vous
jugera. Alors, jeune homme, ne venez pas me parler d'autorisation. »
    C'est tout ce que je voulais savoir, songea Phaulkon.
    « Voudriez-vous passer la nuit ici, monsieur? Nous
pourrons nous rendre à la factorerie dans la matinée et...
    — Ne cherchez pas à me détourner de mon devoir,
monsieur Phaulkon, l'interrompit Potts d'un ton hostile. Sinon cela figurera
également dans mon rapport. Je n'ai pas l'intention de passer la nuit ici à
profiter de vos faveurs. Votre gouvernante a déjà essayé de me faire boire. Ce
sont des tactiques que je connais bien, vous savez. Voilà plus de vingt ans que
je suis commissaire aux comptes. » Il se dressa de nouveau sur la pointe des
pieds. « C'est à Samuel Potts que vous avez affaire. Dites-moi maintenant où
est l'autre agent... comment s'appelle-t-il déjà? » Il fouilla désespérément
dans sa mémoire.
    Phaulkon décida de ne pas lui venir en aide. Que ce
maudit ivrogne le trouve tout seul, se dit-il. Peut-être devrait-il lui
proposer un autre verre et l'encourager à perdre totalement conscience ?
Quelques instants plus tôt, il avait remarqué qu'il lorgnait la bouteille.
    Potts semblait se creuser la cervelle. « Où est Irving?
balbutia-t-il, visiblement enchanté de s'être souvenu de son nom.
    — Irving est l'invité de Sa Majesté le roi, répondit
Phaulkon sans vergogne. Il assiste à un dîner au palais. Voyez-vous, monsieur
Potts, l'honorable Compagnie est tenue en grande estime par les plus hautes
autorités d'ici.
    — Ici peut-être, monsieur Phaulkon, riposta Potts
d'un air entendu, mais pas à Bantam ni à Madras, je puis vous l'assurer. On
veut votre tête, et je vais les aider à se la procurer. Je pars sur-le-champ
pour la factorerie afin d'examiner en détail chacun de vos livres.
    — Maintenant? demanda Phaulkon. Il fait nuit noire
dehors, monsieur Potts.
    — Alors, pourquoi ne faites-vous pas apporter des
torches? Allons maintenant à l'usine. » Il regarda Phaulkon d'un air méfiant. «
Pas question de m'obli-ger à me reposer pour que vous puissiez aller là-bas en
catimini et falsifier les livres pendant que je dors. Je veux les examiner tels
que je vais les trouver. D'ailleurs », ajouta-t-il, se souvenant dans un
sursaut de colère de l'incident de l'après-midi, « pourquoi tout à l'heure n'y
avait-il personne à la factorerie? Pas âme qui vive. À part un stupide garde
indigène. Est-ce l'anniversaire du roi Charles ou quoi?
    — Ce n'est pas l'anniversaire du roi Charles, mais
celui de l'héritier, le second fils du trône siamois, improvisa Phaulkon. Nous
nous efforçons, par respect, d'observer les fêtes importantes du pays qui nous
accueille. »
    Potts poussa un grognement. « Les Hollandais n'ont pas
l'air d'agir comme vous, monsieur Phaulkon. Ils travaillent, eux. Pas étonnant
qu'ils aient tant d'avance sur nous.
    — C'est possible, mais ils ne sont pas populaires
auprès des Siamois. On parle aujourd'hui encore d'un de leurs anciens agents,
De Jongh. Il avait l'habitude de se promener dans les mes vêtu seulement d'un
pagne et d'un chapeau. » Phaulkon observa attentivement Potts. « La plupart du
temps il était ivre. Voyez-vous, les Siamois abhorrent toute perte de contrôle,
monsieur Potts.
    — Il y a des gens qui ne tiennent pas l'alcool »,
repartit Potts sans se démonter. Il se retourna et se versa un autre verre. La
moitié du liquide tomba à côté et forma sur la table une petite flaque qui
s'étendit. Sans s'en soucier, il vida son verre.
    « Alors, en l'absence inexpliquée de l'agent général,
reprit-il d'un ton pincé, voulez-vous, monsieur Phaulkon, me conduire à la
factorerie?
    — Si vous insistez, monsieur Potts. Mais ne
serait-il pas préférable d'examiner les livres à la lumière du jour? Les autres
membres du personnel seraient également présents pour répondre à vos questions.
    — Je sais quel but vous poursuivez, monsieur
Phaulkon, mais je ne vais pas me laisser dissuader. Allons-y maintenant. >»
Phaulkon semblait hésiter. Potts le regarda d'un air menaçant. « Si vous ne
coopérez pas, je préciserai dans mon rapport que vous m'avez refusé l'accès de
la factorerie. Cela ne pèsera pas en votre faveur. » Phaulkon commençait à
perdre patience mais il s'en alla néanmoins chercher deux torches.
    C'était une nuit sombre et sans lune. Phaulkon marchait
en tête sur le petit chemin qui suivait le bord de la

Weitere Kostenlose Bücher