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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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ravis.
    Debout devant la porte de la maison de Phaulkon, il
reprenait son souffle. Il était au comble de l'excitation. La nouvelle était
difficile à croire et il n'était pas encore sûr d'avoir bien compris. Il avait
passé les deux derniers jours au palais à faire la roue et des sauts périlleux,
à tirer comme d'habitude une colombe d'une coquille de noix de coco devant les
cla-meurs extasiées des enfants royaux. C'était assurément une expérience nouvelle
que de faire son numéro devant ces cent trente-huit enfants adoptés par le roi
et venus de tous les coins du pays. De formation il était un artiste du trapèze
et n'avait appris qu'un ou deux tours de prestidigitation, mais les enfants ne
semblaient jamais se lasser de son répertoire limité. Son vocabulaire siamois
se développait rapidement et les mots les plus récents qu'il avait appris
étaient: « Ik klang nung, ik klang nungl », « encore une fois, encore
une fois! ». Chaque jour, il désignait de nouveaux objets et les enfants royaux
répétaient tous ensemble les mots siamois.
    Phaulkon mandarin ? Était-ce possible ? Il riait tout
seul. Et s'il s'était trompé dans l'usage des diverses tonalités siamoises, et
si Phaulkon avait été envoyé en prison au lieu d'être nommé mandarin? Du reste,
où était Sa Seigneurie? Ivatt attendait impatiemment devant la porte. Pourquoi
les domestiques étaient-ils si longs? Quel drôle de pays, se dit-il. Si la
maison royale lui ordonnait de venir faire son numéro, il n'y avait pas à
discuter. Ce genre de désir avait force de loi. Peu importait qu'il fût censé
être employé à la factorerie d'un gouvernement étranger. Il se demandait si,
après avoir posé la question, Samuel Potts s'était entendu répondre que Thomas
Ivatt était malheureusement occupé à faire le poirier au palais. Phaulkon lui
avait envoyé un mot pour l'avertir de l'arrivée de Potts mais, quand il s'était
précipité chez Phaulkon, ni lui ni Potts n'étaient là. Ensuite, il avait
entendu parler d'un accident à la factorerie, aussi avait-il hâte d'interroger
Phaulkon à ce sujet.
    Il entendait maintenant des gloussements étouffés en haut
des marches. La servante répétait à quelqu'un derrière la porte son histoire à
propos de l'Oc-Luang. Une silhouette apparut et le dévisagea. Sunida! Elle
semblait plus radieuse que jamais. Elle le salua avec un grand sourire et lui
fit signe d'entrer. Cette brute de Phaulkon, songea Ivatt. Comment était-il
parvenu à attirer cette enchanteresse dans son antre ? Il cherchait
désespérément à se rappeler comment on tra-duisait « Qu'est-ce que vous faites
ici ? » quand Sunida lui dit en pouffant : « Son Excellence l'Oc-Luang est dans
son salon. Il vous a cherché partout. » Ivatt était enchanté de ses progrès :
il avait compris la première partie de la phrase. Sunida le fit entrer dans la
maison.
    « Thomas ! s'exclama Phaulkon en se levant pour le serrer
dans ses bras. Où étiez-vous? Je vous ai fait chercher partout.
    — J'ai passé ces derniers jours au palais, mon
Seigneur. C'est moi qui vous ai recommandé pour être anobli. Mais dites-moi
tout de suite, demanda-t-il très excité, est-il vrai que vous êtes mandarin ?
    — J'en ai bien peur.
    — Comment ça : peur? Voyons, mais c'est merveilleux
! Les possibilités commencent à peine à s'esquisser. Puis-je obtenir du crédit
dans les boutiques en utilisant votre nom ? »
    Phaulkon éclata de rire. « Nous en aurons peut-être tous
besoin. Vous savez, le titre ne s'accompagne ni de salaire ni de revenus. C'est
purement honorifique. Cela me donne notamment le droit de servir directement Sa
Majesté et me vaut le respect sans limites du commun des mortels. Y compris
vous-même, Thomas. »
    Ivatt fit semblant de se prosterner. « Puissant Seigneur,
je reçois vos ordres. Mais alors, demanda-t-il un peu déçu, de quoi vivent les mandarins?
    — De leur statut, d'argent obtenu par des pétitions,
des présents du roi et de la corruption. »
    Ivatt parut soulagé. « Il me semble que cela vous aille
comme un gant, Constant. Vous savez, quand j'étais enfant, mon père était
l'instituteur du village. Nous étions pauvres mais nous avions énormément de
livres. Chaque fois qu'il en reposait un, il disait toujours : "C'est un
drôle de monde, mon garçon, un drôle de monde où nous vivons parce que ce sont
les canailles qui ont toutes les chances." Et quand je pense qu'il ne vous
avait pas encore

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