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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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balbutia-t-il.
    — Quoi ? » Aarnout Faa devint tout pâle. Van Risling
n'était guère enclin à la plaisanterie, surtout sur de tels sujets. « Qui vous
a dit ça ? demanda-t-il en essayant de garder son calme.
    — Cheng, l'interprète. Il prétend que toute la ville
en parle. » Van Risling avala sa salive. « Et ce n'est pas tout, monsieur. Il a
apparemment été nommé secrétaire général du ministère du Commerce, sous les
ordres directs du Barcalon. »
    Faa garda un moment le silence, mais son expression était
des plus éloquentes.
    « Ce n'est peut-être qu'une rumeur », se risqua-t-il à
dire avec un entrain apparent. Mais il ne croyait pas vraiment ce qu'il
avançait.
    « C'est aussi ce que j'ai pensé tout d'abord, monsieur.
Mais je me suis renseigné durant votre absence. C'est absolument vrai.
Qu'est-ce que cela signifie pour nous, à votre avis ? »
    Les pensées se bousculaient dans l'esprit d'Aarnout Faa.
Il n'entendit que vaguement la question de Van Risling. Il fallait expédier une
autre lettre. Aurait-il encore le temps de la faire porter jusqu'au Kurfen-dcim ? Il griffonna un mot en hollandais. « Tenez, Joop. Faites
porter ceci par messager au capitaine Niederbock, à bord du Kurfendam. Ce billet doit lui parvenir avant que le navire appareille. Qu'il retarde son
départ d'une heure encore. J'ai besoin de temps pour réfléchir. » Mais Aarnout
Faa savait déjà ce qu'il allait faire. Il s'assit à son bureau et prit du
papier à lettres dans le tiroir du milieu. Puis il réfléchit, tapotant
nerveusement le bout de sa plume contre ses dents. Les arguments devaient être
solides et les mots parfaitement choisis. C'était une honte qu'après
quatre-vingts ans d'amitié et de coopération entre la Hollande et le Siam un
membre subalterne de cette Compagnie anglaise de parvenus, qui faisait le
trafic d'armes hollandaises volées, fût élevé au rang de mandarin : pis encore,
au poste le plus élevé du ministère du Commerce après le Barcalon. C'était une
gifle délibérée à la Hollande, presque une déclaration de guerre officieuse. Le
gouvernement hollandais devait user de représailles, sinon on ne le prendrait
plus jamais au sérieux. Il suggérait un ultimatum pour la libération immédiate
de Potts : il était maintenant certain que les Siamois refuseraient. Il
insistait sur l'importance pour la Hollande de ce geste comme preuve de bonne
volonté. Les conditions dans lesquelles Potts était incarcéré étaient
humiliantes pour les farangs en général et l'on pourrait considérer ce
comportement comme une insulte et une menace pour toute la communauté
commerciale. Si Potts n'était pas libéré, l'affrontement serait inévitable. Une
douzaine de navires de guerre allaient devoir montrer qui commandait ici.
Peut-être, suggérait-il respectueusement au gouverneur-generaal, était-ce l'alibi que l'on attendait. Avec le Siam aux mains des Hollandais, la
dernière pièce du puzzle du Sud-Est asiatique serait en place. La force
britannique la plus proche était à Madras et toute l'affaire serait réglée
avant même que les Anglais n'aient appris la nouvelle.
    Faa resta encore un moment assis à réfléchir avant de
coucher tout cela sur le papier. Quand il eut terminé, il relut soigneusement
la lettre, la scella, y inscrivit « ultra-secret » et convoqua Pieter. C'était
le membre le plus fiable et le plus efficace de son personnel, un jeune garçon
plein d'avenir — et à demi hollandais de surcroît.
    « Tiens, Pieter, porte immédiatement cette dépêche à bord
du Kurfendam. Ne la remets qu'au capitaine. C'est extrêmement
confidentiel. C'est pourquoi je te la confie.
    — Je vous remercie, monsieur », dit Pieter en
s'inclinant. Il partit en courant.
    Aarnout Faa regarda par la fenêtre les tours
scintillantes qui s'élevaient au-dessus de la grande muraille entourant le
palais du roi. Il songea qu'il ferait construire un mur analogue autour de
l'enceinte hollandaise. On lirait sur une plaque : « Érigé en juillet 1680 par
Son Excellence Aamout Faa, gouverneur. » Car qui serait mieux placé que lui
pour ce poste? Gouverneur des nouveaux territoires hollandais du Siam. Il
espérait vivement que le gouvemeur-generaal de Batavia verrait les
choses comme lui.
    « Son Excellence l'Oc-Luang est-elle là ? » demanda Ivatt
avec un grand sourire. C'était un des mots qu'il avait appris ce jour-là au
palais. « Le farang a été fait Oc-Luang », avaient crié les enfants

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