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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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mandarin blanc et, de
toute façon, pour lui tous les farangs se ressemblaient. Il allait s'emparer
d'un canot abandonné quand il aperçut des survivants farangs et siamois qui
commençaient à se regrouper et à se diriger vers la rive. Ils n'avaient donc
pas tous été anéantis : Sorasak n'avait que partiellement réussi sa mission.
    Il ne paraissait pas en rester beaucoup : peut-être le
mandarin blanc était-il au nombre des rescapés? Les troupes de Sorasak
semblaient décimées et il n'y avait plus maintenant que des combats
sporadiques. Il avait prévenu Sorasak que les farangs utiliseraient des armes à
feu : celui-ci avait insisté pour les attendre en embuscade dans le méandre de
la rivière. Apparemment, le général Petraja avait informé son fils que le
mandarin blanc arriverait par là.
    Une balle vint se ficher aux pieds du prince : il leva
les yeux, furieux, pour apercevoir un grand farang dans un des bateaux de tête,
son mousquet encore fumant. Comment cet homme osait-il utiliser contre lui une
tactique aussi lâche ? Le soldat était vêtu avec plus de soin que les autres :
il portait une lourde cuirasse et un ridicule chapeau à plumes. C'était
peut-être le mandarin blanc, se dit le prince en brandissant aussitôt sa lance.
Il visa et la lança de toute ses forces. C'était un jet puissant et l'arme vint
frapper la cuirasse du farang avec une redoutable précision, faisant basculer
l'homme dans l'eau. Il se débattit pour ne pas couler mais, malgré tous ses
efforts, le poids de son armure l'entraînait vers le fond. Un certain nombre de
ses compagnons s'efforcèrent de venir à son secours.
    Phaulkon faisait partie de ceux qui essayèrent, trop tard
hélas, de sauver le capitaine Udall. Furieux que l'émissaire du roi Charles fût
mort avant d'avoir pu rencontrer son maître le roi de Siam, Phaulkon se
retourna brusquement pour repérer l'assassin et il aperçut sur la rive le chef
macassar, visiblement grisé par ce superbe coup.
    Les canots approchaient rapidement de la berge : il vit
le prince fourrer quelque chose dans sa bouche et se retourner pour leur faire
face, tel un démon. De l'opium, sans doute ! Le ciel devenant de plus en plus
clair, Phaulkon constata qu'à l'autre extrémité du campement, les Macassars,
facilement reconnais-sables à leur turban noir, étaient en majorité. Ils
avaient manifestement remporté la victoire et allaient bientôt se regrouper
pour faire mouvement vers le fleuve.
    À une soixantaine de pieds de la berge, Phaulkon plongea
dans l'eau. Il allait se laisser emporter par le courant et tendre une
embuscade au chef macassar, avant que ses troupes victorieuses n'aient pu le
rejoindre. S'il pouvait se débarrasser du prince, le moral des Macassars qui se
rapprochaient allait peut-être en prendre un coup. Il n'y avait pas de temps à
perdre.
    Les mousquets qui, au début, avaient permis la victoire
lors de l'embuscade étaient désormais pour la plupart inutilisables : la poudre
était mouillée. Et les
    Macassars étaient redoutables dans le combat au corps à
corps.
    Phaulkon sortit prudemment la tête pour aspirer une
goulée d'air et vit Ivatt plonger derrière lui. Il s'éloigna légèrement de
côté, parallèlement à la rive, retenant son souffle comme il l'avait fait
maintes fois au cours de son enfance dans les eaux de la Méditerranée. Il se
demandait si la voix qu'il avait entendue dans l'obscurité était bien celle de
Sorasak, le boxeur au cou de taureau. Il était étrange que les soldats qui les
avaient attaqués fussent siamois et non pas macassars. Maudits traîtres,
songea-t-il. Ils avaient sapé son plan et, pis encore, retourné contre lui le
cours de la bataille. Quel rôle jouait dans tout cela le général Petraja? se demanda-t-il
avec une méfiance qui ne faisait que croître.
    Estimant qu'il avait nagé suffisamment loin, il se
dirigea vers la berge et remonta à la surface pour respirer une nouvelle fois.
    Il y eut un grand bruit d eclaboussures, et il remarqua
que quelqu'un nageait auprès de lui. Ivatt était un nageur rudement rapide pour
l'avoir rattrapé, se dit-il. Cherchait-il à le protéger? La berge ne devait
plus être qu'à quelques pieds. Une main de fer lui empoigna alors la cheville.
Maudit Ivatt, que diable faisait-il? L'heure n'était pas à la plaisanterie. Une
douleur lancinante lui traversa le corps : un instrument acéré venait de
s'enfoncer dans sa cuisse gauche. Il se débattit de toutes ses

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