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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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seulement à l'aide d'une très faible lueur. Kukrit,
le fidèle esclave que Sa Majesté lui avait envoyé le soir même, quelques heures
seulement après l'audience, était accroupi auprès de lui : respectueusement
plus bas que Phaulkon, il humait le vent et avait l'oreille à l'affût du
moindre son. Il avait grandi dans cette région. Il connaissait chaque crique,
chaque méandre du fleuve, tout comme un vieux mahout accoutumé aux habitudes de
son éléphant favori.
    Les espions royaux avaient décelé ce matin-là une
activité anormale dans le camp macassar. L'endroit était sous une surveillance
quasi constante, en raison de la réputation de cette tribu guerrière : ce
regain d'activité avait aussitôt été signalé au Palais. Les Macassars,
semblait-il, étaient en train de s'armer. Par chance, Phaulkon se trouvait avec
Sa Majesté quand les assassins avaient fait irruption dans sa maison pour le
chercher. Ces derniers temps, il était resté chez lui l'après-midi, pour
méditer et réfléchir à son destin. C'était une chance qu'il eût déjà demandé à
Burnaby, Ivatt et White de se mettre en quête de volontaires. On avait ainsi
gagné des heures précieuses. Ses camarades avaient sillonné les faubourgs
farangs et, le soir venu, ils avaient réuni la plus belle bande de chenapans
débraillés que l'on pouvait espérer trouver.
    Soixante Européens, pour une bonne moitié armés de
mousquets, avaient répondu à l'appel de Phaulkon. C'étaient pour la plupart des
aventuriers portugais, français et anglais, attirés par la promesse de
somptueuses récompenses et de la faveur royale. Il y avait même un vieux
guerrier samouraï qui avait apporté avec lui les vestiges de la garde japonaise
du défunt roi Prasat Tong, dont le chef, le capitaine Yamada, s'était un peu
trop mêlé de la politique de la Cour : cela lui avait valu d'y laisser sa tête.
Le vieux samouraï et cinq Japonais vieillissants, qui ne craignaient pas la
mort et tenaient à retrouver leur honneur depuis longtemps perdu, s'étaient
portés volontaires pour attaquer par la terre le camp bien gardé : une manœuvre
quasi suicidaire, mais qui ouvrirait la voie au reste des troupes.
    Ce même soir, sentant que ces événements imprévus lui
offraient l'occasion d'une nouvelle promotion, Phaulkon avait demandé au roi la
permission de prendre la tête de son propre groupe pour aller se venger des
Macassars. Après tout, ils avaient lâché sur lui leurs assassins. Sa Majesté,
tout en se préoccupant de la sécurité de Phaulkon, tenait à profiter de
l'avantage que donnaient la puissance de feu et la technique militaire des
Européens. Il ne fallait négliger aucun moyen pour combattre ces Macassars qui
n'hésitaient pas à braver la mort. Il céda donc à sa requête, en conseillant à
Phaulkon d'être prudent et en précisant que son régiment devait rester sous le
commandement suprême du général Petraja.
    Les préparatifs de l'attaque-surprise avaient commencé
juste après le crépuscule et s'étaient poursuivis pendant presque toute la
nuit. Maintenant, peu avant l'aube, le canot de Phaulkon était en embuscade
avec les autres pour se lancer à l'assaut du camp des Macassars. À son grand
étonnement, quand il avait demandé à rester dans le canot de tête pour attaquer
le camp par la rivière, le général Petraja lui avait donné son accord. L'armée
du général devait avancer sur le village du côté terre.
    Phaulkon sentit qu'on lui touchait le bras. C'était
Kukrit. L'esclave posa un doigt sur ses lèvres et lui désigna la berge.
Phaulkon se pencha et l'esclave accroupi lui chuchota quelque chose à
l'oreille, tout en prenant bien soin de garder la tête plus bas que celle de
Phaulkon et en mettant ses mains devant sa bouche pour éviter de se faire
repérer.
    « Il y a des bateaux, mon Seigneur. Là-bas. Peut-être
deux douzaines. Avec des hommes à bord : sans doute des Macassars. »
    Étonnant, se dit Phaulkon. Lui-même ne voyait ni
n'entendait rien. Mais Kukrit était extraordinaire. Il avait un sixième sens et
l'instinct d'un animal sauvage. Phaulkon se félicitait de l'avoir près de lui :
l'homme parvenait à percer l'obscurité et à repérer des objets que personne
d'autre n'était capable de distinguer. Mais que faisaient donc ces bateaux et
ces hommes sur la rivière en pleine nuit ? Il restait encore plus d'une heure
avant l'aube et même les pêcheurs les plus acharnés étaient depuis longtemps
rentrés.

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