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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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là une confrontation qui manquerait singulièrement de subtilité. Rien
qu'à les observer, il devrait pouvoir se faire une idée de la vérité. Faute de
quoi, les méthodes d'interrogatoire plus subtiles du Palat auraient tôt fait de
la découvrir. Une chose était certaine : le farang hollandais était si déterminé
à dénoncer les Anglais, persuadé que cela aboutirait à les faire tous expulser
du Siam, qu'il avait aidé à leur sauver la vie. À vrai dire, sans doute
n'auraient-ils pas survécu si ce diable à la barbe rousse ne s'était pas trouvé
sur le rivage pour diriger les opérations.
    « Kling ! » appela le mandarin. Son adjoint accroupi
arriva à quatre pattes.
    « Puissant Seigneur, la poussière de vos pieds attend vos
ordres », murmura le Palat. Il utilisait la formule prescrite pour s'adresser à
un mandarin de première classe.
    « Envoie un esclave sur le terrain de boxe. Tchai ou Wan,
un des plus fiables. Je veux un rapport sur l'état du terrain.
    — Je reçois vos ordres, Puissant Seigneur.
    — Il s'est écoulé quatre jours depuis la grande
tempête. Je veux savoir jusqu'à quel point exactement le sol est humide et
quelles sont les chances d'organiser le tournoi après-demain.
    — Je reçois vos ordres, Puissant Seigneur. » Le
Palat savait quelle importance avait le tournoi pour le seigneur de la
province. Le gouverneur adorait la boxe thaïe. Le rapport devrait être précis
et détaillé.
    « Et puis, Kling, il va me falloir une enquête fouillée
sur ces farangs. Je souhaite en particulier m'assurer de la nature précise de
la cargaison qu'ils transportaient. Je te laisserai t'occuper des détails quand
nous aurons examiné les preuves fournies par le farang hollandais. »
    Son adjoint rayonnait de plaisir. « Puissant Seigneur, je
reçois vos ordres. » Il sortit à reculons, ne voulant pas offrir au seigneur le
spectacle offensant de son arrière-train.
    5
    Le Palat entra dans la petite maison sur pilotis où
séjournait Phaulkon. Il était pieds nus, comme presque tous les Siamois. Seuls
les mandarins portaient des babouches musulmanes quand ils voyageaient. Il
salua poliment Phaulkon : une inclinaison de la tête, les mains jointes
au-dessus du front, la forme traditionnelle de salutation entre égaux.
    Phaulkon lui rendit son salut.
    « Choen, chiao », dit courtoisement le Palat.
Phaulkon prit un air étonné. Le Palat lui fit signe de le suivre. De temps en
temps, l'adjoint du gouverneur se retournait comme pour s'assurer que Phaulkon
était toujours derrière lui : le Grec avait la nette impression qu'on le
jaugeait.
    C'était l'après-midi, mais Phaulkon ne savait pas quel
jour on était : il avait perdu la notion du temps pendant lequel il avait
dormi. Il se sentait incroyablement mieux. Les herbes et les onguents avaient
fait merveille pour ses meurtrissures : il se sentait de nouveau en forme. On
lui avait donné des vêtements : un panung pour lui ceindre les reins, une
chemise de mousseline et même une tunique de cérémonie en brocart, mais il ne
savait pas très bien pour quelle occasion. À plusieurs reprises, il avait
essayé d'apercevoir les autres ou de se glisser dehors pour découvrir si les
flots avaient apporté sur le rivage quelques débris de leur navire. Mais à
chaque fois des gardes lui avaient barré le passage. On ne l'avait pas autorisé
à dépasser la petite cour herbeuse devant la maison. Il sentait que ses
compagnons n'étaient pas loin et il aurait été grossier de crier ou d'insister
: inutile de vexer ses hôtes. Il avait passé son temps à manger, à dormir et à
prendre de l'exercice.
    Il suivit le Palat par une ouverture dans l'épaisse haie
de bambous qui entourait la cour et passa dans une autre, une grande cour
rectangulaire au milieu de laquelle était planté un superbe vieux banyan. Avec
ses bordures plantées de gardénias, c'était un lieu agréable et ombragé. Il y
fut accueilli par les cris joyeux d'enfants nus qui jouaient autour du gros
arbre. La plupart portaient des bracelets d'argent aux poignets et aux
chevilles. Les plus jeunes avaient le visage recouvert d'une pâte jaune à base
de safran qui éloignait les moustiques et autres insectes. Charitablement, les
Siamois bouddhistes appliquaient aussi cette poudre sur les chiens et les chats
et il n'était pas rare de voir des enfants au visage jaune jouer avec des
animaux domestiques tout aussi jaunes qu'eux. Tous interrompirent leurs jeux
pour le dévisager :

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