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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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manifestement il représentait une distraction inédite.
    Phaulkon et son guide arrivaient maintenant dans une
partie plus animée de la propriété. Des serviteurs nu-pieds vêtus d'un pagne
allaient et venaient en s'inclinant bien bas sur leur passage. Certains se
prosternaient, d'autres se penchaient en avant comme pour défier les lois de la
gravité.
    De l'autre côté de la cour se dressait la résidence du
gouverneur, véritable palais pour les Siamois, bâti sur vingt-quatre piliers de
fondations au lieu des quatre habituels. C'était un robuste édifice de teck et
de bois de fer avec de jolis toits en gradins qui se recourbaient vers le haut
à chaque angle. Tout l'édifice était construit sur pilotis et une succession de
marches, telle une large échelle, menait à l'entrée principale, deux lourds
panneaux de teck servant de porte.
    Ils gravirent les marches et entrèrent dans une vaste
salle aux murs lambrissés, élégamment meublée de paravents japonais laqués, de
vases de porcelaine Ming, de magnifiques tapis persans et d'un grand crachoir
en cuivre. Il y eut soudain un cri de ravissement : une silhouette jaillit de
l'ombre tout au fond de la salle.
    « Thomas ! » cria Phaulkon en tendant les bras vers le
petit homme. Ivatt se précipita et se retrouva dans les bras de Phaulkon, ses
jambes entourant solidement la taille de celui-ci.
    « Thomas, dit Phaulkon, vous paraissez indemne.
    — Oh, au théâtre nous simulions des naufrages,
répondit Thomas. J'ai cru que c'était juste une répétition!
    — Étiez-vous conscient quand vous avez atteint le
rivage? Avez-vous vu ce qui s'est passé? interrogea Phaulkon.
    — Je crois malheureusement que j'étais dans un autre
monde, répondit Ivatt.
    — Moi aussi. »
    Le Palat s'était maintenant discrètement retiré et ils
étaient seuls dans la grande antichambre. Le Grec prit Ivatt par les épaules et
l'entraîna à l'autre bout de la pièce. Il s'était pris d'affection pour ce
petit homme qui, avec guère plus d'un mètre cinquante, avait à peu près la même
taille que la plupart des Siamois.
    « Faites très attention à ce que vous dites, chuchota
Phaulkon à l'oreille d'Ivatt.
    — A propos du drap, vous voulez dire ? » répondit
Ivatt sur le même ton.
    Phaulkon ne put s'empêcher de sourire.
    « À propos de tout, murmura Phaulkon. Les murs peuvent
avoir des oreilles. Avez-vous vu Richard? demanda-t-il d'un ton normal.
    — Non, mais mon esclave m'a fait comprendre par
signes qu'il y avait un géant dans les parages. Ce doit être lui.
    — Vous aussi êtes logé séparément? »
    Ivatt acquiesça. « Il n'y a que moi et mon esclave. Elle
semble s'intéresser davantage à mon anatomie qu'à toute autre chose. Et surtout
aux parties qu'on montre le moins. »
    Phaulkon se mit à rire. « J'ai eu la même expérience. Les
farangs sont manifestement une nouveauté par ici. » Il marqua un temps. « Je
pense que vous n'avez pas entendu dire si l'on avait sauvé une partie de notre
drap, non ?
    — Seulement à peu près la moitié, à ce que j'ai cru
comprendre », lança Ivatt d'un ton moqueur. Il se sen-tit aussitôt compris en
voyant pâlir Phaulkon. « Par-donnez-moi, Constant. C'est une mauvaise
plaisanterie. Je suis simplement content d'être en vie. »
    Phaulkon eut un sourire forcé. Sur ce, on entendit
clopiner au-dehors et ils se tournèrent vers la porte. La silhouette de
Burnaby, voûté et s'appuvant lourdement sur une canne en bambou, apparut sur le
seuil.
    « Richard ! » s'écrièrent-ils tous les deux en se
précipitant à sa rencontre. Il avait le pied gauche très enflé et enveloppé
dans du tissu de coton. De sa jambe émanait une forte odeur d'huile de coco.
    « Qu'est-il arrivé à votre pied? » demanda Phaulkon en
l'aidant a s'asseoir sur une pile de coussins.
    « Je crois que c'est une foulure. J'ai dû heurter un
rocher ou je ne sais quoi. Je n'ai pas un souvenir très précis des événements.
Mais, Dieu merci, nous sommes tous vivants. J'aimerais rentrer à Ayuthia pour
me faire soigner. Ces maudits médecins d'ici ont essayé d'appliquer je ne sais
quelle pommade à base de bile de vautour ou d'aigle. Heureusement, j'ai réussi
à les arrêter et à leur montrer comment on bandait une foulure.
    — Ah, comme vous dites, Richard, nous pouvons nous
estimer heureux d'être en vie et d'avoir atterri chez des hôtes aussi
accueillants. Dommage qu'aucun de nous ne parle la langue pour les remercier.
    — Qu'est-ce

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