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Le faucon du siam

Le faucon du siam

Titel: Le faucon du siam Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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que vous... ? commença Burnaby, mais
Phaulkon lui coupa la parole.
    — Il nous faudra faire de notre mieux en nous
exprimant par gestes, Richard.
    — Vous êtes devenu fou? Il faut partir de...
    — C'est drôle, l'interrompit Ivatt. Moi non plus, je
ne garde guère de souvenirs de notre petite baignade. Sauf que, bizarrement, je
m'imaginais sans cesse qu'un monstre à la barbe rousse me tendait les bras
depuis le rivage.
    — Des mains tendues? s'exclama Phaulkon. C'est ce
dont je me souviens aussi.
    — On nous a peut-être aidés à gagner la rive,
suggéra Burnaby. Vous n'êtes pas descendu voir si la mer avait ramené une
partie de notre cargaison,
    Constant ? » Lui non plus n'avait pas été autorisé à
sortir de sa chambre.
    « Non, mais je suis certain que nous avons perdu tout le
drap. Même si la marée le déposait sur le sable, il serait maintenant
invendable.
    — C'était votre idée, grommela Burnaby. Alors,
Constant, que faisons-nous?
    — D'abord, nous remercions Dieu de nous avoir gardés
en vie, répondit Phaulkon. Puis nous examinons la situation.
    — Et comment nous y prendre quand aucun de nous ne
parle la langue? demanda sèchement Burnaby.
    — Nous trouverons un moyen, Richard, dit Phaulkon
tout en s'efforçant de rester calme. Ensuite nous verrons de quelle autre façon
nous pourrons remplir le navire de Sam.
    — Avec quoi ? ricana Burnaby. Une manne tombée du
ciel? Vous allez rassembler une autre fortune en trois mois, je suppose? Je
n'aurais jamais dû vous écouter.
    — Qui est ce Sam, au fait? interrogea Ivatt. Je le
connais ?
    — Il doit être à Mergui dans trois mois. Au train où
nous allons, il va être terriblement déçu, dit Burnaby d'un ton amer. Peut-être
pourrirons-nous encore en prison à ce moment-là.
    — Mais au moins nous sommes en vie, insista Ivatt.
D'ailleurs, cet endroit me plaît. Il doit appartenir à un gros bonnet. La
maison est plantée sur plus de pilotis qu'un mille-pattes. »
    Phaulkon se mit à rire. « C'est le palais du gouverneur,
j'imagine. Sans doute un mandarin de première classe, avec peut-être huit ou
dix mille sakdina.
    — Quoi donc? s'exclama Ivatt.
    — Des marques de dignité, expliqua Phaulkon. Chaque
fonctionnaire au Siam a des marques de dignité qui correspondent à sa position.
Cela permet à chacun de savoir avec précision quelle est sa place dans la
hiérarchie.
    — Combien de marques de dignité est-ce que je
possède? demanda Ivatt.
    — Trop peu pour qu'on les compte, répliqua Phaulkon.
Et d'ailleurs, Thomas, qu'avez-vous fait de vos cheveux ? » Il remarqua pour la
première fois que la crinière de cheveux bruns et bouclés d'Ivatt brillait d'un
bel éclat.
    « Mon esclave me les a enduits d'huile et les a parfumés,
répondit-il en prenant un accent des plus snobs.
    — Vous mentez, Thomas Ivatt. Pas une Siamoise ne
toucherait la tête d'un homme, surtout pas la vôtre, rétorqua Phaulkon.
    — Pourquoi pas? fit Ivatt en riant. Elle a touché
tout le reste. Qu'est-ce qu'elle a de mal, d'ailleurs, ma tête ? Elle n'est pas
aussi chauve que celle de Richard.
    — C'est votre extrémité sacrée, répliqua Phaulkon.
    — Vraiment? Je l'aurais située ailleurs. »
    Même Burnaby esquissa un sourire.
    Quiconque écoute cette conversation, songea
    Phaulkon, ne va guère en savoir plus long sur nos
intentions.
    « Croyez-vous que nous allons rencontrer le gouverneur?
Et, dans ce cas, comment s'adresse-t-on à lui? reprit Ivatt.
    — Vous ne vous adressez pas à lui. Vous vous
prosternez et vous restez silencieux.
    — Il n'a pas de nom ?
    — On connaît les fonctionnaires par leur titre, pas
par leur nom.
    — Comment alors peut-on distinguer un homme de son
prédécesseur? insista Ivatt.
    — Justement. Le système empêche de susciter des
héros — à part le roi, évidemment. Par exemple, on oublie aussi vite la
personnalité que les exploits d'un Barcalon quand tous ceux qui l'ont précédé
ou suivi portent le même nom que lui.
    — Vous devriez plutôt dire que le système les
dissuade de se faire une réputation, railla Ivatt.
    — Pourquoi, après tous ces jours, nous a-t-on réunis
pour la première fois? demanda Burnaby se tournant vers Phaulkon comme s'il
pouvait répondre.
    — Nos hôtes sont manifestement pleins de
consi-dération et ils nous laissent d'abord le temps de nous remettre avant de
rencontrer le gouverneur, répondit Phaulkon.
    — À quelle heure doit avoir lieu la

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