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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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de vous ici, Hugh.
    — Et mon épouse a besoin de moi à Leighton ! Vous m’avez donné votre parole, Sire, vous, Édouard d’Angleterre, dont la devise est « Ma parole est mon honneur ».
    — C’est vrai... quelquefois...
    Le roi, l’air las, prit sa cape sur le dos d’une chaise et se la passa vivement autour des épaules.
    — ... et d’autres fois, non.
    — Nous aimerions tous retrouver femme et foyer ! s’exclama John de Warrenne en lançant à Corbett un regard de sanglier furieux.
    Au fond de lui-même, le comte n’avait jamais compris pourquoi Édouard tolérait pareille franchise de la part du clerc. Ce dernier se mordit la langue, refrénant l’envie de rétorquer que s’il avait eu une épouse comme celle du comte, il aurait également passé le plus clair de son temps loin d’elle. Il s’adressa au roi.
    — Quand pourrais-je prendre congé, Sire ?
    Le monarque pinça les lèvres.
    — A la mi-avril. Vers la Saint-Alphège, je vous le promets. En attendant, enchaîna-t-il en gagnant le seuil à grandes enjambées et en appelant Warrenne d’un claquement de doigts, j’exige que ces faux-monnayeurs soient démasqués. Je vous demande de surveiller les templiers. Lisez également la centaine de pétitions que m’ont adressées les bons bourgeois d’York. Vous ne serez pas trop de deux pour les étudier, vous et votre gredin de clerc, ce Ranulf aux yeux pers.
    Le roi s’interrompit, la main sur la clenche.
    — Oh ! pour montrer que je ne porte pas rancune à Jacques de Molay, allez chez le marchand de vin, le maître tavernier Hubert Seagrave qui tient l’auberge la plus importante d’York, près de Coppergate. Demandez-lui un tonnelet de son meilleur bordeaux et demain, après que j’aurai prêté serment, emportez-le à Framlingham : ce sera mon présent au grand maître.
    Corbett se retourna.
    — Partirez-vous en croisade, Sire ?
    Édouard lui opposa un regard candide.
    — Bien sûr, Hugh. J’ai donné ma parole. Une fois les affaires d’Angleterre réglées, vous, moi, John de Warrenne et tous les autres, nous irons à Jérusalem.
    En gloussant doucement, il sortit majestueusement de la salle, suivi lourdement par le comte de Surrey. Corbett se leva en soupirant. Il scruta le réfectoire, contemplant l’immense crucifix noir accroché au mur du fond et les riches couleurs du triptyque sur la cheminée. Puis il alla à la fenêtre et jeta un coup d’oeil à la cour en contrebas. Les soldats avaient incité deux mendiants aveugles à s’affronter en duel avec des épées de bois. Battant l’air de leurs semblants d’armes, les miséreux, hirsutes et dépenaillés, se tournaient autour d’un pas hésitant et se frappaient en vacillant. De temps à autre, le cercle des gardes les repoussait dans l’arène avec de gros rires.
    « Cela ne vous a-t-il pas suffi ? murmura Corbett pour lui-même. N’avez-vous pas vu assez d’avilissement et de bains de sang dans les marches d’Écosse ? »
    Il s’assit sur le coussiège. Depuis la fin janvier, le roi était resté dans les comtés du Nord pour lancer de brèves expéditions au-delà de la frontière. Il espérait ainsi capturer William Wallace, l’insaisissable chef écossais, ou du moins le forcer à l’affronter en bataille rangée. Corbett avait le coeur soulevé en y repensant. Hameaux et villages réduits en débris calcinés et fumants, cadavres gisant dans des mares dé sang sur la bruyère brisée et humide, colonnes de fumée grise, odeur de mort et de décomposition, potences courbées sous le poids des pendus, nus comme des vers, vaches et moutons massacrés, carcasses gonflées empoisonnant puits et ruisseaux... une région entière engloutie dans l’océan de feu allumé par Édouard qui, en se retirant, avait voulu tout raser derrière lui.
    Corbett aspirait à revenir auprès de Maeve et d’Aliénor, non seulement parce qu’il se languissait d’elles, mais aussi parce qu’il était atterré par la résolution implacable du roi qui voulait mettre les Écossais à genoux, par la subtilité et la complexité des intrigues de cour, par l’arrogance des nobles, tel le comte de Surrey, qui se croyaient maîtres de la terre et considéraient que leur prochain était né pour les servir.
    Les deux mendiants pleuraient à présent. Corbett fut tenté de se désintéresser de leur sort, mais il se ravisa et ouvrit la croisée à la volée.
    — Arrêtez ça ! hurla-t-il.
    Un soldat faillit

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